Viande de cheval : un médicament interdit pour l’alimentation humaine en vente chez Auchan-Portugal

On n’a pas fini de parler du côté très peu chevaleresque de notre alimentation. Si l’on tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et du cheval pour du boeuf, l’impact sanitaire n’était – jusqu’à présent – quasi-nul, la viande d’équidé étant même mise en avant il y a peu de temps encore pour ses qualités nutritionnelles. Ne disait-on pas de quelqu’un plein d’énergie qu’il avait mangé du cheval ?
Mais désormais, les choses deviennent plus sérieuses, puisqu’un anti-inflammatoire interdit dans le cadre d’animaux destinés à l’alimentation humaine a été retrouvé dans des produits vendus au Portugal par Auchan.

L’Association de défense des consommateurs (Deco) a ainsi affirmé jeudi qu’un médicament de ce type – le phénylbutazone – avait été détecté dans des échantillons de hamburgers Auchan et de boulettes de viande Polegar (la marque de produits à bas prix de Auchan) vendus au Portugal, lesquels, selon une première analyse, contenaient de l’ADN de cheval.

Deco ajoutant que le cas pouvait impliquer un risque pour la santé publique dans la mesure où l’utilisation de ce type de médicaments pour des animaux destinés à la consommation humaine est illégale. Rappelons à cette occasion que la phénylbutazone est un anti-douleur fréquemment prescrit pour les chevaux mais proscrit dans l’alimentation humaine.

Lundi, la principale association de défense des consommateurs au Portugal avait annoncé que ces produits Auchan contenaient des traces de viande de cheval non déclarée.

La filiale portugaise d’Auchan a par la suite confirmé que ces produits avaient été retirés de la vente le 22 février, des analyses effectuées par le groupe français ayant également révélé la présence de viande chevaline.

Auchan Portugal a tenu à préciser que le dossier ne concernait qu’un fournisseur portugais qui n’approvisionnait que la branche portugaise du groupe et que, par précaution, tout les produits ayant cette origine avaient été retirés.

Le 23 février dernier, le ministère de l’Agriculture avait indiqué pour sa part que trois des six carcasses de cheval envoyées du Royaume-Uni vers la France et qui contenaient des traces de phénylbutazone avaient été écoulées sur le marché de la viande et étaient « probablement » entrées dans la chaîne alimentaire. Si l’alerte des autorités sanitaires britanniques lancée à la mi-février avait permis d’identifier et de détruire trois carcasses arrivées en France en début de mois, elle était toutefois intervenue trop tardivement pour les trois premières.

« Sur ces carcasses, il y avait des traces extrêmement faibles de phénylbutazone. Il n’y a pas de risque pour la santé« , avait alors déclaré le ministre, Stéphane Le Foll, interrogé en marge de l’inauguration du Salon de l’agriculture à Paris.  » L’affaire n’a aucun lien avec le scandale de la viande de cheval camouflée en « bœuf » avait-il ajouté.

Il y a quelques semaines, l’hebdomadaire belge Moustique affirmait pour sa part que des centaines de chevaux malades ou traités aux hormones avaient atterri dans les assiettes des consommateurs . Une fraude sur les documents (passeports et cartes à puce) ayant permis de déjouer les contrôles mis en œuvre en vue d’écarter les équidés impropres à la consommation.
Conduire un cheval à l’équarrissage coûte une centaine d’euros à l’éleveur, tandis que le revendre à un abattoir lui rapporte de 600 à 800 euros, soulignait alors l’hebdomadaire. Pointant ainsi du doigt les « arguments » financiers pris en compte par les propriétaires des animaux.

Si l’on pouvait déjà s’interroger sur les conséquences de la course à la rentabilité qui touche actuellement le monde dit civilisé, course conduisant certains à utiliser toutes les ruses ou presque pour augmenter leur marge, l’on doit désormais redouter que les limites ne soient repoussées un peu plus un peu plus chaque jour.
Car si pour accroître ses profits, l’humain était prêt hier à mettre de côté légalité, loyauté et honnêteté, aujourd’hui c’est de la santé de ses congénères dont il se moque éperdument … Si nous n’y prenons pas garde, demain c’est de l’éthique et de l’espèce humaine dont il se jouera.

Sources : AFP, Moustique, L’essentiel.lu

Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com –  07 mars 2013 –


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