Grèce : vers une envolée des créances douteuses et la faillite des particuliers ?

Nouvelle fort inquiétante qui ne laisse rien présager de bon pour la suite à venir.

Selon les propos tenus dimanche dernier au quotidien grec Kathimerini par le directeur de la Banque Nationale de Grèce, fin 2012,  près d’un quart des crédits bancaires consentis en Grèce n’étaient pas remboursés.  Et ce, malgré de nombreux rééchelonnements.  Une manière  à peine voilée d’indiquer  que les créances douteuses  des établissements financiers grecs  devraient atteindre des sommes vertigineuses.

« Sur le total des banques, le taux de crédits non honorés était d’environ 23% fin 2012, et ce taux augmente, même si c’est à un rythme moins rapide »,   ainsi  précisé Alexandre Tourkolias.

Ce dernier ajoutant que la gravité de la situation avait été quelque peu amoindrie par le fait que les banques aient procédé « à des règlements sur quelque 800’000 prêts pour une somme totale d’environ 20 milliards d’euros ».

Un véritable cri d’alarme du secteur bancaire, face à la véritable position de cessation de paiement  des  particuliers grecs, dont les  difficultés, voire même l’insolvabilité devraient s’accroître  alors que baisse drastique des revenus, hausse des impôts et explosion du chomage demeurent leur quotidien, crise d’austérité « oblige ».

En tout état de cause, un épineux dossier qui figure à l’agenda des discussions entre les autorités et les représentants de la troïka (Union européenne-Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International) –  bailleurs de fonds du pays –  qui doivent se tenir début mars à Athènes, en vue d’examiner à nouveau les efforts de redressement  du pays.

Une situation qui pourrait conduire à un véritable effet boule de neige  …

Les media grecs indiquant  ainsi  que les particuliers grecs cumulaient  fin 2012 1,2 milliard d’impayés auprès d’Electricité de Grèce.

Parallèlement, les services fiscaux comptabilisaient quant à eux quelque 13 milliards d’euros non-perçus,  n’espérant recouvrir  que 8 milliards d’entre eux.

Selon une étude de la Fédération des PME de Grèce, plus de la moitié des foyers grecs sont  menacés d’insolvabilité en 2013. Tandis  que  selon le ministre du Travail, Iannis Vroutsis, près de 400 000  foyers seraient actuellement totalement dépourvus d’emploi.

Si, jusqu’à présent les autorités  avaient pu consentir des mesures de soutien aux Grecs en faillite, via notamment le gel des saisies de résidences principales,  les pressions des créanciers pourraient une  nouvelle fois  s’accentuer.

La  cure d’austérité d’ores et déjà infligée  au pays  par l’UE et le FMI a véritablement  anéanti toute son économie, fondé sur la consommation intérieure.

Rappelons par ailleurs qu’en deux ans, la Grèce a obtenu trois plans d’aide de l’Union européenne  et mis en place sept plans de rigueur …  la sulfureuse banque Goldman Sachs étant loin d’être étranger à toute l’affaire. Précisons que la firme US s’est fait notamment connaître du grand public via sa mise en oeuvre de produit dérivé financier pendant la crise des subprimes … et la crise de la dette grecque.

Ajoutons à ce cocktail d’ores et déjà explosif  que – et ce n’est pas un simple hasard – le  président de la Banque Centrale Européenne Mario Draghi (BCE), le Président du conseil italien Mario Monti et l’ancien premier ministre grec Lucas Papadémos appartiennent à ce que l’on surnomme le »gouvernement Sachs« européen.

N’oublions pas en effet que Mario Draghi fut ni plus ni moins vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe durant la période 2002-2005. Mieux encore : devenu « associé », il est chargé des « entreprises et pays souverains ». Une fonction qui le conduit tout droit à remplir une mission de toute première importance. A savoir : multiplier le nombre d’acquéreurs d’une pilule supposée miracle mais devenue à terme très difficile à avaler : le produit financier dénommé « swap » … lequel aura notamment pour « avantage » de permettre de dissimuler en partie de la dette souveraine.

En février 2010, alors que certaines rumeurs laissaient entendre que des banques américaines – et non des moindres – pourraient être derrière les spéculations visant la Grèce, le New York Times affirmait de son côté que des banques de Wall Street – telles que Goldman Sachs – auraient usé d’instruments financiers complexes en vue « d’aider » Athènes à dissimuler l’ampleur de sa dette. Des montages, précisait le journal, « de même ordre que ceux qui ont été à l’origine de la crise financière outre-Atlantique ».

Selon le New York Times, citant « des personnes au courant de la transaction », un montage élaboré par Goldman Sachs aurait ainsi permis en 2001 d’aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Un « soutien » qui serait intervenu quelques temps après l’adhésion d’Athènes à l’Union monétaire européenne.

Goldman Sachs n’ayant rien d’un philanthrope, la banque aurait rémunéré ses « services » à hauteur de quelque 300 millions de dollars. C’est en tout cas ce qu’affirmait alors le NYT citant « plusieurs banquiers au courant de la transaction ».

Certains affirmaient également alors que des banques US pourraient tirer les ficelles, histoire de plomber la zone euro. ….. et de pouvoir proposer à terme à la Grèce des emprunts à des taux prohibitifs.

Elisabeth Studer – 26 février 2013 – www.leblogfinance.com


Le Blog Finance