Devises et taux : BCE-Dépréciation record sur le stock de dette rachetée

par Francesco Canepa

FRANCFORT, 4 avril (Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) a déprécié la valeur de son énorme portefeuille d’obligations d’un montant record de 8,17 milliards d’euros au premier trimestre, une conséquence de sa stratégie de rachats au prix fort de titres de dette souveraine ces trois dernières années, montrent des données publiées mercredi par l’institut d’émission.

Les détracteurs du programme dit d’assouplissement quantitatif (QE) de la BCE, qui l’a conduite à acheter pour 2.550 milliards d’euros d’actifs, ont souvent mis en avant le risque de pertes pour le contribuable de la zone euro et la question risque d’être soulevée à nouveau et avec force dans les années à venir, lorsque les obligations seront revendues.

La dépréciation de valeur de ce stock d’obligations décidée chaque trimestre par la BCE a régulièrement augmenté depuis qu’elle s’est lancée en 2015 dans le rachat massif d’actifs essentiellement obligataires afin de stimuler l’inflation de la zone euro.

Cette dépréciation permet d’étaler la perte que la BCE subit lorsqu’une obligation acquise avec une prime est remboursée à sa valeur nominale.

Cette perte comptable est compensée par les coupons que la BCE perçoit sur une bonne partie des obligations rachetées, mais pas sur celles dont le rendement est négatif, et notamment un gros stock de dette allemande à court terme acquise par la Bundesbank dans le cadre du QE.

Pour l’instant, les rachats d’obligations ont été rentables pour les banques centrales de la zone euro mais rien ne dit que cela continuera et nombre d’entre elles, dont la Bundesbank, ont commencé à constituer des provisions pour couvrir d’éventuelle pertes.

La plupart des observateurs s’attendent à ce que la BCE cesse ses rachats d’actifs d’ici la fin de l’année mais elle s’est engagée à réinvestir les produits des emprunts arrivés à échéance « pour une période prolongée » une fois les achats interrompus.

Mario Draghi, le président de la banque centrale, n’a eu de cesse de dire que l’objectif du QE était de ramener l’inflation vers l’objectif de la banque centrale, soit un tout petit peu moins de 2%, et non de réaliser des bénéfices.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)

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