Un million d’emplois: Gattaz, ex patron du Medef, avait raison

Rira bien qui rira le dernier ! Ce proverbe doit trotter dans la tête de Pierre Gattaz, ex-président du Medef (2013-2018), qui a été moqué depuis 2014, date à laquelle il a lancé le pin’s jaune  » un million d’emplois « . Ce slogan, mal compris et mal reçu par l’opinion publique, a été un boulet qu’il a traîné tout le long de son mandat. Un peu comme François Hollande qui s’est engagé à la même période à inverser la courbe du chômage. Tous les deux ont été raillés jusque dans leur propre camp pour avoir commis l’impair d’afficher un objectif chiffré sur l’emploi alors que l’économie hexagonale n’était pas encore remise du choc de la crise financière de 2008.

Il faut dire qu’en 2014, les créations d’emploi dans le privé sont au plus bas : de 2011 à fin 2013, l’économie a détruit 10.000 jobs. Ce qui n’a pas empêché Pierre Gattaz de marteler un même message pendant cinq ans : si la France veut créer des emplois, elle doit se réformer pour devenir compétitive. D’ailleurs, ses proches collaborateurs n’ont cessé de rappeler que ce pin’s n’était pas une promesse mais le symbole des propositions du Medef pour relancer la job machine française. Fiscalité, marché du travail, dépenses publiques… Elles sont résumées dans un livre programmatique, intitulé Un million d’emplois… C’est possible !

Cinq ans plus tard, l’histoire donne-t-elle raison à Pierre Gattaz ? Presque ! Selon l’Insee, entre début 2014 et le premier trimestre 2019, la job machine française a bien créé près d’un million d’emplois ! Ce qui lui vaut les louanges de son successeur Geoffroy Roux de Bézieux : « Pierre Gattaz ne s’était pas trompé : entre début 2015 et mi 2019, les entreprises privées ont créé pas moins de 936.000 emplois ». Un bel hommage sachant que le nouveau patron des patrons fait tout pour faire oublier le « Medef de combat » de son prédécesseur. Autre satisfaction pour Pierre Gattaz : les jobs créés ne sont pas précaires. En effet, selon l’Acoss, la caisse nationale du réseau des Ursaff, le taux de recrutement en contrat à durée indéterminé a grimpé de 14,5% en 2017.

 « Nous avons gagné le combat des idées »

Concrètement, plusieurs facteurs expliquent le dynamisme du marché du travail. D’abord, la croissance a été au rendez-vous ces dernières années : le produit intérieur brut a augmenté de 1,2 % en 2016, de 2,2 % en 2017, puis de 1,7 % en 2018. Cette conjoncture économique a permis aux entreprises de redresser leurs marges et de remplir leurs carnets de commandes, ce qui les a poussées à embaucher. Autre explication : les politiques de l’offre (Pacte de responsabilité, CICE, prime à l’embauche) mises en place à partir de fin 2014 par François Hollande. Toujours selon l’Insee, « les mesures économiques destinées sous le précédent quinquennat à » inverser la courbe du chômage « ont de 2013 à 2017 […] directement enrichi la croissance d’environ 300.000 emplois. » Seul bémol, l’ensemble de ce dispositif probusiness, en partie soufflé par le Medef de Pierre Gattaz, a coûté aux caisses de l’Etat quelque 50 milliards d’euros : 30 milliards de baisses de cotisation pour les entreprises, 20 milliards pour le CICE et 1,9 milliard pour la prime à l’embauche.

Quoi qu’il en soit, pour l’ex-président de l’organisation du Medef, c’est une revanche. « Ce que nous avons surtout réussi, c’est d’avoir réhabilité l’entreprise et l’entrepreneuriat. Nous avons gagné le combat des idées », s’est-il félicité dans les colonnes du Figaro. Présent à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), organisé les 28 et 29 août à l’hippodrome de Longchamp par son successeur Geoffroy Roux de Bézieux, il n’a en revanche pas arboré son pin’s jaune sur le revers de sa veste.

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