Analyse et Stratégie : Cholet Dupont anticipe une reprise économique à relativement brève échéance

Vincent Guenzi, stratégiste de Cholet Dupont, estime que l’ampleur de la récession due aux confinements en place pourrait dépasser celle de la crise de 2008. « L’activité est totalement arrêtée dans de nombreux secteurs, l’économie tourne aux 2/3 de son potentiel et la perte moyenne de PIB peut être estimée entre 2 et 4% par mois (3%pour la France selon l’Insee). Selon la durée du confinement et la vitesse de la reprise de l’activité, la récession pourrait atteindre jusqu’à 5% aux Etats-Unis ou en Europe. Les pays émergents subiraient un choc aussi fort mais afficheraient quand même une croissance positive sur l’année, notamment en Chine. Mais les conséquences de cette récession seraient beaucoup plus limitées dans le temps qu’en 2008. En effet, les réactions des gouvernements et des banques centrales ont été beaucoup plus rapides et d’une échelle sans précédent. Le profil de la reprise économique (V, U, L, W … !) dépendra de l’efficacité de ces mesures et de l’évolution de l’épidémie. Les prévisions en sont rendues particulièrement difficiles et les doivent être considérées avec beaucoup de retenue. »

Cet expert estime que les mesures prises suffiront si la durée du confinement de dépassait pas 2 mois. « Les Etats devraient alors augmenter leur soutien, ce qu’ils feront. » Mais, même avec un confinement de 6 à 8 semaines, il est difficile de prévoir la vitesse de la reprise économique, car les consommateurs pourraient rester prudents un certain temps. Les incertitudes vont donc rester nombreuses. Dans ces conditions les marchés ont-ils atteint leur point bas et la capitulation a-t-elle eu lieu ? « Dans une certaine mesure, on peut le penser au vu des volumes échangés, des désengagements opérés par les gestionnaires de stratégies spéculatives et d’un pessimisme devenu manifeste. C’est pour cette raison que les marchés ont enregistré un fort rebond. »

Une baisse des résultats insuffisamment prise en compte

Toutefois, Vincent Guenzi remarque que les analystes financiers n’ont pas suffisamment abaissé leurs prévisions bénéficiaires. Ils ne l’ont fait que d’environ 10% alors que la récession attendue devrait provoquer un recul de 30% à 40%. Dans ces conditions, la valorisation des actions n’a pas retrouvé son plancher de 2009. « En résumé, les prévisions boursières à court terme restent particulièrement hasardeuses, d’autant que la volatilité des indices boursiers a juste commencé à baisser. En revanche, nous restons convaincus que la reprise économique interviendra à relativement brève échéance et que 2021 marquera un rebond sensible de l’activité. Nous conseillons donc de profiter des sursauts de volatilité qui interviendront et des retours en arrière des indices ou des valeurs, pour compléter les investissements en actions dans une optique à moyen terme. » Vincent Guenzi a toutefois abaissé à 5.000 points son objectif sur le Cac 40 pour fin juin et à 2.900 points celui sur le S&P 500.

C’est pourquoi cet expert reste neutre à court terme sur les actions, avec toutefois une légère augmentation de 49,5% à 51,2% du taux d’investissement. Il les surpondère pour le moyen terme, avec un accent mis sur les titres américains, européens et asiatiques hors Japon. Dans le domaine obligataire, les emprunts d’Etat européens non AAA, les obligations privées américaines et européennes bien notées ainsi que le haut rendement du Vieux Continent sont surpondérés au détriment des emprunts d’Etat européens les mieux notés. A moyen terme, la dette émergente est privilégiée alors que les emprunts d’Etat américains et européens notés AAA sont sous-pondérés.

L’avis d’Investir

Nous partageons cette analyse et préconisons également des renforcements sur les actions en cas de baisse, avec des premiers achats dans l’hypothèse d’un Cac 40 de retour en dessous de 4.000 points. Nous sommes aussi positifs sur la dette émergente et le haut rendement européen en raison de marges de crédit redevenues attrayantes.


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