Analyse et Stratégie : Le tacle de Bank of America aux banques centrales

Le jugement de Bank of America (BofA) est sévère, mais juste. « Nous constatons de plus en plus que l’assouplissement de la politique monétaire dans le contexte actuel soutient davantage les prix des actifs que l’économie réelle. Cela augmente les risques de bulles, l’ajustement éventuel conduisant à une aggravation de l’économie – la faute à Greenspan », écrit-elle.

Au cours des dernières semaines, peut-être sous l’impulsion de Donald Trump, qui a le tweet assassin facile, les critiques formulées à l’encontre des banques centrales se sont multipliées, parfois même, de manière surprenante, de la part des banquiers centraux eux-mêmes. Ainsi dans le Financial Times, le président de la Fed de St. Louis, James Bullard, a fait un aveu stupéfiant, indiquant que la Réserve fédérale n’a plus aucune idée de ce qui se passe. « Il se passe quelque chose, qui fait… que nous devons repenser totalement la banque centrale et les notions qui nous sont chères sur ce que nous pensons faire… On doit arrêter de penser que l’année prochaine les choses seront normales. »

Des risques mondiaux accrus

BofA, qui recommande, dans une note, d’acheter de l’or – l’actif refuge par excellence –, met en garde contre le fait que « les politiques monétaires ultra-accommodantes ont conduit à des distorsions entre les différentes classes d’actifs […] et qu’elles ont stoppé les mécanismes de renouvellement et d’ajustement économique en maintenant, par exemple, des acteurs économiques qui auraient normalement dû disparaître. »

« Les risques mondiaux se sont accrus, mais la politique monétaire n’est peut-être pas le meilleur moyen d’y faire face dans certains cas. Les risques auxquels la politique monétaire tente de faire face sont principalement attribuables à des échecs dans d’autres domaines, et il est peu probable, à notre avis, qu’un assouplissement plus marqué puisse les compenser », écrit BofA. Parmi ces risques figurent, sans surprise, les tensions commerciales, les limites du modèle de croissance allemand axé sur les exportations et l’incapacité du pays à mettre en œuvre des mesures de relance budgétaire, les risques politiques et budgétaires en Italie, ainsi que le Brexit sans accord. « Nous craignons que l’assouplissement de la politique monétaire ne permette à de telles erreurs de politique monétaire de se poursuivre, voire de s’aggraver », pointe la banque d’affaires américaines.


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