Yamal LNG : 2eme unité dans l’arctique russe

Yamal LNG :  2eme unité dans l’arctique russe

Et de deux ! Les actionnaires du méga projet énergétique de Yamal ont indiqué jeudi qu’une deuxième unité avait débuté sa production de gaz naturel liquéfié (GNL ou LNG) sur cette péninsule de l’arctique russe.

Première production de GNL pour la 2eme unité

S’exprimant dans le cadre de communiqués distincts, le russe Novatek et le français Total, actionnaires à respectivement 50,1% et 20% du projet Yamal LNG, ont indiqué que cette deuxième ligne de traitement et de liquéfaction du gaz – sur les trois prévus – avait produit sa première cargaison de GNL.

Cerise sur le gâteau : l’opération est en avance sur le calendrier. Selon Novatek, son lancement a en effet eu lieu avec six mois d’avance sur le calendrier initial.

La nouvelle est d’importance, ce deuxième train de production dotant l’usine d’une capacité supplémentaire de 5,5 millions de tonnes de GNL par an, la capacité globale atteignant désormais 11 millions de tonnes.

Enfonçant le clou, Leonid Mikhelson, président de Novatek a tenu à préciser qu’il s’agissait de près de 3,5% du marché mondial du GNL, ce ratio lui permettant de qualifier Yamal de “projet significatif“.

Ce projet vise à exploiter plus de 4 milliards de barils équivalent pétrole de réserves gazières. Pour ce faire, ce sont plus de 200 puits qui ont été forés et trois trains de liquéfaction d’une capacité de 5,5 millions de tonnes chacun qui ont été construits.
Le projet Yamal LNG compte également des actionnaires chinois (CNPC pour 20% et Silk Road Fund pour 9,9%). En décembre dernier, il avait été inauguré en grandes pompes par le président russe Vladimir Poutine.

3eme train en 2019

Selon un autre actionnaire, Total, un troisième train devrait démarrer “début 2019″, en vue de porter la capacité totale à 16,5 millions de tonnes de GNL par an. Leonid Mikhelson a précisé à cet égard qu’il devrait ainsi être également “lancé significativement en avance sur le calendrier initial”.
Selon Total, toute la production de GNL est vendue à des clients européens et asiatiques, via des contrats de 15 à 20 ans. Le projet constitue un enjeu majeur pour la Russie, qui espère devenir à terme l’un des premiers producteurs mondiaux de gaz naturel liquéfié.

A une trentaine de kilomètres du site, Novatek doit lancer un deuxième projet baptisé Arctic LNG 2, dans lequel Total compte prendre 10%.

Nouveau concept : méthanier brise-glace

Pour acheminer le GNL dans ces conditions extrêmes, Total et ses partenaires ont conçu un navire d’un nouveau genre : le méthanier brise-glace. Une solution qui permet d’assurer le transport de GNL tout au long de l’année et sans l’assistance de brise-glace. Long de 300 m, ce bateau d’une capacité de 172 600 m³ peut naviguer dans des glaces atteignant jusqu’à 2,1 m d’épaisseur. Quinze méthaniers brise-glace seront progressivement mis en service d’ici 2019 : le méthanier « Christophe de Margerie » est le premier d’entre eux.

Une nouvelle route pour “déverrouiller l’accès” aux ressources de l’Arctique ….

Pour « déverrouiller l’accès » – selon les termes mêmes de Total – aux immenses ressources gazières de l’Arctique russe, Yamal LNG inaugure une nouvelle grande route de transport maritime de GNL.
La route du Nord permet en effet de rejoindre l’Asie en 15 jours par le détroit de Béring contre 30 jours pour la voie traditionnelle, par le canal de Suez. Ce trajet est réalisable entre mai et novembre, lorsque les conditions de glace le permettent. Et ce via le recours aux méthaniers brise-glace.

Cette route est cruciale pour Novatek et Total : elle conditionne la rentabilité de ce gigantesque projet en Sibérie.
Ironie du sort : alors que la consommation de gaz et de pétrole est directement responsable du changement climatique, la fonte de la banquise qui résulte de ces modifications facilite désormais le transport d’hydrocarbures à travers l’Arctique …

Reste que face à de tels parcours et une telle implantation aux fins fonds de la Russie, les défenseurs de l’environnement expriment des craintes pour la biodiversité, notamment pour les réserves de poissons.

Sources : AFP, Novatek, Total, Le Monde

Elisabeth Studer – 12 août 2018 – www.leblogfinance.com

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