Japon : l’Agence des services financiers s’inquiète des taux négatifs

Où l’on reparle de l’impact – négatif … – des taux négatifs. Selon le journal japonais Nikkei, les autorités de régulation financière japonaises estiment que les taux d’intérêt négatifs adoptés par la Banque du Japon (BoJ) dans le cadre de sa politique monétaire seront à l’origine d’une ponction d’au moins 300 milliards de yens (2,65 milliards d’euros) sur les bénéfices 2016-2017 des trois grandes banques du pays. L’Agence des services financiers (FSA) a fait part de ses inquiétudes auprès de la BoJ, soulignant que cette baisse des bénéfices limitait la capacité des banques à octroyer des prêts.

Selon les estimations de la FSA, le bénéfice de Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) devrait ainsi être amputé de 155 milliards de yens du fait des taux négatifs. Celui de Sumitomo Mitsui Financial Group (SMFG) devrait quant à lui être réduit d’un montant pouvant aller jusqu’à 76 milliards et celui de Mizuho Financial de 61 milliards de yens.
Pour rappel, fin janvier, la Banque du Japon a fait basculer l’un de ses principaux taux d’intérêt en territoire négatif, sans que les investisseurs n’aient pu anticiper la chose. Raisons officielles de cette mesure : relancer l’économie et combattre la déflation alors que la croissance mondiale observe un ralentissement.
Fin juillet, la BoJ a pris de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire, avec le doublement de ses achats de fonds indiciels cotés (ETF). Elle n’a toutefois pas souhaité augmenter la valeur de ses taux d’intérêt négatifs, déclarant qu’elle allait mener une évaluation approfondie des effets de cette mesure.
Cet avis de la FSA intervient alors que la Banque Migros a récemment indiqué qu’elle n’excluait pas de répercuter sur ses clients privés les taux négatifs introduits par la Banque nationale suisse (BNS) en cas de maintien de la situation ou si l’institut d’émission décidait de les abaisser davantage.

Interrogé sur l’élément déclencheur qui pourrait inciter des banques de détail à répercuter les taux négatifs sur leurs clients, le président de la direction générale, Harald Nedwed a déclaré que cela dépendait du «seuil de douleur» que chaque établissement financier était capable de supporter, lequel est influencé par la structure entre les actifs et les passifs de la banque. Selon lui, si quelques banques commencent à introduire des taux négatifs pour la clientèle de détail, il est probable que certains clients tenteraient dans un premier temps de transférer leur argent vers les autres banques qui ne prélèvent pas encore des taux négatifs. « Ces dernières devraient alors adapter rapidement leur politique car aucun institut n’a envie d’accumuler des liquidités à court terme dans son bilan, coûteuses pour la banque en raison des taux négatifs » avait-il ajouté.

Sources : AFP, Le Temps, Nikkei

Elisabeth Studer – 17 aout 2016 – www.leblogfinance.com

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