Argentine : démenti sur une aide économique éventuelle du Brésil

Le ministre argentin des Affaires étrangères Hector Timerman vient d’opposer un démenti aux récentes allégations des medias laissant entendre que l’Argentine se serait tournée vers le Brésil en vue d’obtenir une aide économique.   Des propos qui interviennent alors que le pays a vu sa monnaie nationale fortement dévaluer, et que les réserves de la Banque centrale argentine chutent dangereusement à l’heure actuelle.

Le gouvernement a adopté une nouvelle stratégie monétaire, laissant le peso se dévaluer face au dollar . Une dévaluation aussi brutale n’avait plus été observée dans le pays depuis la crise économique de 2001. Objectif affiché : envoyer des signaux de confiance aux marchés. Et répondre aux demandes des exportateurs, soucieux de pouvoir vendre leurs produits à des prix compétitifs sur les marchés internationaux . Sur les trois premières semaines de l’année, la dévaluation a atteint 18,6%, contre 24% pour toute l’année 2013. Et ce , au grand dam des épargnants et des investisseurs. De nombreuses transactions demeurent gelées, la plus grande incertitude régnant quant à la valeur réelle du peso. Contexte aboutissant au final à créer une dynamique économique très négative.

Après avoir menée une politique interventionniste depuis une dizaine d’années, l’autorité monétaire, la Banque centrale, laisse désormais le peso se déprécier, en une sorte « de traitement de choc » selon les termes mêmes de certains économistes. Référence à peine voilée à la stratégie du choc de l’école de Chicago ?

Reste que selon la présidente Cristina Fernandez de Kirchner, les intérêts des grandes institutions bancaires seraient à l’origine des événements actuels. Le Premier ministre Jorge Capitanich estimant pour sa part que la situation fait suite à une attaque de structures intéressées par la déstabilisation de l’Argentine.

Le ministre argentin de l’Economie Axel Kicillof a quant à lui dénoncé une attaque spéculative, pointant du doigt la major pétrolière Shell, laquelle est un des principaux acteurs de l’hydrocarbure dans le pays. « Il y a eu une demande d’achat à 3,5 millions de dollars à 8,40 pesos » émanant de Shell, alors que l’entreprise aurait « pu acheter à 7,20 pesos », a-t-il ainsi déclaré.

Intéressant à noter alors que l’Argentine tente d’attirer des investisseurs étrangers en vue d’exploiter le gigantesque gisement de gaz et pétrole de schiste de Vaca Muerta, lequel place le pays au 3e rang mondial en matière d’hydrocarbures non-conventionnels. L’objectif de certains lobbies peu scrupuleux pourrait être en effet de plomber de mettre l’économie du pays à genoux … pour arriver en sauveur.

Pointant du doigt des hausses de prix abusives depuis la brusque dévaluation du peso de 14%, les 22 et 23 janvier derniers, le ministre de l’Economie a contraint les enseignes à revenir aux tarifs en vigueur le 21 janvier sous peine de sanctions. Après une mise en garde contre des hausses de prix démesurées, le ministre a exigé «que personne ne mente, ni ne vole les gens », ajoutant que « la majorité des prix dans le pays ne dépendent pas du taux de change du dollar».

En tout état de cause, face à une situation économique du pays pour le moins périlleuse, le Fonds Monétaire International a quant à lui récemment proposé son aide, et ce, même si les relations entre l’Argentine et le FMI sont loin d’être au beau fixe depuis la restructuration de la dette argentine survenue en 2001.

L’économie de l’Argentine se détériore dangereusement et le FMI serait « heureux » de l’aider, a ainsi déclaré son directeur adjoint, Zhu Min, le 24 janvier dernier. Rappelant toutefois que les deux parties n’avaient « pas de dialogue officiel depuis 2004″.

A l’heure actuelle, l’Argentine préfère faire appel à d’autres créanciers, comme la Chine.

Sources : AFP, L’Expansion, La Voix de la Russie

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 02 février 2014


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