Turkménistan : inauguration du TAPI, gazoduc stratégique avec Inde, Pakistan et Afghanistan

Décidément, les choses bougent énormément actuellement autour des gazoducs. Tant et si bien qu’on pourrait véritablement parler de guerres des pipelines.

Dimanche, c’était au tour des dirigeants du Turkménistan, de l’Afghanistan, du Pakistan et de l’Inde d’inaugurer lors d’une cérémonie qui se tenait dans le désert turkmène, un gazoduc devant relier l’Asie centrale au sous-continent indien.

A cette occasion, le président du Turkménistan Gourbangouli Berdimoukhamedov a qualifié d’ »événement historique« , le lancement du projet du gazoduc Tapi (Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde).

Rappelons que les prémices de ce pipeline datent des années 1990, mais le projet aura souffert et souffre toujours de l’instabilité en Afghanistan.  Après des années de tergiversations, une société d’Etat turkmène vient d’être désignée pour diriger ce projet de dix milliards de dollars.

A l’heure actuelle, le gouvernement espère que le gazoduc de 1.800 kilomètres de long et d’une capacité annuelle de 33 milliards de mètres cubes sera pleinement opérationnel d’ici à la fin de 2018.

L’objectif est de relier les champs gaziers du Turkménistan au Pakistan et à l’Inde, deux marchés émergents énergivores, en transitant par l’Afghanistan, en partie contrôlées par les talibans.

Le projet Tapi est également une occasion majeure pour le Turkménistan de diversifier ses exportations et de s’affranchir de la Chine, dont il dépend pour la majorité de ses ventes de gaz.

Autre information de taille et non des moindres : le président Berdimoukhamedov a également annoncé le début de la troisième phase du développement du gisement gazier de Galkynysh, lequel alimentera le pipeline.

La prochaine phase de développement de ce gigantesque gisement gazier sera effectuée par un consortium de compagnies originaires du Japon, de la Turquie et du Turkménistan.

Fin octobre 2015, les Japonais ont en effet signé des contrats avec des entités turkmènes pour 18 milliards de dollars, notamment dans le domaine énergétique, et plus précisément dans le domaine gazier et chimique.

Parmi les documents signés figurent notamment un accord cadre entre le groupe public Turkmengaz et les sociétés japonaises JGC Corporation, Mitsubishi Corporation, Chiyoda Corporation et Sojitz Corporation sur l’exploitation du gisement gazier Galkynych au Turkménistan, ainsi qu’un contrat avec la société japonaise Sumimoto sur la construction d’une centrale électrique d’une puissance de 432 mégawatt.

Le projet est ouvert aux compagnies étrangères, avait affirmé en août dernier le président turkmène Gourbangouli Berdimoukhamedov. Ajoutant que des compagnies japonaises et sud-coréennes pourraient participer à la construction du gazoduc et appelant des compagnies turques à investir dans le projet.

Un soudain empressement de la part du Turkménistan directement lié à ses craintes de voir rapidement l’Iran approvisionner en gaz le sous-continent indien, si l’on en croit des sources proches du dossier. D’où son intérêt à finaliser la signature de contrats avec les Japonais …

En effet, dans le cadre du projet de corridor économique sino-pakistanais visant à relier l’ouest de la Chine au Moyen-Orient via le Pakistan, Pékin finance actuellement la construction d’un gazoduc reliant la ville de Nawabshah au port pakistanais en eaux profondes de Gwadar, situé sur la mer d’Arabie, près de l’Iran.

Une fois ce gazoduc achevé, le Pakistan « n’aura plus qu’à le prolonger sur 80 kilomètres » pour gagner l’Iran à l’ouest, et pourrait à plus long terme l’allonger au nord-est jusqu’à la Chine, a tenu récemment à préciser  le ministre pakistanais du Pétrole, Shahid Khaqan Abbas. Faisant très certainement jouer la « concurrence » …

Elisabeth Studer – 14 décembre 2015 – www.leblogfinance.com

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