Wall Street: La Fed ralentit le rythme de rachat d’actifs

Les futures sur le Dow se sont orientés à la hausse à minuit. Ils progressaient très légèrement pendant toute la nuit et toute la matinée et ce jusqu’à l’ouverture du marché américain. Les indices, eux, bondissaient au début de cotation. Mais à 16h15 ils ont commencé à reculer. Après avoir atteint 15 851 points vers 19h15, le Dow et les autres indices ont commencé à rebondir. A 20h00, lorsque le communiqué de presse du FOMC a été publié, la volatilité s’est envolée. Le Dow Jones a chuté de 99 points en une minute. Mais à partir de 20h01 l’indice phare est reparti très vivement à la hausse. Les indices grimpaient tout au long de la conférence de presse de Ben Bernanke et ce jusqu’à la clôture du marché. Au final, le Dow Jones a terminé en hausse de 292,71 points ou 1,84% à 16 167,97 points. Parmi les plus grands gagnants de l’indice figurent 3M (+3,36%), ExxonMobil (+2,88%) et JPMorgan (+2,73%). Le seul perdant a été Boeing (-0,29%). 

Le S&P500 a bondi de 29,65 points ou 1,66% à 1 810,65 points. Le Nasdaq a progressé de 46,38 points ou 1,15% à 4 070,06 points. Le Russell 2 000 a avancé de 1,28%.

Ce mercredi les indices ont clôturé bien dans le vert après la publication de la décision du comité de la politique monétaire de la Fed de ralentir le rythme de rachat d’actifs (bons du Trésor et actifs adossés aux créances hypothécaires) qui passera de $ 85 milliards par mois actuellement à $ 75 milliards par mois dès janvier. Cette décision a été largement anticipée par les investisseurs. Les analystes s’attendaient à ce que la réduction de QE sera de $ 10 milliards par mois. Mais la grande surprise a été la guidance du taux directeur de la Réserve Fédérale. En effet, la Fed a souligné que le niveau exceptionnellement bas du taux de fed funds (0% – 0,25%) sera approprié pendant une période prolongée du temps après la baisse du taux de chômage au-dessous de 6,5%. Ainsi, en « resserrant » d’un côté, la Fed a accommodé de l’autre, ce qui peut paraître paradoxal. Toutefois, Ben Bernanke a expliqué lors de sa dernière conférence de presse en tant que président de la Fed que les rachats d’actifs ont toujours été considérés comme un outil secondaire de la politique monétaire par la Réserve Fédérale, le taux de fed funds étant son principal outil. Par ailleurs, même si le taux de chômage est un des meilleurs indicateurs de la santé de l’économie, il y a d’autres facteurs qu’il faut prendre en compte, notamment la situation sur le marché immobilier et le taux de participation à la population active. Ainsi, la Fed a rassuré le marché que la réduction de QE ne signifie pas la fin de soutien à l’économie américaine, le taux d’intérêt restant à leur niveau actuel pendant encore longtemps. Les préoccupations sur la taille du bilan et donc sur la marge de manœuvre réduite de la Réserve Fédérale ont joué un rôle très important dans la décision du FOMC de ralentir le rythme de rachat d’actifs. Le taux d’inflation anormalement bas a été bien discuté lors de la conférence de presse de Ben Bernanke qui a signalé que la Fed serait prête à utiliser tous les outils appropriés, y compris, le relèvement de QE, si le taux d’inflation ne revient pas vers 2% et continue à reculer. Ce sont ces inquiétudes qui ont poussé le FOMC à affirmer la nécessité du taux de fed funds si bas, en l’espoir de relever le taux d’inflation actuel et/ou les anticipations d’inflation à plus long terme.

