Groupe Casino en difficulté : vers une vente de parts dans Assai pour sauver l’entreprise ?

Le distributeur, qui multiplie les cessions d’actifs depuis plusieurs mois, réfléchit à céder encore une partie du capital d’Assai.

Alors que les taux d’intérêt ne cessent de grimper, le groupe Casino poursuit sa course au désendettement. Et il pourrait encore vendre des parts dans le distributeur brésilien Assai pour se renflouer. En Bourse, la nouvelle ne suscite pas vraiment l’enthousiasme des investisseurs, l’action dévissant de 8,57% ce mercredi vers 11h.

Mardi soir, le distributeur stéphanois a ainsi annoncé réfléchir à céder à nouveau des parts dans Assai pour environ 600 millions de dollars. Un montant « qui pourrait, le cas échéant, être augmenté en fonction des conditions de marché ». « Aucune décision définitive n’a été prise sur ce projet d’opération qui prendrait la forme d’un placement secondaire », précise encore le communiqué.

Le groupe détient actuellement 30,5% du capital du distributeur brésilien. Casino avait déjà cédé en décembre 10,44% du capital de ce spécialiste des ventes en gros pour les professionnels et particuliers coté à São Paulo et à New York. À l’époque, l’opération lui avait permis de récupérer 490,8 millions d’euros.

Pression des banques

Mis sous pression par ses créanciers, Casino accélère ses cessions d’actifs. En octobre dernier, Casino avait vendu sa filiale d’énergies renouvelables GreenYellow, récupérant via cette opération déjà 600 millions d’euros.

Casino s’est engagé dans un vaste de plan de cessions d’actifs jugés « non stratégiques » depuis 2018, qui doit lui permettre d’engranger 4,5 milliards d’euros. À l’origine, ce plan devait être terminé en mars 2021, mais cette échéance a été repoussée avec la pandémie à « au plus tard fin 2023 ». Mais les créanciers de Casino sont inquiets et s’impatientent.

Ses principales banques (Crédit Agricole, BNP Paribas et Natixis) réclament aussi un recentrage sur la France, comme le dévoilait BFM Business en octobre dernier. Elles poussent ainsi pour vendre les activités du groupe au Brésil, en Colombie et en Uruguay. Celles-ci étaient valorisées environ 2,5 milliards d’euros, avant la vente d’une partie des actions d’Assai en décembre.

Une dette qui continue de grossir

Malgré un plan de cession désormais quasiment bouclé, Casino a énormément de mal à réduire sa dette. La restructuration du groupe et la cascade de holdings mise en place par Jean-Charles Naouri semble de plus en plus inévitable. Au 30 septembre dernier, la dette financière brute du groupe s’élevait à 9,8 milliards d’euros (pour un groupe qui génère 33,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et 2,5 milliards d’euros d’Ebitda sur 12 mois au 30 septembre dernier, les résultats annuels n’ayant pas encore été totalement publiés). Un an plus tôt (fin septembre 2021), la dette financière brute était de 8,75 milliards d’euros.

En parallèle, la société disposait de 1,92 milliard d’euros de trésorerie fin septembre 2022, contre 1,72 milliard d’euros fin septembre 2021. Soit une dette nette de 7,9 milliards d’euros fin septembre dernier, contre 7,03 milliards d’euros fin septembre 2021.

Par ailleurs, deux actionnaires minoritaires de Casino ont porté plainte en février auprès du parquet national financier (PNF), accusant la direction du groupe de manipulations financières et boursières. Ils reprochent notamment à Jean-Charles Naouri d’avoir facturé « des prestations de services à toutes les filiales du groupe » via la société Euris, détenue par ce dernier. L’un des actionnaires soupçonne que « les prestations facturées ne soient qu’un moyen déguisé de faire remonter des liquidités qui bénéficient in fine à Jean-Charles Naouri via le paiement de dividendes ».

En Bourse, le groupe accuse un repli de 10,86% depuis janvier et ne pèse plus que 940 millions d’euros. En 5 ans, le groupe (qui détient notamment Monoprix, Franprix et Cdiscount) a perdu plus de 80% de sa valeur.