High tech: quand Carrefour se prend pour Amazon

Le rayon high-tech des supermarchés Carrefour s’est sensiblement étoffé ces dernières semaines : un smartphone, trois tablettes, deux liseuses, une montre connectée. Le tout sous la marque du géant mondial de la distribution, qui se donne des airs d’Amazon, son rival de l’Internet, en adoptant une stratégie digitale quasi identique. Elle repose sur deux piliers : une large gamme de produits technologiques et une offre de contenus diversifiée. Après un ballon d’essai en 2012 et la sortie d’une première tablette, le groupe accélère sur le marché des appareils connectés. Le message : l’innovation doit être accessible à tous. « Les grands généralistes reviennent dans la bataille », explique Yves Marin, senior manager chez Kurt Salmon. Avec trois objectifs : moderniser leur image, gagner de l’argent grâce aux volumes et placer leurs services en ligne.

Image rajeunie

Carrefour a procédé à un casting exigeant de fournisseurs : le français Bookeen pour la liseuse, le néerlandais Burg pour la montre connectée, le chinois Hisense pour le smartphone… Et le résultat est convaincant. La gamme tente d’offrir le meilleur rapport qualité-prix. Tous ses produits affichent des tarifs très compétitifs : 179 euros pour le Smart 5, le smartphone doté d’un écran de 5 pouces, 70 euros pour la première liseuse, 149 euros pour la tablette de 8 pouces… « Notre positionnement, c’est le milieu de gamme. Nous voulons être complémentaires avec les grandes marques », précise José Zdziech, directeur du développement des ventes. La cible ? « Les clients jeunes avec des produits design et les plus âgés qui ne veulent pas investir trop dans ce type de produits », poursuit-il.
 En se positionnant sur ce marché en pleine effervescence, Carrefour sert également sa stratégie marketing. Cette offre dynamise son image de marque. Michael Dahan, le patron de Bookeen, estime qu’il s’agit de « rajeunir une image ternie par le temps et permettre à Carrefour de reprendre la main ». Car ces produits concernent potentiellement toute sa clientèle. « Tous les acteurs ont leur chance désormais sur ce marché. Nous allons voir des sociétés françaises tirer leur épingle du jeu », affirme Philippe Torres, directeur conseil et stratégie digitale de l’Atelier numérique de BNP Paribas.

Outil marketing

Tout comme Amazon, Carrefour compte aussi sur cette famille d’appareils pour promouvoir ses services. Une série d’applications sont ainsi proposées sur ses machines. « Nous voulons rester en contact avec nos clients en intégrant nos applications », explique José Zdziech. A chaque acte d’achat, un écosystème. « Ils rajoutent ainsi une deuxième couche d’intelligence pour capter le plus de parts de marché, de l’audience, et fidéliser les clients », commente Philippe Torres. Ce que fait Amazon avec ses Kindle… Motus et bouche cousue sur les premières ventes. Mais, signe encourageant, le distributeur devrait étoffer sa gamme en 2014. Le succès de Wiko, le petit français qui s’est hissé sur la deuxième marche du podium des smartphones dans l’Hexagone, donne des idées. « Carrefour ne veut pas laisser filer la concurrence », analyse Michael Dahan. Et sa présence à l’international devrait lui permettre d’amplifier le mouvement. 

  >> LIRE : « Simwatch : la montre connectée de Carrefour au banc d’essai »


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