Vente des Hospices de Beaune: un nouveau record pour la pièce phare malgré la crise

Malgré les crises sanitaire et économique, la 160e vente des Hospices de Beaune (Côte d’Or) a établi dimanche un nouveau record avec une « pièce de charité » vendue à un Chinois 780.000 euros, un montant inégalé dont le produit ira entièrement aux hospitaliers victimes du Covid-19.

« Dans le monde entier, les hospitaliers ont laissé leur santé et parfois leur vie pour nous. Aux Hospices civils de Beaune, près de 100 professionnels ont été contaminés et l’un d’entre eux, Marie-Cécile, n’est plus là », a lancé François Poher, directeur des Hospices, dans un discours-préambule aux plus anciennes enchères caritatives de vin au monde, entamées vers 14H00.

« Aujourd’hui, vous êtes là pour eux », a-t-il ajouté, avant que le chanteur Marc Lavoine, parrain des enchères intervenant en visioconférence, ne déclare les enchères « officiellement ouvertes », déclenchant une succession de chiffres et de coups de marteau.

Après quelques heures d’adjudications, la « pièce de charité », (un fût de 228 litres soit 288 bouteilles), dont la vente était destinée aux hospitaliers affectés par le Covid, était adjugée 780.000 euros, pulvérisant le précédent record de 2015 (480.000 euros), franchi après les attentats à Paris.

« On aimerait rendre hommage à tous les soignants, en France et dans le monde, qui luttent jour et nuit contre cette épidémie », a déclaré l’acheteur, un Chinois qui a voulu conserver l’anonymat et avait donné mandat à la maison Bichot, traditionnellement le premier acheteur de la vente. « On va surmonter cette épreuve humaine », a ajouté l’acheteur chinois sous un concert d’applaudissements.

Pour pousser les enchères, Marc Lavoine avait accepté de donner une guitare au vainqueur de l’enchère et de déjeuner avec lui. « Les soignants que nous avons applaudis au printemps, je ne les oublie pas », avait-il déclaré.

« C’est avec beaucoup d’émotion que je souhaite remercier chaleureusement les généreux acheteurs et donateurs de la célèbre pièce de charité » qui a atteint un montant « historique », a réagi Frédéric valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

« 55.000 agents hospitaliers ont été touchés par le virus mais ce chiffre est largement sous-évalué. 18 sont morts, mais c’est également sous-évalué », avait indiqué peu avant la vente Denis Valzer, administrateur du Comité de gestion des œuvres sociales (CGOS) des établissements hospitaliers publics, chargé de distribuer le produit de la vente de la pièce de charité.

Six cent trente fûts étaient mis aux enchères et le résultat total de la vente ne devait pas être connu avant tard dans la soirée. Mais le surprenant record a balayé les craintes des Hospices de voir la vente ternie par la crise et les atermoiements concernant sa tenue.

Face à la commissaire priseur Cécile Verdier, les rangs étaient en effet clairsemés dans les Halles de Beaune. Initialement prévue le 15 novembre, puis suspendue, à nouveau autorisée et enfin reportée à ce dimanche, la vente est certes une miraculée du Covid-19 mais les règles de distanciation ont limité à 171 le nombre des acheteurs présents sur place, contre 600 habituellement.

Environ 140 acheteurs étaient cependant connectés par téléphone ou internet et une trentaine d’autres ont signé des enchères écrites, précise Aline Sylla-Wallbaum, directrice générale du pôle Luxe chez Christie’s, qui organisait la vente. « L’un dans l’autre, la participation est bonne », a-t-elle affirmé.

L’an dernier, les enchères avaient totalisé 12 millions d’euros (sans les frais). L’ensemble des fonds, outre le produit de la « pièce de charité » qui va traditionnellement à une oeuvre caritative séparée, sert à financer les investissements et travaux en cours de l’hôpital d’un millier de lits géré par les Hospices, une institution fondée en 1443 pour venir en aide aux « pauvres malades ».

Une raison d’être philanthropique largement confirmée par l’actuelle pandémie. « Le contexte sanitaire donne à cette vente une portée symbolique sans précédent », souligne ainsi François Poher, directeur des Hospices civils de Beaune.

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