Goldman Sachs : à fond le marché de l’énergie via la création d’un fonds de rachat des sociétés mises à mal par la chute du prix du baril

Ben voyons …. Cela a au moins le mérite d’être clair.

Alors que nombre d’experts laissaient entendre que la chute du prix du baril pouvait avoir été « organisée » à sa manière en vue de plomber l’économie d’Etats directement liés à la manne pétrolière mais également des groupes énergétiques, en vue de rafler plus facilement la mise dans le secteur, la sulfureuse banque américaine Goldman Sachs envisage de monter un fonds pour racheter les dettes d’entreprises affectées par le dégringolade du cours du pétrole.

Une information rapportée par le New York Times (NYT) qui ne fait que conforter nos propos sur la volonté de la pieuvre anglo-saxonne d’acquérir une place de choix sur le secteur pétrolier et gazier mondial. Stratégie qui n’est pas faite pour nous rassurer …

Selon le journal US, lequel cite des documents confidentiels, Goldman Sachs aurait contacté de riches américains pour les persuader de leur confier leur argent.

Ce fonds, qui devrait être nommé à terme Energy Investment Opportunities Fund, devrait également se porter garant pour les sociétés énergétiques en quête de prêts, si l’on en croit le NYT. Gagnant ainsi sur les deux tableaux …

A l’heure qu’il est, la banque américaine n’a pas souhaité s’exprimer publiquement sur le sujet.

Les sociétés US se montrent décidement très promptes actuellement à jouer les grands sauveurs dans le secteur de l’énergie puisque les fonds Apollo Global Management et Blackstone Group ont fait part récemment de leurs intentions de racheter les dettes jugées fragiles des groupes énergétiques. Une action qui n’a rien de celle d’un philanthrope … mais qui pourrait au contraire relever d’une stratégie bien ordonnée ….

Car le souhait de Goldman Sachs est bel et bien de se faire une place au soleil sur le marché énergétique mondial …

Alors que le Danemark a été récemment victime de deux fusillades de nature à grandement déstabiliser un pays – lequel est doté, qui plus est, d’un intérêt stratégique pour l’accès aux ressources gazières de la mer du Nord – nous avions alors rappelé la tempête politique qu’avait provoquée en janvier 2014 la vente à Goldman Sachs de Dong, entreprise publique danoise d’énergie. Une crise qui avait tout de même provoqué le départ de six ministres au sein du gouvernement de gauche, le 30 janvier 2014.

A l’origine de cette crise gouvernementale : le refus par le Parti populaire socialiste (SF) de vendre une part de Dong à la banque d’investissement américaine.

Précisons à cet égard que Dong Energy est un producteur de pétrole, de gaz naturel et d’électricité (éolienne et thermique), qui a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 67,2 milliards de couronnes (9 milliards d’euros).

En novembre 2013, le gouvernement danois avait signé un accord en vue d’une augmentation de capital à laquelle Goldman Sachs apportait 8 milliards de couronnes (1,1 milliard d’euros), acquérant ainsi 19 % du capital.

Une opération plus que stratégique sur la plan de l’échiquier énergétique mondial alors que Dong, détenue jusque là à 80% par l’État, est considérée comme le fleuron national de l’économie verte. Cerise sur le gâteau : elle gère depuis 1972 l’intégralité des ressources gazières de la partie danoise de la mer du Nord ….

En janvier 2014, Poul Nyrup Rasmussen, l’ancien Premier ministre danois, avait qualifié cette arrivée du géant américain de la finance dans le capital de Dong de véritable “catastrophe” qui “[le] blesse presque physiquement”. Il avait alors qualifié la banque américaine de “partenaire louche” qui risquait de faire “perdre au Danemark sa position de leader mondial dans le green business”.

La population danoise avait elle aussi tenté de se mobiliser contre le partenariat établi entre leur pays et Goldman Sachs. Une pétition en ligne a ainsi recueilli plus de 200 000 signatures, soit près de 5% de la population danoise.

Le montage établi par Goldman Sachs pour racheter les parts de Dong en avait intrigué plus d’un. La sulfureuse banque avait en effet, acquis 19 % de l’entreprise danoise grâce à un fonds créé à cet effet au Luxembourg et détenu par des actionnaires domiciliés aux Îles Caïmans et dans le Delaware (États-Unis). De quoi provoquer la colère des danois trouvant pour le moins curieux cette présence appuyée de paradis fiscaux et les conduisant à s’interroger sur les réelles intentions de Goldman Sachs dans cette affaire, même si celle-ci avait affirmé haut et clair qu’elle considérait son investissement comme un engagement à long terme.
A noter également : l’accord avait permis à Goldman Sachs d’obtenir un droit de veto. Dong devra donc obtenir l’aval de son partenaire américain pour changer de PDG, faire des acquisitions importantes ou vendre des actions.
En mars 2014, j’indiquais pour ma part que les Etats-Unis quant à eux pourraient bénéficier des relations on ne peut plus tendus entre Russie, Ukraine et UE … pour offrir ses services – financiers – voire même profiter de l’occasion pour progresser sur le marché européen du gaz via la sulfureuse société Goldman Sachs. J’avais alors ajouté qu’un arrêté en date du 19 janvier 2010 autorisait notamment la société à exercer l’activité de fourniture de gaz sur le territoire français pour approvisionner les fournisseurs de gaz naturel.

La prise de participation de Goldman Sachs au sein du groupe énergétique espagnol Endesa pouvant également permettre à la « pieuvre » anglo-saxonne  d’avancer ses pions, avais-je également indiqué, considérant que cela constituait un élément à surveiller de très, très près, alors que la péninsule ibérique constitue une passerelle entre le gaz algérien et les consommateurs du Vieux Continent … détournant à sa manière le client final de la suprématie russe en la matière ….

Sources : AFP, Reuters, NYT

Elisabeth Studer – 24 février 2015 – www.leblogfinance.com

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