Bouygues Telecom, SFR… »Android change les règles du jeu dans les box »

Vous avez assisté à la fois à la conférence de presse de Bouygues Telecom concernant sa nouvelle offre Fibre et sa nouvelle box, et la veille à la conférence I/O 2014 de Google. Un point commun existe entre les deux événements: Android…

Oui, c’est vrai, dans la mesure où ce système d’exploitation a été l’une des vedettes lors de la conférence Google, et où il a été évoqué lors de la conférence Bouygues Telecom puisque ce système d’exploitation équipera d’ici l’automne 2014 les box de l’opérateur.

Google veut être présent à la fois dans les PC et mobiles, bien sûr, mais aussi dans nos maisons avec les thermostats, dans nos voitures, sur nos vêtements connectés… Est-ce qu’ils en font trop ?

En tout cas, la durée de leur conférence -deux heures trente! – était proportionnelle au nombre de secteurs qu’ils occupent actuellement: automobile, vêtements connectés, télévision, univers de la mobilité… Quant à Bouygues, disons qu’en abaissant ainsi leurs prix, ils font dans la fibre optique ce que Free a fait dans le domaine du mobile: au prix de 25,99 euros par mois, leur offre « fibre optique » est bien moins chère que le prix moyen, qui se situe aux alentours de 36 euros. La presse a d’ailleurs surtout parlé de cette baisse de prix, alors que le fait même qu’ils aient inclus Android dans leur box est une première mondiale. D’ailleurs, pour en revenir à la fameuse conférence I/O de Google, un des slides montrait le logo de Bouygues Telecom et celui de SFR, car Google voulait montrer qu’il commence à séduire les opérateurs télécoms avec Android : ce type de partenariats est en effet très important pour leur image dans le monde des télécoms.

Que vaut la box de Bouygues Telecom dotée d’Android ?

Quand on soulève le capot, on voit que la box Bougues Télécom dotée d’Android offre des avantages: elle peut gérer la TV par la TNT, l’IPTV (les télés gérées par les opérateurs télécoms avec une qualité garantie), les TV OTT (pour les zones dites « non éligibles » à l’IPTV car ne disposant pas d’un bon débit). C’est la première fois qu’une box Android gère bien tous ces types de flux. Avant, il était difficile pour les box Android d’assurer un contrôle total sur les contenus protégés, ce qui fait que cette box est totalement « chaînes de TV friendly ». Avec elle, on peut récupérer tous les types de contenus avec un degré de liberté maximal : non seulement enregistrer la TV sur le disque dur externe de la box, ce qui se fait déjà, mais aussi récupérer la TV à la demande depuis l’application mobile des chaînes, par exemple.

Quelle différence entre Google TV et « Android dans la TV » ?

Google TV, aujourd’hui appelé Android TVpeut être installé sur un téléviseur ou dans une set-top-box. Il impose son interface utilisateur. Avec Android – qu’il faut distinguer d’Android TV-, l’opérateur télécom (Bouygues en l’occurrence) garde la main sur l’interface. Du coup, c’est l’univers TV et le contenu des chaînes qui est mis en valeur et privilégié. Mais surtout, Android donne accès à des centaines de milliers d’applications, alors que les box des chaînes ne proposent en général que quelques dizaines d’apps.

Avec cette box, on pourra aussi faire des recherches par mots-clés non seulement sur les émissions à venir, mais aussi sur les films en VOD -quel que soit leur catalogue- ou les contenus en replay, et ce grâce à la fonction Media Center de la box tout comme à deux applications spécifiques, XBMC et Plex, qui « taggent » (étiquettent NDLR) tous les films et toute la musique que l’on stocke chez soi, et permettent de retrouver facilement films et chansons. En ce sens, la box fonctionnera comme un média center « omnivore » et très fluide.

Bouygues Telecom et SFR n’ont-elles pas laissé entrer le « cheval de Troie Google » dans l’univers des télécoms ?

Ce risque existe, bien sûr. Bouygues Telecom semble avoir trouvé une solution intermédiaire sécurisante entre le « non » à Google et une trop grande dépendance vis-à-vis de la firme de Mountain View. D’une part, le système d’exploitation est bien Android (et pas Android TV, je le répète) mais l’interface utilisateur est spécifique et innovante, réalisée par la start-up française iFeelSmart. Ensuite, Bouygues Telecom gère les contenus sécurisés (en clair : les films diffusés dans la TV payante), non seulement au niveau matériel et aussi au niveau logiciel, ce qui rassure les ayant-droits. Enfin, Bouygues Telecom a bien valorisé les contenus « TV »Le bouton « accueil » de la télécommande ramène toujours à la chaîne qu’on était en train de regarder avant d’éteindre le téléviseur, il n’emmène pas le téléspectateur sur un magasin d’applications, contrairement à d’autres opérateurs, par exemple. Les applications connectées des chaines TV sont aussi bien mises en avant.

Voiture, domotique, TV, mobiles, PC, vêtements… Est-ce que Google va trop loin ?

Ce mouvement de diversification extrême, je l’ai déjà connu avec  Microsoft qui, dans les années 90, a été accusé de devenir « Big Brother ». Maintenant, c’est au tour de Google ! Ce qui est sûr, c’est que lorsqu’une entreprise se diversifie énormément, elle a du mal à être « bonne » partout. On peut imaginer des intrusions possibles dans notre vie maintenant que « Nest » fait partie de Google (des thermostats intelligents NDLR). Va pour la température. Mais leur rachat de DropCam, une start-up qui commercialise des caméras de vidéosurveillance domestiques, peut vraiment faire froid dans le dos !


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