Le ralentissement du rythme de rachat d’actifs a été perçu par les investisseurs comme un signal positif. Si la Fed réduit le QE, cela signifie qu’elle est confiante dans la reprise économique et dans ses perspectives. Les déclarations concernant le taux directeur ont rassuré les opérateurs que le soutien de la Réserve Fédérale ne disparaîtra bientôt. Dans ce contexte, tous les secteurs ont terminé dans le territoire positif, menés par le secteur de la santé, celui de la finance et celui des services aux consommateurs. Le secteur industriel n’a pas été négativement impacté par le renforcement logique du dollar par rapport aux devises majeures. Les matières premières, elles, ont terminé en ordre dispersé. Le pétrole WTI a bondi, tiré vers le haut par la baisse des stocks hebdomadaires pétroliers qui est ressortie au-dessous des attentes. Les métaux comme l’or, l’argent et le cuivre, ont cédé du terrain, tirés vers le bas par l’appréciation du dollar et plus généralement par la décision de la Fed. Les obligations d’état américain à cinq, dix et trente ans ont légèrement reculé. Ainsi, le taux obligataire à dix ans s’est inscrit en baisse de 42 points de base par rapport à mardi à 2,883%. Toutefois, leurs replis ont été bien limités.

Le sentiment des investisseurs a été bien positif ce mercredi. Toutefois, cela ne garantit pas que jeudi et vendredi les indices continueront leur progression. La correction après une hausse aussi importante ne serait pas étonnante.

Extraits de communiqué de presse du FOMC

L’information reçue depuis la dernière réunion du FOMC en octobre indique que l’activité économique croît au rythme modéré. Les conditions sur le marché du travail se sont améliorées, le taux de chômage a reculé, mais reste élevé. Les dépenses des ménages et l’investissement fixe d’entreprises ont avancé tandis que la reprise du marché immobilier s’est légèrement ralentie au cours des mois récents. La politique budgétaire freine la croissance économique même si son impact négatif pourrait être en train de diminuer. L’inflation a été au-dessous de l’objectif de long terme du comité, mais les anticipations d’inflation à long terme sont restées stables.

Conformément à son mandat, le comité cherche à promouvoir le plein emploi et la stabilité de prix. Le comité anticipe qu’avec la politique accommodante appropriée la croissance économique se renforcera et le taux de chômage diminuera graduellement. Le comité trouve que les risques à l’économie et au marché de l’emploi sont devenus plus équilibrés.

Compte tenu du progrès cumulé vers l’emploi plein et l’amélioration des perspectives du marché de l’emploi, le Comité a décidé de ralentir modestement le rythme de rachat d’actifs. A partir de janvier 2014, le comité rachètera $ 35 milliards par mois d’actifs adossés aux créances hypothécaires contre $ 40 milliards auparavant et $ 40 milliards par mois de bons du Trésor à long terme contre $ 45 milliards antérieurement. La détention importante et toujours croissante des actifs à long terme devrait maintenir la pression baissière sur les taux d’intérêt à long terme, soutenir le marché hypothécaire et contribuer à rendre les conditions financières générales plus accommodantes.

Si l’information reçue renforce l’anticipation du comité de l’amélioration continue du marché de l’emploi et du rebond du taux d’inflation vers l’objectif de long terme, le comité réduira probablement le rythme de rachat d’actifs graduellement au cours de ses prochaines réunions. Toutefois, les rachats d’actifs ne suivent pas un calendrier prédéterminé et les décisions du comité concernant leur rythme dépendent des anticipations du comité de la situation sur le marché de l’emploi et du taux d’inflation ainsi que de l’estimation de l’efficacité et des coûts de tels rachats.

Pour soutenir le progrès continu vers le plein emploi et la stabilité de prix, le comité a aujourd’hui réaffirmé son opinion que la politique monétaire hautement accommodante restera appropriée pendant une période considérable de temps après la fin du programme de rachat d’actifs. Le comité a également réaffirmé son anticipation que le niveau exceptionnellement bas du taux de fed funds de 0% à 0,25% sera approprié tant que le taux de chômage reste au-dessus de 6,5% et que l’anticipation du taux d’inflation à un et deux ans est de 2,5% maximum et que les anticipations d’inflation à plus long terme restent bien ancrées.

