Algérie : exportations de gaz et de pétrole en chute de 6,8 %, la diversification devient urgente

Voilà qui ne va apaiser pas le climat en Algérie alors que la paix sociale est largement financée par la manne pétrolière.

Le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) a annoncé lundi que les exportations algériennes d’hydrocarbures ont chuté de 6,81% au premier trimestre 2014 comparé à la même période en 2013. Une baisse d’autant plus préoccupante qu’elle se trouve être en valeur et non en volume.

Selon les estimations du Cnis, les exportations de pétrole et de gaz ont généré 15,70 milliards de dollars au 1er trimestre 2014, contre 16,85 milliards au 1er trimestre 2013.

Autre élément inquiétant, l’avantage pouvant rapidement tourner en inconvénient  : selon l’organisme, les hydrocarbures continuent de représenter l’essentiel des exportations algériennes, représentant 95,59% du volume global. Une situation qui pourrait se révéler critique à moyen terme pour le budget national, alors la manne pétrolière tend à diminuer.

En février dernier, Nordine Aït Laoussine, ancien PDG de Sonatrach et ex-ministre de l’énergie a déclaré que les exportations de gaz algériennes n’avaient pas dépassé les 45 milliards de m3 en 2013.

Si l’attaque terroriste contre le site gazier de Tigantourine le 16 janvier 2013, a certes entraîné une perte de capacité à exporter de 8 milliards de m3., la production avait d’ores et déjà entamé une tendance baissière auparavant. Le pic de la production gazière a en effet été atteint en 2005 avec 65 milliards de m3.

La production de pétrole n’est pas en meilleure posture, les découvertes ne portant plus que sur de petits gisements. Abdelmadjid Attar, également ancien PDG de Sonatrach, affirme même qu’en l’absence d’efforts substantiels dans l’exploration et d’efficacité énergétique, l’Algérie pourrait ne plus être en mesure d’honorer ses engagements à l’export d’ici à 2030.

Certains spécialistes affirment quant à eux que l’exploitation du gaz de schiste ne permettrait pas de solutionner le problème, considérant cette énergie alternative ne ferait au mieux que ralentir la perte des quantités de gaz conventionnel des prochaines années.

Si l’on fait abstraction des hydrocarbures, les exportations restent faibles, même si la progression de plus de 15% enregistrée durant les trois premiers mois de 2014, pour une valeur globale de 725 millions dollars est encourageante.

Parallèlement, l’Algérie a vu son excédent commercial se réduire au premier trimestre, à 2,6 milliards de dollars contre 3,36 milliards USD lors du 1er trimestre 2013. A noter que les importations ont reculé de 2,03%, à 13,83 mds USD.

Durant les trois premiers mois de l’année, les cinq principaux clients de l’Algérie auront été l’Espagne (2,24 mds), l’Italie (2,18 mds USD), la France (1,96 md USD), la Grande-Bretagne (1,61 md USD) et les Pays-Bas (1,52 md USD).

S’agissant des fournisseurs, la Chine avec 1,87 md USD demeure en haut du podium devant la France (1,67 md), suivie de l’Italie (1,26 md), de l’Espagne (1,21 md) et l’Allemagne (810 millions usd).

Rappelons en effet que l’Empire du Milieu est devenu en 2013 le principal partenaire de l’Algérie, reléguant la France à la seconde place.

Autre ombre au tableau : la consommation énergétique du pays explose, les prix bas permettant aux Algériens de satisfaire leurs besoins.

Jusqu’à présent, le gouvernement algérien n’ose pas relever les prix de l’électricité et des carburants, en vue de préserver la paix sociale. Mais jusqu’à quand ?

Selon le Programme des Nations unies pour le développement, l’Algérie fait partie des pays où le prix de l’énergie est le plus bas au monde.

Sources : AFP, APS, Le Monde

Elisabeth Studer – 21 avril 2014 – www.leblogfinance.com

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