Brexit : Barnier s’attend à une absence d’accord, l’Irlande pèse

Brexit : Barnier s’attend à une absence d’accord, l’Irlande pèse

Pour le moins inquiétant … S’exprimant lors d’une conférence sur le sujet en Irlande, Michel Barnier, le négociateur européen du Brexit a déclaré que l’Union européenne devait se préparer au risque réel que les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE se terminent sans accord.

Un accord de retrait difficile à obtenir

“Dans les prochains mois de négociations, l’essentiel sera de conclure un accord de retrait. Nous n’y sommes pas encore et, pour être clair, pas seulement à cause de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord”, a tenu à préciser déclaré Michel Barnier.

Selon lui, il existe un « risque réel » et les différentes parties doivent d’ores et déjà se préparer à toutes les possibilités, y compris l’absence d’accord. Ajoutant que cela ne correspondait pas à son choix.

Le négociateur a néanmoins déclaré espérer des progrès d’ici les conseils européens de juin puis d’octobre, tout en insistant sur le fait qu’il n’est pas “favorable à repousser davantage” la conclusion d’un accord.

Michel Barnier a également rappelé que la mise en place de la période de transition – laquelle doit s’étendre de fin mars 2019 à la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE prévue pour la fin décembre 2020 – était tributaire de la conclusion d’un accord entre Londres et Bruxelles en octobre prochain sur la sortie elle-même de l’Union européenne.

Reste que l’Irlande demeure un point extrêmement sensible, voire préoccupant.

La question irlandaise : une difficulté majeure

Le négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne a également mis en garde lundi sur le risque de voir échouer les négociations avec Londres sur le Brexit en raison de la question de la frontière irlandaise.

“Le cadre de l’accord doit contenir une solution claire et opérationnelle concernant l’Irlande”, a martelé Michel Barnier. Ajoutant que tant que cet accord n’aura pas été atteint, il y avait « un risque que ces négociations n’aboutissent pas. »

Tant le Royaume-Uni que l’UE disent vouloir éviter que la sortie du Royaume-Uni de l’UE provoque le rétablissement d’une frontière “dure” entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande voisine, membre de l’UE.

L’enjeu du dossier : préserver autant que faire se peut l’accord de paix conclu en 1998. Lequel avait mis fin à trois décennies d’affrontements sanglants entre nationalistes et partisans nord-irlandais d’une union entre les deux territoires, en renforçant les liens entre les deux entités.

En mars dernier, les Britanniques ont accepté d’intégrer dans l’ébauche d’accord de retrait de l’UE l’option d’un “espace réglementaire commun” incluant l’UE et l’Irlande du Nord, au moins jusqu’à ce qu’une solution satisfaisante soit proposée.

Cette solution, dite de “backstop”, “est sur la table à cause des lignes rouges dressées par le Royaume-Uni”, a tenu à souligner lundi Michel Barnier, faisant allusion à la décision prise par Londres de quitter l’union douanière et le marché unique après le Brexit.

Il s’agit pour lui d’une “solution opérationnelle” proposée par l’UE et non d’une “remise en cause de l’intégrité constitutionnelle du Royaume-Uni”. Une nuance d’importance alors que certains craignent de voir naître une frontière interne si l’Irlande du Nord reste alignée sur la réglementation européenne contrairement à la partie Sud du pays.

Michel Barnier répond ainsi aux critiques émanant notamment des élus du petit parti unioniste nord-irlandais DUP, crucial allié de la Première ministre britannique Theresa May. Cette dernière détenant une majorité très fragile au Parlement.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a déclaré pour sa part qu’en aucun cas “l’Irlande et l’UE ne souhaitaient annexer” l’Irlande du Nord, ajoutant que “le backstop » n’était « la solution préférée de personne” mais que “les lignes rouges posées par le Royaume-Uni » étaient « les principaux obstacles” à une solution.

Le recours à une option de backstop n’est pas “une stratégie” de négociation, a renchéri de son côté Michel Barnier, affirmant que Bruxelles ne tentait pas de revenir sur le Brexit. Autre critique formulée à l’encontre des 27 pays membres par les tenants britanniques d’une ligne radicale sur le Brexit.

S’exprimant dimanche dernier dans un entretien au journal irlandais Sunday Independent, le responsable européen avait souligné que le Brexit avait créé « un problème spécifique en Irlande », et qu’il était donc « de la responsabilité du Royaume-Uni de présenter une solution pratique”. Déplorant n’avoir reçu à ce jour aucun scenario de tel ordre.

Il avait parallèlement précisé que “des progrès substantiels” devraient avoir été réalisés d’ici au Conseil européen de juin, date à laquelle les dirigeants européens devront évaluer si la question irlandaise a été résolue.

Sources : Reuters, AFP, Sunday Independent, Agefi-Dow Jones

Elisabeth Studer – 30 avril 2018 – www.leblogfinance.com

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