Vaccin Covid: ces stratégies à l'étranger que la France pourrait copier

= »https://www.challenges.fr/monde/europe/coronavirus-les-britanniques-se-preparent-a-deployer-le-vaccin-pfizer_740735″ target= »_blank »>Grande-Bretagne, le Canada et les Etats-Unis ont entamé depuis quelques jours leurs campagnes de vaccination contre le Covid-19, le Premier ministre Jean Castex a exposé mercredi 16 décembre, devant les députés, la stratégie du gouvernement. Un exercice délicat, tant la défiance de la population envers ces vaccins développés en un temps record est écrasante en France. Près de 50% des Français disent ne pas vouloir se faire vacciner contre le coronavirus, selon différents sondages menés ces dernières semaines. Or, sur les deux premières phases de vaccination, qui s’échelonneront de « la dernière semaine de décembre » à la fin du printemps, lorsque celle-ci sera ouverte « à l’ensemble de la population », le gouvernement espère déjà vacciner environ 15 millions de Français. Et pour enrayer l’épidémie, il faudrait vacciner entre 60 et 70% de la population française, soit entre 40 et 47 millions de personnes… « Transparence », « confiance », « rigueur de la science », Jean Castex et Olivier Véran, le ministre de la Santé, n’ont pas lésiné sur les éléments de langage rassurants dans l’espoir de convaincre les Français de ne pas « rater le virage » des vaccins.

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« À présent, pour faire de la campagne vaccinale une réussite, l’ensemble des acteurs et des citoyens doivent pouvoir se sentir écoutés et impliqués dans une entreprise qui requiert la mobilisation de chacun », commentent Nicolas Bauquet, directeur délégué à la recherche et à la transformation publique, et Laure Millet, responsable du programme Santé de l’Institut Montaigne. Le think tank publie ce jeudi une note dans laquelle il livre ses orientations pour « restaurer la confiance ». Il a, pour ce faire, jeté un œil au-delà des frontières hexagonales pour dénicher des exemples jugés « particulièrement pertinents » et « efficaces » dont la France ferait bien de s’inspirer. Des stratégies qui lui permettraient d’ »agir rapidement mais aussi de relever le pari de la confiance des citoyens dans le vaccin ».

Rôle central des médecins généralistes Outre-Manche

Au Royaume-Uni, par exemple, l’Institut Montaigne relève que les médecins généralistes (les General Practitionner ou GP) sont au cœur de la stratégie vaccinale. Concrètement, le Primary Care Network (PCN), réseau des acteurs des premiers soins, a été sollicité pour établir une liste des cabinets médicaux volontaires pour administrer les premières doses de vaccins. A la condition de répondre à plusieurs critères, notamment sur les conditions de conservation des vaccins, la sécurité du site ou encore les capacités de collecte de données. Les sites retenus par le National Health Service (NHS), le service britannique de la santé, seront mobilisés « sept jours sur sept, y compris les jours fériés, entre 8h et 20h », et les médecins devront réaliser « un minimum de 975 vaccinations par semaine ».

Dans le contexte de méfiance en France, les syndicats de médecins, au premier rang desquels MG France, insistent sur le rôle incontournable du médecin traitant dans la campagne vaccinale. Tous ont en tête l’échec cuisant de la vaccination contre la grippe H1N1 en 2008-2009. La vaccination fait encore les frais de la politique de « vaccinodromes » dégainée par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé. « On avait ouvert des centres de vaccination collective géants, dans des halls sportifs et autres grosses structures, dont avaient été exclus les médecins libéraux », a récemment rappelé à Challenges le Dr Bertrand Legrand, médecin généraliste à Tourcoing et secrétaire général de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). A l’Assemblée, Jean Castex a assuré qu’une consultation médicale sera proposée en amont de l’acte de vaccination qui « n’aura pas lieu sans que le consentement éclairé ait pu être exprimé ».

Coopération avec des entreprises privées aux Etats-Unis

Au-delà du médecin traitant, les syndicats des professionnels de santé libéraux réclament que tous les « acteurs de terrain » soient parties prenantes dans la campagne. En clair, l’Etat doit donner aux élus locaux les clés pour organiser la stratégie de vaccination localement. « Dans de très nombreux territoires, élus locaux et professionnels de santé ont appris à travailler ensemble depuis mars et su mettre en place des dispositifs de tests ou de vaccination contre la grippe adaptés aux besoins de leurs concitoyens. Cette expérience commune est précieuse pour la phase qui s’ouvre. L’Etat a tout intérêt à faire confiance à ces partenariats déjà opérationnels », écrivent dans un communiqué commun l’Association des maires de France (AMF) les syndicats de professionnels de santé de ville MG France, CSMF, SML, FMF, USPO, FSPF, FNI et Sniil. Pour l’Institut Montaigne, « l’exemple le plus intéressant de répartition stricte des rôles entre pouvoir central et local est certainement celui de l’Allemagne », où le plan de vaccination dévoilé fin octobre prévoit que l’Etat gère l’approvisionnement et le stockage des vaccins, quand les Länder devront gérer l’utilisation de ces doses et l’organisation opérationnelle de la vaccination.

Côté coopération, les Etats-Unis brassent plus large encore, puisque certains acteurs privés sont également impliqués dans le dispositif. Parmi eux, une quinzaine de groupes de distribution pharmaceutique et des grandes surfaces qui ont des rayons de pharmacie (CVS, Walgreens, Walmart Stores, Costco…) pourront transformer leurs locaux en centres de vaccination. Ainsi, selon l’Institut Montaigne, « les autorités de santé décupleront leurs relais de distribution sur les territoires et, par conséquent, amélioreront leurs chances d’atteindre les objectifs d’immunisation et de couverture géographique ». Les entreprises négocieront leur approvisionnement avec les autorités et devront, en outre, récolter et leur transmettre les données qui pourront être utiles au suivi épidémiologique.

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