Deux tiers des entreprises paient en retard leurs fournisseurs

Deux entreprises sur trois paient leurs fournisseurs et sous-traitants en retard en France, un problème à l’origine de près d’un quart des faillites de très petites entreprises et qui pèse sur l’emploi, a indiqué jeudi le médiateur national des relations inter-entreprises, Pierre Pelouzet. “On sait qu’il y a un impact sur l’emploi, sur l’investissement et sur la confiance. Ca bloque l’innovation, c’est un frein à cette économie qui est en train (…) de petit à petit reprendre”, a déclaré M. Pelouzet en présentant à la presse le premier indicateur trimestriel des retards de paiement de factures des 120 plus grandes entreprises françaises, réalisé avec le cabinet Altarès.

Selon cette étude, publiée à l’occasion des cinq ans de la Médiation inter-entreprises, deux tiers des entreprises paient leurs fournisseurs et sous-traitants avec un retard atteignant en moyenne 13 jours. Le délai de paiement légal est de 60 jours maximum après la date d’émission de la facture. Au total, le montant des retards de paiement potentiels des 120 grandes entreprises s’établissait à fin avril à 3,97 milliard d’euros, précise l’étude qui se fonde sur l’analyse de 211 millions de factures.

Or, “il y a un phénomène de cascade: les grandes paient mal les moyennes, qui paient mal les petites, qui paient mal les très petites”, a souligné M. Pelouzet. Dans les très petites entreprises, “il y a 25% des faillites qui sont liées à des retards de paiement”, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, “si tout le monde payait selon la loi, il y aurait environ 100.000 emplois qui pourraient être crées dans les PME”, a assuré M. Pelouzet, s’appuyant sur une note de deux chercheurs, Jean-Noël Barrot (MIT) et Julien Sauvagnat (Crest), à paraître.

Selon M. Pelouzet, deux types de comportements sont à l’origine de ces retards, avec d’une part des entreprises ayant un système d’information “compliqué”, qui retarde le paiement des factures, et d’autre part ceux “qui se font sciemment du cash (de l’argent, ndlr) sur le dos du fournisseur”.

(Avec AFP)

Challenges.fr en temps réel : Economie