Le comité anticipe maintenant qu’il sera probablement approprié de maintenir la fourchette actuelle du taux de fed funds bien après que le taux de chômage descende au-dessous de 6,5%, surtout si les prévisions du taux d’inflation restent inférieures à 2%.

Tous les membres du FOMC ont voté pour cette décision, à l’exception notable d’Eric Rosengren, le président de la Fed de Boston, qui croit qu’avec le taux de chômage qui reste élevé et avec le taux d’inflation aussi bas, les changements dans le programme de rachat d’actifs sont prématurés tant que l’information reçue n’indique pas clairement que la croissance économique reste durable et soutenue. 

Les prévisions macroéconomiques des membres du FOMC

Les membres du FOMC ont resserré leurs prévisions du taux de croissance du PIB américain pour 2013, anticipant désormais qu’il se situera entre 2,2% et 2,3% contre la fourchette annoncée en septembre allant de 2,0% – 2,3%. Pour 2014 ils anticipent que le taux de croissance sera compris entre 2,8% et 3,2% contre l’estimation antérieure allant de 2,9% à 3,1%. Pour 2015 les membres du FOMC estiment que le taux de croissance s’établira entre 3% et 3,4% contre la fourchette précédente allant de 3% à 3,5%.

En ce qui concerne les prévisions du taux de chômage, elles ont été revues à la baisse pour cette année. Désormais les membres du FOMC s’attendent au taux de chômage compris entre 7% et 7,1% contre la fourchette annoncée en septembre allant de 7,1% – 7,3%. Pour 2014 ils estiment que le taux de chômage se situera entre 6,3% et 6,6% contre l’anticipation antérieure allant de 6,4% à 6,8%. Pour 2015 ils tablent sur le taux de chômage compris entre 5,8% et 6,1% contre la prévision précédente de 5,9% – 6,2%.

Quant au taux d’inflation, il est prévu dans la fourchette de 0,9% à 1% cette année contre l’anticipation antérieure de 1,1% – 1,2%. Pour 2014 les membres du FOMC estiment qu’il sera compris entre 1,4% et 1,6% contre la prévision de 1,3% – 1,8% annoncée en septembre. Pour 2015 le taux d’inflation est prévu entre 1,5% et 2% contre l’estimation précédente allant de 1,6% à 2%.

Les statistiques du jour

L’indice de la Mortgage Bankers Association a reculé de 5,5% lors de la semaine achevée le 13 décembre. Le sous-indice de refinancement s’est replié de 4,3% tandis que celui des prêts hypothécaires a chuté de 6,1%. Le taux fixe hypothécaire à trente ans a été en moyenne de 4,62% la semaine dernière, en hausse de 1 point de base par rapport à la semaine précédente.

D’après le département américain du commerce, les mises en chantier de logements aux Etats-Unis en novembre sont ressorties en rythme annualisé à 1,09 millions d’unités tandis que les analystes tablaient sur 950 000 unités après 890 000 unités en octobre (chiffre révisé). Ainsi, mes mises en chantier se sont envolées de 22,4% en novembre par rapport au mois précédent, affichant la plus forte croissance depuis 1990. Les permis de construire se sont établis à 1,01 million d’unités en rythme annualisé le mois dernier alors que les analystes misaient sur 990 000 unités après 1,04 million en octobre.

Selon le département américain de l’énergie, les stocks commerciaux du pétrole brut, hors réserve stratégique, ont reculé de 2,9 millions de barils lors de la semaine close au 13 décembre, tandis que les analystes anticipaient une baisse de 2,7 millions de barils. Les stocks d’essence ont augmenté de 1,3 million de barils alors que les experts prévoyaient une hausse de 1,8 million de barils.

