Dialogue de haut niveau USA /monarchies du Golfe sur le prix du pétrole

S’il était besoin de démontrer l’intérêt que représente la baisse du prix du baril pour les Etats-Unis et son économie – voire la volonté US d’ingérence dans la politique des différents pays producteurs – le Président américain, Barack Obama, vient d’en donner la preuve.

Ce dernier vient en effet d’annoncer jeudi à Ryad le lancement d’un dialogue de haut niveau avec les monarchies du Golfe réunies au sein du CCG (Conseil de coopération du Golfe). Objectif affiché : s’adapter à la dégringolade des prix du pétrole. Mais également « renforcer les liens économiques pour aider les pays de la région à offrir des emplois et des opportunités à leurs citoyens, en particulier aux jeunes » selon les propres termes du président américain.

« Assurer une sécurité véritable et dans la durée va de pair avec une gouvernance et une économie au service de tous et dans le respect des droits de l’Homme », a par ailleurs déclaré Barack Obama en abordant de manière politiquement correct la question des libertés individuelles au sein de ces monarchies, alors que l’Arabie saoudite – pays producteur d’une importance cruciale sur les marchés pétroliers – est fortement pointée du doigt sur ce sujet sensible.

Précisons que si les principales ressources financières des pays membres du CCG sont issues de la manne pétrolière, ces derniers ont vu leurs finances publiques lourdement affectées par la chute des cours du pétrole, lesquels ont dégringolé de plus de 60% depuis la mi-2014.

Selon un rapport du Kuwait Financial Centre (Markaz) publié début avril, ces royaumes devront emprunter entre 250 et 342 milliards d’euros d’ici 2020 en vue de financer leurs déficits budgétaires résultant de la chute des cours du pétrole.

A noter que ces propos interviennent à l’issue d’un sommet avec les dirigeants d’Arabie saoudite, de Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d’Oman et du Qatar. Une rencontre prévue selon le quotidien saoudien al-Riyad afin de parachever le travail entamé par les deux parties lors du sommet de Camp David, tenu en juin dernier, alors que le président américain se trouvait en bonne voie de signer l’accord sur le nucléaire avec l’Iran sur son programme controversé.

Le communiqué final du Sommet de Camp David annonçait la mise en place d’un partenariat stratégique entre les Etats-Unis et les pays du Golfe. Lequel a été initialisé officiellement quelques semaines après avec la formation d’un Conseil des ministres de la Défense Etats-Unis/pays du CCG, dont l’objectif premier est de renforcer les systèmes défensifs des pays du Golfe et de lutter contre Daech. Histoire notamment de démontrer que Washington est engagé à défendre la sécurité des pays du Golfe.

Les dirigeants du CCG souhaitent maintenir les équilibres de la région à travers l’équipement de leurs pays d’un système de missiles sophistiqué capable de dissuader l’arsenal balistique de l’Iran, le plus important du Moyen-Orient. De même, la sécurité maritime et la cybersécurité, à travers la fourniture par Washington de moyens technologiques développés capables de les protéger en cas de guerre électronique, sont des points essentiels des préoccupations des monarchies du Golfe.

A noter également que le sommet de Riyad du 21 avril a eu lieu quatre jours après l’échec de la réunion des ministres du Pétrole des pays de l’OPEC et des pays producteurs indépendants à Doha, au Qatar, dont l’objectif était d’aboutir à un gel de leur production afin de réguler les prix.
Le dossier du pétrole représente l’essentiel des intérêts communs entre les deux parties puisque les Etats-Unis demeurent un importateur important du pétrole, selon Mohamed al-Sabyane, expert et ancien conseiller du ministre saoudien du Pétrole. Il estime par ailleurs que les Etats-Unis ont commis une erreur en éloignant leurs intérêts économiques de l’Arabie Saoudite et du reste des pays du Golfe, ces derniers demeurant à ses yeux les acteurs primordiaux du marché mondial du pétrole.

«Les intérêts communs demeurent tant que les pays du Golfe sont la source principale d’approvisionnement du marché mondial et de ce fait, très influents sur les prix » affirme ainsi l’expert.

Après avoir été le plus important importateur au niveau mondial, les Etats-Unis ont réduit leurs importations du brut surtout en provenance des pays du Golfe, en tablant sur le gaz de schiste produit localement par des entreprises américaines, laissant les premières places à la Chine et à l’Inde.

Sources : AFP, AA

Elisabeth Studer – 21 avril 2016 – www.leblogfinance.com


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