Analyses et opinions : Une élection à quatre tours

Et si le scrutin décisif ne se déroulait pas les 23 avril et 7 mai, mais les 11 et 18 juin ?

Depuis l’adoption du quinquennat et la synchronisation du rythme de la présidentielle et des législatives, ces dernières étaient devenues une formalité. Fort de sa victoire toute fraîche, le nouveau président voyait sa légitimité confortée par le résultat de législatives qui lui apportait une majorité à l’Assemblée nationale. La mécanique semblait bien huilée.

Mais la tournure totalement inédite que prennent ces élections 2017, avec quatre candidats au coude-à-coude, a des chances de venir gripper le système et de déboucher sur une absence de majorité parlementaire. D’autant qu’un seul de ces quatre favoris, François Fillon, est issu d’un parti politique disposant déjà d’une assise électorale forte.

Le système électoral permet, en effet, à un candidat de se maintenir s’il a obtenu des suffrages représentant 12,5 % des inscrits (et non des votants) au premier tour des législatives. On peut donc imaginer, en cas de participation élevée, que des candidats Républicains, socialistes, Front national mais aussi représentant les structures plus récentes que sont En marche ! et La France Insoumise soient, selon les circonscriptions, en mesure de rester en lice au second tour… avec pour conséquence la multiplication de triangulaires, voire de quadrangulaires ou, soyons fous, de pentagulaires, à l’issue particulièrement incertaine et qui auraient pour conséquence de favoriser l’émiettement de la représentation parlementaire. Complication supplémentaire : les candidatures pour les législatives doivent, théoriquement, être déposées avant le 19 mai, ce qui laisse peu de temps pour une recomposition politique.

Alors que, jusqu’à présent, sous la Ve République, les députés se répartissaient, de façon plus ou moins nette, entre deux grands blocs, assurant une certaine stabilité politique, le nouveau président pourrait, au soir du 18 juin, se retrouver sans majorité, contraint de mettre en place une coalition plus ou moins stable.

On peut y voir un moindre mal dans l’hypothèse de l’élection d’un président aux idées extrémistes risquant de mettre en danger l’économie française. On peut aussi y voir le signe de l’affaiblissement de notre système démocratique.

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