Les entreprises à la loupe

Jabil Circuit a chuté de 20,54% ce mercredi suite à l’annonce de ses résultats trimestriels. Le bénéfice par action hors éléments exceptionnels du spécialiste des circuits électroniques est ressorti à $ 0,51 contre le consensus de $ 0,54. Le bénéfice net a été de $ 0,57 après $ 0,51 un an plus tôt. Son chiffre d’affaires est resté stable en glissement annuel à $ 4,6 milliards. Le groupe anticipe que son BPA du trimestre en cours sera compris entre $ 0,05 et $ 0,15 contre les attentes de $ 0,52. Son chiffre d’affaires devrait se situer entre $ 3,5 et $ 3,7 milliards alors que les analystes l’estimaient à $ 4,3 milliards. Par ailleurs, Jabil Circuit a déclaré qu’il allait céder ses services après-vente à iQor Holdings Inc pour $ 725 millions, afin de se concentrer sur ses activités d’ingénierie et de production.

Lennar a progressé de 6,34% aujourd’hui après la publication de ses résultats trimestriels. Le bénéfice par action du promoteur immobilier s’est établi à $ 0,73 contre les attentes de $ 0,62 et après $ 0,56 il y a un an. Son chiffre d’affaires s’est envolé de 42% en glissement annuel à $ 1,92 milliard alors que les analystes misaient sur $ 1,88 milliard. Les nouvelles commandes ont totalisé 4 498 maisons, en hausse de 13% par rapport à la même période un an plus tôt. Le prix moyen d’une maison vendue a augmenté de 18% en glissement annuel à $ 307 000.

General Mills a grimpé de 0,3% ce mercredi suite à la présentation de ses résultats trimestriels. Le bénéfice par action hors éléments exceptionnels du groupe s’est élevé à $ 0,83 contre les anticipations de $ 0,87 et après $ 0,86 il y a un an. Son chiffre d’affaires a atteint $ 4,88 milliards alors que les analystes tablaient sur $ 4,95 milliards. Le groupe a maintenu ses prévisions du BPA annuel, estimant qu’il sera compris entre $ 2,87 et $ 2,90.

FedEx a bondi de 0,45% aujourd’hui après avoir dévoilé ses résultats trimestriels. Le bénéfice par action du géant des livraisons, considéré comme un baromètre de l’économie américaine, est ressorti à $ 1,57 contre le consensus de $ 1,64 et après $ 1,39 un an plus tôt. Son chiffre d’affaires a augmenté de 3% en glissement annuel à $ 11,4 milliards tandis que le marché s’attendait à $ 11,43 milliards. Désormais le groupe anticipe que son BPA annuel enregistrera la croissance de 8% à 14% en glissement annuel.

CVS Caremark a avancé de 4,31% ce mercredi. Le groupe a annoncé anticiper le BPA ajusté compris entre $ 4,36 et $ 4,50 lors du trimestre en cours. Par ailleurs, le géant américain de distribution pharmaceutique a relevé son dividende trimestriel de 22% à $ 0,275 par action. En outre, son conseil d’administration a autorisé un nouveau programme de rachat d’actions pour $ 6 milliards.

Ford Motor a plongé de 6,29% aujourd’hui. Le constructeur automobile a annoncé qu’il prévoyait une baisse de sa marge opérationnelle et de ses bénéfices avant impôts en 2014. Malgré cela, Ford s’attend à ce que 2013 soit l’une de ses meilleures années d’un point de vue financier. Le bénéfice annuel avant imposition est anticipé à $ 8,5 milliards cette année. Le groupe prévoit la croissance de 10% de son chiffre d’affaires et la progression de ses parts de marché hormis Europe. Le cash flow devrait s’améliorer par rapport à l’an dernier. Ford table également sur une année 2014 solide avec un nombre record de lancements de véhicules.

Demain

14h30 : Inscriptions hebdomadaires au chômage

16h : Indice «Philly» de la Fed de Philadelphie

16h : Ventes de logements existants


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