Espagne : 3 banques nationalisées considérées par Moody’s comme hautement spéculatives

Nouvelle déconvenue pour l’Espagne : l’agence de notation Moody’s a indiqué mardi avoir abaissé de deux crans les notes de trois banques espagnoles Bankia, Catalunya Banc et NovaCaixaGalicia, les reléguant désormais dans la catégorie hautement spéculative.
Précisons que ces établissement ont été récemment nationalisés en raison de leurs difficultés.
Bankia voit ainsi sa note passer de Ba2 à B1 tandis que Catalunya Banc (anciennement CatalunyaCaixa) et NovaCaixaGalicia rétrogradent de B1 à B3. Les trois notes étant assorties d’une perspective négative, laissant la porte ouverte à une nouvelle dégradation à moyen terme.
Histoire d’enfoncer le clou, Moody’s assure par ailleurs avoir « tenu compte des bénéfices du large soutien public apporté aux trois banques » et de « l’amélioration de leur situation de financement et de liquidité ». Ce qui laisse envisager de la situation catastrophique dans laquelle se situeraient les banques si l’Etat n’était pas intervenu …
Au delà des côtés positifs tout de même observés, l’agence de notation considère que « le profil de crédit de ces trois banques reste très vulnérable ». Pointant du doigt le peu de fiabilité de leurs actifs, de faibles perspectives en termes de rentabilité ainsi que les plans de restructuration mis en place au sein des différents établissements. Ce dernier argument pouvant être considéré comme quelque peu fallacieux, la pression menée par agences de notation sur les banques ibériques étant en grande partie à l’origine de ces restructurations.

Désormais, Moody’s estime en outre que « le gouvernement espagnol devra probablement être contraint d’apporter plus de soutien aux banques espagnoles, y compris celles qui ont déjà reçu des aides publiques ». Histoire de plomber encore plus l’image de l’Espagne aux yeux des investisseurs ? Qui sait ….

Rappelons que dans le cadre du plan de sauvetage de 41,3 milliards d’euros accordé par l’Union européenne en vue de restructurer le secteur bancaire espagnol, Madrid a mis en place une structure de défaisance, ou « bad bank », baptisée « Sareb », auprès de laquelle les quatre banques nationalisées ont transféré leurs actifs toxiques en décembre dernier.
Il s’agit principalement des crédits immobiliers auxquels de nombreux emprunteurs ne pourraient faire face, compte-tenu de la situation économique actuelle de l’Espagne et du taux de chomage très élévé. Laquelle est elle-même la conséquence de l’éclatement de la bulle immobilière qui a frappé la péninsule ibérique en 2008.
Les mesures prises auront permis dans un premier temps de faire chuter tout à la fois le montant et le taux des créances douteuses, chose qui ne s’était plus vue depuis 17 mois, ces dernières passant alors à 167,45 milliards et 10,44% du total.
Néanmoins, les statistiques sont reparties à la hausse en janvier, pour chuter à nouveau en février, date à laquelle 4 banques espagnoles (Liberbank, Caja3, BancoMareNostrum et CEISS) ont à leur tour transféré leurs actifs toxiques à la Sareb.
Car la situation ne semble pas vouloir s’améliorer de manière durable : en avril dernier, les créances douteuses des banques espagnoles ont de nouveau augmenté à 10,87% du total des crédits, pour atteindre 167,087 milliards d’euros, contre 162,257 milliards en mars. Rappelons qu’en novembre dernier, ils avaient atteint le taux record de 11,23% du total.
La « faiblesse persistante du marché domestique, comme en témoigne la hausse des niveaux de créances douteuses, va probablement affaiblir encore plus les profils de crédit de nombreuses banques espagnoles, malgré les mesures prises pour renforcer leur capital et leurs provisions« , estime par ailleurs Moody’s.
Au final, un contexte qui préoccupe le Fonds monétaire international (FMI), lequel a récemment appeler les banques espagnoles à « renforcer leurs bilans afin de pouvoir prêter », les exhortant à relancer le crédit.  Si James Daniel, chef de la mission du FMI dans le pays, a certes reconnu récemment que « le système bancaire » espagnol est « beaucoup plus solide qu’il y a un an« , il y déplore toutefois « une forte contraction du crédit » et des  taux d’emprunt  » trop élevés ».

Sources : AFP, Challenges, Trends.be

Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com – 3 juillet 2013


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