Chômage: une douche pas si froide pour Hollande?

C’est le grand yoyo avec les chiffres du chômage. Après une baisse significative en janvier (-27.000), il repart à la hausse en février avec plus 38.900 demandeurs d’emploi en France entière. Pis, c’est la plus importante progression depuis janvier 2013. Une douche froide pour François Hollande qui a conditionné son sort politique à une inversion de la courbe du chômage.

Cette poussée de fièvre s’explique « en très grande partie par la bascule en catégorie A de personnes déjà inscrites à Pôle emploi mais qui exerçaient une activité (catégories B et C) les mois précédents, s’est empressée de déclarer Myriam El Khomri, la ministre du Travail. Au total, le nombre d’inscrits en catégories A, B et C n’augmente que de 3.100 sur un mois, soit +0,1 ».

Autre raison: la baisse de janvier a été due en grande partie par un nombre anormalement élevé de personnes n’ayant pas actualisé leur situation et qui sont sorties des radars de Pôle emploi. Logiquement, ceux qui avaient été désinscrits ont depuis fait les démarches pour réintégrer les listes de demandeurs d’emploi. Ce phénomène fait écho au « bug SFR » de juillet 2013 quand 20.000 chômeurs n’avaient pas reçu de SMS de la part de l’opérateur leur demandant d’actualiser leur situation.

Lumière au bout du tunnel

Feu au lac ou pas pour François Hollande? Certes, le nombre de chômeurs n’a jamais diminué deux mois de suite depuis février 2008. Une éternité en somme… Mais le Président a des raisons concrètes de rester optimiste. Selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, cette fois c’est sûr: la courbe va enfin s’inverser dans les six prochains mois.

Elle a déjà commencé à s’infléchir au dernier trimestre 2015, avec une diminution du nombre de demandeurs d’emploi de 47.000, toujours d’après l’institut de statistiques. Des chiffres qui contredisent ceux du ministère du Travail mais qui confirment une étude de l’Unedic qui annonçait à l’automne dernier une diminution pérenne en 2016 du nombre de demandeurs d’emploi.

Cette tendance va se confirmer car la job machine française repart: après avoir créé 82.000 postes en 2015 – une grande première depuis 2011 – le secteur marchand va accroître ses effectifs de salariés de 37.000 sur les six premiers mois de 2016, selon l’Insee. Du coup, le chômage va reculer à 10,2% de l’ensemble de la population active fin 2016. En France métropolitaine, il devrait même tomber à 10%.

Mistral libéral gagnant?

Un bémol cependant: ce reflux représenterait « seulement » 24.000 chômeurs en moins sur un effectif de 3,85 millions demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A. Pas de quoi fanfaronner… N’empêche, cette note de l’Insee est un soulagement pour le Président qui trouverait enfin des arguments pour valider sa politique « pro-business », mise en place en 2014 pour redresser la compétitivité de nos entreprises.

Un virage libéral qui a fracturé sa majorité en deux et déçu beaucoup de ses électeurs. Mais qui commence a porté ses fruits: fin 2015, le taux de marge des sociétés a atteint 31,4%, après une augmentation de 1,8 point sur un an, « la plus forte hausse depuis 1986 ». Une évolution liée à la baisse du prix du pétrole mais aussi au CICE, le crédit d’impôt compétitivité emploi (17 milliards l’année dernière) et à la baisse des charges patronales, souligne l’Insee.

Bref, ces résultats sont de bon augure pour le président qui entrevoit désormais la lumière au bout du tunnel après trois ans et demi de mauvais résultat économique. Reste à convaincre son propre camp de poursuivre les réformes pour booster la croissance en votant la loi Travail…