La CGT à l’aube d’une nouvelle ère

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Au parc des expositions de Toulouse, on aperçoit de vieilles affiches des anciens congrès de la CGT. On voit des militants qui organisent des quêtes pour leurs camarades de Peugeot, en grève depuis dix semaines à Aulnay-Sous-Bois et ont récolté hier 6.692 euros. On voit de vieilles affiches, pour les plus anciens congrès de la CGT. Mais cette année n’est pas tout à fait comme les autres. Il s’agit du 50e congrès et il va se traduire par un changement à la tête du premier syndicat de France.

On entend des militants protester à la buvette: le thé servi est du Lipton, une marque conditionnée par Fralib, alors que les salariés de la filiale d’Unilever, qui luttent pour maintenir leur usine de Gemenos ouverte, sont présents. Mais l’essentiel se déroule ailleurs, sous la halle en béton à l’acoustique incertaine. Liberté syndicale, protection sociale, syndicalisme rassemblé, recrutement de nouveaux membres, idéalement parmi les jeunes, place des retraités dans le syndicat…

Ceux qui jugent que la la CGT n’est plus assez à gauche

Tout est abordé pêle-mêle, avec une TRES large place accordée à l’accord national interprofessionnel du 11 janvier sur la compétitivité et l’emploi, auquel la CGT s’est violemment opposée. Malgré la tentative de la commission d’établir un ordre du jour, et les fréquents rappels à l’ordre des présidents de séances sur le temps de parole, peu de militants se tiennent véritablement au programme annoncé, ils veulent être entendus coûte que coûte. Quitte à répéter ce que d’autres camarades ont déjà dit…

Parmi ceux qui prennent la parole, un grand nombre déplorent, implicitement, un syndicat trop lisse, pas assez ancré à gauche, et au fonctionnement insuffisamment fondé sur sa base. Mais, comme le souligne Bernard Thibault, « il y a un décalage entre l’ambiance du débat et le vote, qui n’est pas proportionnel aux décibels dans la salle : le rapport d’activité à été adopté à 87%, c’est 7 % de mieux qu’au précédent congrès ».

Instaurer la parité public/privé dans les instances dirigeantes

En fin d’après-midi, le congrès va élire les membres de la commission exécutive, l’une des principales instances dirigeantes de la CGT. Demain, une fois élue, la nouvelle commission désignera les membres du bureau confédéral, l’équipe qui travaillera avec Thierry Lepaon. Le futur secrétaire général, qui doit prendre officiellement ses fonctions ce week-end, a proposé que le nombre de membres du bureau soit élargi de 8 à 10. Il a affirmé vouloir faire en sorte que la parité hommes/femmes soit respectée (ce qui était déjà le cas), mais aussi la parité entre représentants du publics et du privé.

Le premier syndicat de France va avoir du pain sur la planche. Il a appelé à une journée d’action courant avril contre la loi issue de l’accord compétitivité-emploi. En attendant le débat à l’Assemblée, des représentants vont sensibiliser les députés aux incidences de l’accord. « En moyenne, un rendez-vous dans une permanence de député, ça dure vingt minutes. Nous, nous restons entre une heure et une heure et demie », raconte Thierry Lepaon. « Ils ouvrent de grands yeux tout ronds… La loi sans doute votée mais entré le projet et ce sur quoi ils vont travailler aujourd’hui, il y a eu de grandes avancées ».


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