Vers une guerre de la tomate entre Maroc et Union européenne ?

Voilà une information dont la presse européenne se garde bien de faire la publicité, la presse marocaine prévoyant quant à elle une tempête à venir.

Alors que vendredi dernier, les professionnels marocains du secteur agricole avaient manifesté près du siège de la délégation de l’Union européenne (UE) à Rabat, protestant contre l’adoption finale par les instances européennes d’un acte délégué, prévoyant notamment la modification du régime des prix d’accès aux marchés de l’UE des fruits et légumes marocains, le Maroc n’a pu obtenir gain de cause .Bruxelles ayant adopté lundi la réforme de sa politique agricole commune (PAC) pour une mise en place dès octobre 2014.

En fin de semaine dernière, le ministre de l’Agriculture, déjà, Aziz Akhannouch avait dénoncé « une démarche aussi étonnante qu’incompréhensible de la part du partenaire historique, tel que l’Union européenne ». Le ministre avait alors ajouté que c’était « une relation de confiance et de partenariat durable qui »  était « mise à mal ».

Mais désormais, le Chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, demande à l’UE de « trouver rapidement des solutions pour préserver les acquis contractuels du Maroc
et maintenir les flux des exportations de fruits et légumes » marocains. Sous peine de l’émergence d’un conflit politique et économique entre les deux protagonistes.

Selon le Maroc, via sa démarche unilatérale, l’UE enfreint l’article 20 de l’accord agricole bilatéral, qui veut que la partie qui souhaite modifier sa politique en informe à l’avance le Comité d’association. D’après Rabat, l’UE viole ainsi ses engagements vis-à-vis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le Premier Ministre s’alarme tout particulièrement des conséquences des mesures prises par Bruxelles « sur une filière marocaine et sur des opérateurs qui, avec un partenariat aussi important avec l’UE, ont investi et cru en des débouchés sérieux ». Précisons que le projet de réforme de l’organisation des marchés consiste à introduire des restrictions sur les modes de dédouanement des produits agricoles marocains soumis à l’entrée des marchés européens.

En fin de semaine dernière, le Premier ministre marocain avait convoqué l’ambassadeur de l’UE, Rupert Joy. Le ministre marocain de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi,avait indiqué pour sa part que cette décision pourrait engendrer des « retombées catastrophiques sur les conditions d’accès des producteurs de fruits et légumes marocains, notamment la tomate, aux marchés européens ». Selon lui, l’adoption finale de cet acte entraînerait un important recul des exportations de la tomate, « voire l’effondrement de ce créneau, avec les importantes répercussions sociales et économiques éventuelles qu’elle risque de provoquer, notamment en termes de perte emplois ».

En octobre 2012, l ’entrée en vigueur de l’accord agricole entre les deux parties avait suscité beaucoup d’espoir des professionnels marocains, lesquels avaient alors massivement investi pour maximiser leur profit sur ce marché à fort potentiel.

Mais désormais, la réforme de la PAC tend à modifier le régime d’accès des fruits et légumes des pays tiers, dont le Maroc, sur le marché de l’Union. Mettant notamment en péril la tomate marocaine.

Le directeur général de la Direction Agriculture de la Commission européenne, Jerzy Plewa, a d’ores et déjà annoncé qu’il sera au Maroc le 23 avril prochain en vue de s’entretenir du dossier. Assurant par ailleurs que le royaume chérifien ne serait pas concerné par les changements apportés à la PAC. Affirmation que la presse marocaine souhaite voir suivi d’effets concrets.

Sources : Presse Marocaine

Elisabeth Studer – 15 avril 2014 – www.leblogfinance.com


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