Afrique du Sud / énergie : le Congrès National Africain nie tout arrangement avec Hitachi

La guerre énergétique ou plus exactement du juteux marché associé a de nouveau frappé …. le contexte économique sud-africain devenant un terrain de choix pour les prédateurs.

Alors que le gendarme boursier américain (SEC) vient d’accuser l’Afrique du Sud d’avoir touché des pots de vin de la part du groupe japonais Hitachi en vue de favoriser la construction de turbines par la partie nippone, le Congrès National Africain (ANC), au pouvoir dans le pays, a catégoriquement rejeté mardi les allégations de la SEC.

« L’ANC est catégorique sur le fait que le parti n’a pas été impliqué ni même approché pour répondre à quoique ce soit en lien avec les charges retenues contre Hitachi », a ainsi affirmé dans un communiqué Zweli Mkhize, le trésorier général du parti.

Des propos qui interviennent alors que lundi, Hitachi a accepté de payer 19 millions de dollars pour mettre fin à l’enquête du gendarme boursier américain, lequel estime que les versements effectués auprès de l’ANC n’ont pas été correctement identifiés au regard de la loi anti-corruption US.
A noter que ces accusations se fondent sur la vente par Hitachi de 25% d’une de ses filiales, à la fin des années 2000, à une entreprise, Chancellor House, contrôlée par l’ANC. Opération intervenue alors que le groupe japonais tentait de décrocher un contrat pour la construction de deux centrales thermiques pour un montant total de deux milliards de dollars. Cette filiale, et à travers elle, l’ANC, ont ainsi pu bénéficier de versements liés au contrat décroché par Hitachi, sous la forme de primes et de dividendes.

Au final, la SEC estime que le gouvernement sud-africain a été juge et partie dans les appels d’offre  destinés à développer la production énergétique du pays. De son côté, Zweli Mkhize estime que l’ANC n’a pas été impliquée dans la transaction entre Hitachi et Chancellor House.

Mamatho Netsianda, le directeur exécutif de Chancellor House s’est quant à lui montré surpris des charges retenues par la SEC. Il considère que c’est Hitachi et non sa filiale qui est ainsi mis en cause, le groupe japonais ayant racheté en 2014, par l’intermédiaire de sa filiale européenne, les 25% cédés auparavant à Chancellor House.

Simple hasard de calendrier ? Permettez moi d’en douter …. Rappelons que ces accusations interviennent alors que l’Afrique du Sud est confrontée à une grave crise énergétique, laquelle a des répercussions majeures sur son économie et notamment ses activités – énergivores – de production minières … et qu’un nouvel espoir pourrait apparaître à l’horizon. Un rapport du cabinet McKinsey récemment publié estime en effet que l’exploitation de gaz naturel pourrait constituer une solution efficace pour faire face à ce problème. De quoi inquiéter des puissances occidentales soucieuses à la fois de vendre leur technologies industrielles et de tirer partie de nouvelles ressources en hydrocarbures. De là à mettre des bâtons dans les roues à certains concurrents voire à exercer quelques pressions sur les acheteurs potentiels, il ne pourrait y avoir qu’un pas facilement franchi …

L’Afrique du Sud va être en effet confrontée à un véritable déficit dans l’approvisionnement d’énergie après 2020. A l’heure actuelle, l’économie la plus industrialisée d’Afrique s’appuie quasi exclusivement sur le charbon pour sa production d’électricité, elle prévoit toutefois de diversifier son approvisionnement, via l’énergie nucléaire notamment. Pour les mois qui viennent, McKinsey prévoit une aggravation des coupures de courant dans le pays. Raisons incriminées : la hausse de la demande et la vétusté des centrales à charbon.

L’enjeu du dossier est de taille alors que les régulières coupures de courant affectent particulièrement les secteurs miniers et manufacturiers sud-africains, entraînant une contraction de la croissance de 1,3% au deuxième trimestre 2015, faisant redouter à certains l’émergence d’une récession dans le pays.  Il s’agit du taux le plus faible de croissance enregistré en Afrique du Sud depuis la récession de 2009.

Il y a quelques semaines à peine, le président sud-africain, Jacob Zuma, a rompu son silence au sujet de cette situation économique, en estimant que « le pays est malade ».

A noter enfin que le Congrès National Africain (ANC) s’est récemment attiré les foudres de l’opposition, laquelle voit d’un très mauvais œil son projet de construction de centrales nucléaires pour un coût de 100 milliards de dollars. Le montant est jugé excessivement élevé au moment où le pays vit au rythme d’une grave crise économique.

Sources : AFP, Le Monde, MAP

Elisabeth Studer – 29 septembre 2015 – www.leblogfinance.com


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