Dossier UraMin /Areva : mise en examen du mari d’Anne Lauvergeon

Anne Lauvergeon loin d’être sortie de l’auberge de l’affaire UraMin … Olivier Fric, le mari de l’ancienne présidente d’Areva, vient d’être mis en examen pour délit d’initié et blanchiment dans le cadre de l’enquête sur les conditions du rachat de la société minière canadienne. Une indication émanant d’une source judiciaire, confirmant une information du journal Le Parisien.

Le mari d’Anne Lauvergeon  est soupçonné par la justice d’avoir réalisé une plus-value grâce à des informations dont il aurait bénéficié au sujet de cette opération réalisée en 2007  qui aura eu notamment pour conséquence de plomber les comptes du géant du nucléaire français.

Selon une source proche du dossier, Olivier Fric, conseiller dans le domaine de l’énergie, est ainsi directement visé dans une note émanant de la cellule de renseignements de Bercy, Tracfin, cette dernière laissant entendre qu’il aurait pu tirer profit d’une information dont n’ont pas bénéficié les autres acteurs du marché boursier sur le rachat d’Uramin par Areva.

Selon la note, la cellule de Bercy relève des achats de titres entre mai et juin 2007, peu de temps avant l’annonce officielle le 15 juin 2007 d’une OPA d’Areva sur UraMin. Les titres avaient été revendus en bloc le 20 juin 2007, permettant de dégager un bénéfice net de près de 300.000 euros.

Rappelons que cette acquisition fait l’objet d’une enquête au parquet national financier (PNF) depuis février 2014 suite au signalement par la Cour des comptes d’éventuelles irrégularités.

Olivier Fric est concerné par le premier volet du dossier portant sur des chefs d’escroquerie, d’abus de bien social, de corruption d’agent public étranger et de délit d’initié. Tracfin s’interroge en effet sur des achats de titres d’UraMin par une société suisse dont Olivier Fric et son associé étaient les ayant droits économiques sans apparaître comme les gérants effectifs de la structure.
La cellule de renseignements de Bercy soupçonne qu’il y ait eu une volonté de masquer l’opération. En effet si M. Fric n’est pas le bénéficiaire effectif de cette entité, il est néanmoins l’ayant-droit économique des comptes bancaires.

« Mon client n’a jamais travaillé chez Areva ni pour Areva. Il n’a jamais été bénéficiaire d’une information sur la gestion ou la stratégie du groupe qui ne soit publique », a déclaré pour sa part Me Mario Stasi, l’avocat du mari d’Anne Lauvergeon.

Le second volet est lié quant à lui à des soupçons de présentation de comptes inexacts, diffusion d’informations fausses ou trompeuses, abus de pouvoir, faux et usage de faux.

S’exprimant mercredi dans le journal le Parisien, Anne Lauvergeon se défend toutefois d’avoir partagé des informations confidentielles avec son époux. Pas de discussion sur l’oreiller au sujet d’Areva semble-t-elle ainsi affirmer … Ajoutant que « les règles de confidentialité chez Areva étaient très strictes. Les liens du mariage ne prévoient pas qu’on partage les secrets qui ne vous appartiennent pas », déclare ainsi l’ancienne dirigeante.

« C’est l’ex-associé de mon mari, un ancien trader, qui gérait les fonds de leur entreprise et décidait des placements. Il a fait un grand nombre d’investissements, dans le secteur minier notamment », a-t-elle néanmoins précisé.

Au cours du même entretien, l’ancienne dirigeante d’Areva tente à nouveau de justifier le rachat d’UraMin par le fait que le groupe nucléaire « avait besoin de garantir l’approvisionnement en uranium de ses clients électriciens ».

Rappelons que l’acquisition d’UraMin en 2007 pour 2,5 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) avait contraint Areva à inscrire dans ses comptes en 2010 et 2011  des provisions d’un montant total proche de 1,9 milliard d’euros en vue de tenir compte de la dévalorisation des actifs de la société, consécutive à une baisse des cours de l’uranium  et de ses réserves estimées.

Sources : Reuters, AFP, Le Parisien

Elisabeth Studer – 30 mars 2016 – www.leblogfinance.com


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