Grèce : concentration du secteur agricole au grand dam des petits exploitants

Nouveau fossé à prévoir en Grèce dans le domaine économique et plus particulièrement dans le secteur agricole. Ou quand la crise favorise la concentration, affaiblissant les plus pauvres et permettant aux plus riches d’acquérir des actifs à moindre coût.

Selon les chiffres fournis la police, près de 4.000 agriculteurs venus de tout le pays ont manifesté mercredi à Athènes, s’alarmant d’une situation qui pourrait conduire au final à une véritable disparition des petits exploitants. Les nouveaux impôts mis en place par le gouvernement via une réforme fiscale, les hausses du prix de l’essence, de l’électricité et des nouvelles réglementations pourraient en effet leur asséner le coup fatal.

Vangelis Boutsas, l’un des organisateurs de la manifestation l’affirme sans ambages : « les petites exploitations se battent pour leur survie. Les nouvelles mesures du gouvernement visent à nous faire vendre nos terres au profit des gros producteurs ».

« Non à la politique anti-agricole de l’Union européenne”, ont scandé pour leur part des agriculteurs, brûlant un drapeau européen. Protestant ainsi contre les mesures d’austérité réclamées par les créanciers internationaux de la Grèce.

Ces propos et manifestations font en effet suite au vote en décembre 2013 d’un projet de loi instaurant l’imposition des terres agricoles, des exemptions étant toutefois prévues, notamment pour les plus petites exploitations. Un fardeau supplémentaire à supporter alors que jusqu’à présent, les agriculteurs n’étaient imposés que sur leurs revenus. Et qui mine de rien pousse effectivement les plus pauvres à devoir se séparer de leurs terres, faute de trésorerie et de revenus suffisants pour surmonter de nouvelles charges totalement imprévues. Précisons également que ce nouvel impôt financier – d’un montant compris entre 5 et 25 euros par hectare –  sera dû par les agriculteurs … qu’ils cultivent ou non leur terre.

Alors que de nouvelles directives imposent également aux agriculteurs de tenir des comptes plus détaillés, ces derniers souhaitent parallèlement obtenir un régime de TVA plus favorable, des subventions sur le prix de l’essence et de l’électricité.

Mobilisé depuis plusieurs semaines, le secteur organise dans tout le pays des blocages de routes, sans que les négociations menées avec le ministère des Finances ne permettent d’aboutir à un accord à l’heure actuelle.

Sources : AFP, Euronews

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 20 février 2014

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