EDF : 1er emprunt au monde en livres sterling, nouvelle monnaie refuge ?

Voilà qui devrait un tantinet remettre en cause la suprématie du billet vert  : le géant énergétique français EDF a lancé un emprunt à 100 ans …. libellé en livres sterling. Chose qui ne s’était jamais vue encore tant en France au niveau mondial. Puisque jusqu’à présent, les prêts étaient établis en dollar ou en euro, tant pour les entreprises que pour les Etats.

S’élevant au final à 1,35 milliard de livres sterling, cet emprunt va être bouclé à un taux de 6,15% à 6,20%, si l’on en croit Frédéric Gabizon, directeur marchés primaires obligataires chez HSBC. Banque qui mène l’opération de concert avec la banque US Citigroup. Toutes deux assistés comme co-chefs de file par Bank of America Merrill Lynch, Barclays, RBS et Morgan Stanley.

HSBC a tenu par ailleurs à souligner l’importance de la demande globale, laquelle représente près de 4 milliards de livres. Notant parallèlement que le taux obtenu était assez proche des niveaux des emprunts à 30 ou 40 ans, lesquels varient dans une fourchette comprise entre 5 et 5,5%.

Depuis ces derniers jours, le groupe a levé plus de 10 milliards d’euros sur le marché obligataire, précise-t-on de source bancaire.

Opérations à rapprocher de l’arrivée à terme de plusieurs de ses emprunts et de ses investissements en France et au Royaume-Uni (centrales nucléaires de Flamanville et Hinkley Point, terminal méthanier de Dunkerque).

Durant la semaine qui vient de s’écouler, EDF aura réalisé des emprunts de 4,7 milliards d’euros dans le cadre d’une première vague (dont un emprunt à 100 ans en dollars de 700 millions avec un coupon de 6%), puis une deuxième vague de 4 milliards, cette fois en obligations dites hybrides.

S’agissant de la livre sterling, précisons que la devise est en hausse de 9 % depuis six mois, dopée par les espoirs de reprise de l’économie mondiale et le net rebond de l’activité au Royaume-Uni.

La vigueur de la monnaie britannique au cours du 2eme semestre 2013 aura ainsi surpris plus d’un analyste et d’un investisseur. La livre semble ainsi être devenue une monnaie refuge de second choix derrière le yen et le franc suisse, la crise sévissant dans la zone euro lui offrant des atouts non négligeables aux yeux des marchés.

Néanmoins, selon David Bloom, responsable de la stratégie sur les changes chez … HSBC, « cette reprise est fragile car déséquilibrée ». Ce dernier pointant du doigt le déficit courant important du Royaume-Uni et l’incidence du marché immobilier dans ce mouvement et « l’effet richesse qu’il induit ».

Pour lui, dès que la consommation commencera à fléchir, « la perception de la livre par les marchés pourrait vite changer », notamment « s’ils estiment que la banque d’Angleterre durcira sa politique non pas en fin d’année mais en 2015 ». « Un élément négatif pour la monnaie anglaise » estime donc au final responsable de la stratégie sur les changes de la principale banque ayant conduit l’opération pour EDF …

Sources : AFP, Reuters, Les Echos

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 19 janvier 2014


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