Croissance : le petit aveu de faiblesse de Moscovici

Une croissance qui oscillerait entre -0,1% et +0,1%… C’est le nouveau pronostic de Pierre Moscovici. Dans un entretien au quotidien Nice Matin, le ministre de l’Economie a fait preuve d’un certain réalisme quant à la conjoncture économique du pays. 

Le gouvernement tablait jusqu’à présent sur une modeste croissance de l’ordre de 0,1% de l’économie du pays, déjà unanimement jugée par les économistes comme largement insuffisante pour faire régresser le chômage. Mais Pierre Moscovici estime donc que cette prévision est sans doute trop optimiste encore. Dans l’entourage du ministre, on souligne néanmoins que la fourchette mentionnée par le ministre n’était qu’une « tendance » et que le chiffre définitif était encore susceptible d’évoluer d’ici son calage en septembre.

En dépit de cette prévision négative, Pierre Moscovici juge néanmoins dans cet entretien que la situation de la France s’améliore : « L’économie française est sortie de la récession et elle amorce une reprise qui doit être durable, de plus en plus forte et créatrice d’emplois ». Et d’ajouter : « Ce qui est important, c’est que la tendance s’est inversée. Après deux trimestres de croissance négative, le dernier de 2012 et le premier de 2013, les deuxième et troisième trimestres 2013 renoueront avec une croissance positive ».

2014, première année de croissance véritable

Pour Pierre Moscovici, on a donc « toutes les raisons de penser que 2014 serait la première année de croissance véritable depuis trois ans ». Pour autant, la stagnation de l’économie cette année complique encore davantage la préparation du budget de l’année prochaine, puisqu’elle prive l’économie de tout acquis de croissance positif.

Le budget 2014, qui sera révélé dans quelques semaines, devrait intégrer une hausse des prélèvements obligatoires équivalant à 0,3% du produit intérieur brut. Ce dernier chiffre correspond à environ 6 milliards d’euros de recettes nouvelles à trouver, sur la base d’un PIB de 2.032 milliards d’euros pour l’année 2012.

« Nous devons réduire les déficits légués par la droite, mais le faire à un rythme qui ne contrarie pas la croissance. Nous le ferons d’abord, comme le recommande le Fonds monétaire international (FMI), par des économies sur les dépenses publiques et, ensuite, par une hausse limitée des prélèvements obligatoires, de 0,3% du PIB, toujours dans la justice sociale », a poursuivi Pierre Moscovici.

Plusieurs indicateurs macroéconomiques donnaient mercredi les signaux d’un timide redémarrage économique au printemps et à l’été, sur lequel s’appuierait bien le gouvernement juste avant les débats houleux de la rentrée sur le budget 2014 ou les retraites.

La Banque de France plus optimiste que l’Insee

Dans sa première prévision pour le troisième trimestre, la Banque de France a estimé mercredi que le PIB devrait poursuivre la molle lancée amorcée selon son pronostic au deuxième trimestre, en progressant de 0,1%, après 0,2%. Si elle se montre un tout petit peu plus optimiste que l’Insee, qui prévoyait fin juin une stagnation au troisième trimestre après un mini-rebond de 0,2% au deuxième, la Banque de France estime donc que la France pourrait s’extirper de justesse de la récession technique dans laquelle elle est entrée fin 2012 et début 2013.

Cependant, la plupart des économistes s’accordent, eux, à dire que si proche de zéro, d’aussi faibles écarts, en positif ou en négatif, n’ont que peu de portée: l’activité économique en 2013 devrait rester atone comme elle l’a été en 2012.

Lundi, le FMI a d’ailleurs estimé que la France devrait ralentir son rythme de réduction du déficit public et accélérer ses réformes structurelles, afin de soutenir une reprise économique encore « hésitante ». L’institution dirigée par Christine Lagarde prévoit que la France termine l’année 2013 avec un déficit de 3,9% du PIB, contre 4,8% en 2012.

(Avec Afp)


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