USA 2012-Chine, commerce: ce qui sépare Obama et Romney

Les relations commerciales tendues entre les Etats-Unis et la Chine ont constitué l’un des grands thèmes de la campagne présidentielle aux Etats-Unis, Barack Obama défendant les avancées de ces dernières années tandis que Mitt Romney promettait de durcir le ton s’il emportait l’élection du 6 novembre.

Voici un comparatif des positions des deux candidats sur la Chine et plusieurs grands dossiers touchant au commerce international:

LES RELATIONS USA-CHINE

Le déficit commercial américain avec la Chine n’a cessé d’augmenter depuis plus de 25 ans, quelle que soit la couleur politique du locataire de la Maison blanche, passant de six millions de dollars en 1985 à 295 milliards (230 milliards d’euros) en 2011. Une envolée qui reflète à la fois l’essor de la Chine et le poids déterminant de la consommation dans l’économie américaine.

Les Etats-Unis ont à ce jour déposé 15 plaintes contre la Chine devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Huit l’on été par l’administration Obama depuis janvier 2009 et les sept autres au cours des deux mandats de George W. Bush.

Mitt Romney reproche au président sortant de ne pas avoir contesté assez fermement les pratiques commerciales jugées déloyales de Pékin et il s’est engagé, s’il était élu, à user simultanément de la menace de sanctions commerciales américaines et d’actions coordonnées avec les alliés de Washington pour contraindre la Chine à respecter les règles internationales.

LE YUAN

La politique de changes de la Chine constitue depuis plusieurs années l’un des principaux points de friction des relations sino-américaines.

De nombreux parlementaires et chefs d’entreprises américains accusent Pékin de sous-évaluer délibérément sa monnaie, le yuan-renminbi, pour favoriser les entreprises chinoises à l’exportation.

Barack Obama a déçu nombre de ses partisans en refusant à sept reprises de reprocher formellement à la Chine de manipuler sa devise dans le rapport semestriel du Trésor sur les changes, alors qu’il avait lui-même critiqué George W. Bush pour avoir procédé de même.

L’administration Obama a opté pour la pression diplomatique en appelant régulièrement les autorités chinoises à laisser le yuan s’apprécier, et elle peut aujourd’hui se targuer d’un certain succès: le Peterson Institute of International Economics estimait en mai que le yuan était sous-évalué de 7,7% face au dollar, alors qu’il le jugeait sous-évalué de 31,5% en juillet 2008.

Mitt Romney a promis de qualifier la Chine de manipulateur de devise dès le premier jour de sa présidence et il a reproché au camp Obama d’avoir reporté la publication du dernier rapport du Trésor, prévue initialement le 15 octobre.

Le candidat républicain a aussi déclaré qu’il autoriserait des taxes à l’importation sur les produits chinois pour compenser la sous-évaluation du yuan, une option que l’administration Obama a étudiée et rejetée.

LE « FAST TRACK »

Cette procédure législative, officiellement dénommée « Trade Promotion Authority », permet à la Maison blanche de négocier des accords commerciaux bilatéraux puis de les soumettre au Congrès en privant celui-ci de son pouvoir d’amendement et en l’obligeant à se prononcer sur le texte dans un délai de 90 jours.

Une telle procédure est censée encourager les partenaires commerciaux des Etats-Unis à leur faire des concessions pour obtenir un accord.

L’administration Bush avait utilisé le « fast track » pour conclure des accords avec 16 pays d’Amérique latine, du Moyen-Orient ou d’Asie-Pacifique avant l’expiration de la procédure en juin 2007. Barack Obama n’a pas cherché à la renouveler, son administration expliquant vouloir attendre « le moment approprié », qui pourrait être 2013 selon certains observateurs.

Mitt Romney a déclaré qu’il demanderait le renouvellement du « fast track » dès son arrivée à la présidence pour négocier de nouveaux accords, notamment en Amérique du Sud.

LES ACCORDS COMMERCIAUX BILATÉRAUX ET MULTILATÉRAUX

Barack Obama a obtenu depuis début 2009 la ratification d’accords négociés par l’administration Bush avec la Corée du Sud, la Colombie et Panama, non sans les avoir modifiés dans un sens jugé plus acceptable par le camp démocrate.

Il a également défendu les négociations du « Partenariat transpacifique », une autre initiative de George W. Bush, qui vise à libéraliser les relations commerciales entre les Etats-Unis et 10 pays, parmi lesquels l’Australie, le Vietnam, la Malaisie ou encore Singapour et le Mexique.

La décision d’ouvrir ou non des négociations comparables avec l’Union européenne est attendue d’ici la fin de l’année.

Mitt Romney promet de poursuivre l’initiative du Partenariat transpacifique, de rechercher un accord avec l’UE et d’étudier la possibilité d’accords commerciaux avec l’Inde et le Brésil.

Il a également proposé la création d’une « Zone économique Reagan », un vaste accord de libre-échange qui inclurait tous les pays disposés à ouvrir leurs marchés davantage encore que requis par l’OMC.

LES DISCUSSIONS COMMERCIALES MULTILATÉRALES

De nombreux pays en développement espéraient de Barack Obama qu’il relance les négociations commerciales globales dites du « cycle de Doha » lancées fin 2001 et déjà enlisées depuis plusieurs années lors de son élection.

Mais le démocrate a repris la position défendue par l’équipe Bush en réclamant aux grands pays émergents (Chine, Inde et Brésil notamment) une baisse de leurs droits de douane et une ouverture accrue de leurs marchés.

Les discussions de Doha ont été pratiquement absentes de la campagne cette année mais les Etats-Unis et une vingtaine d’autres pays de l’OMC étudient la possibilité de négocier un accord sur les services, une initiative qui ne devrait pas être remise en cause quelle que soit l’issue du scrutin de mardi. (Marc Angrand pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)