Le cours de l’or plombé par des craintes sur la demande de la Chine et l’Inde

Le cours de l’or aura poursuivi sa baisse cette semaine, l’once atteignant jeudi 1.160,73 dollars, son plus bas niveau depuis 10 mois.

Le métal précieux pâtit toujours de la vigueur du dollar et des perspectives d’une éventuelle décision de la Fed (Réserve fédérale américaine) en faveur d’une hausse de ses taux directeurs, des doutes concernant la demande de l’Inde et de la Chine amplifiant le phénomène baissier.

Les investisseurs parient de plus en plus sur une décision imminente de la Fed en vue d’éviter une inflation trop importante, l’économie américaine semblant – officiellement – reprendre de la vigueur, et Donald Trump, le vainqueur des élections US ayant promis une politique d’investissement. Or, une telle mesure de la Réserve fédérale devrait renforcer le dollar et diminuer l’attrait des marchés pour l’or et ses qualités de valeur refuge.

Certains analystes notent toutefois que dans le cas où la politique de Donald Trump devait mener à une inflation plus forte, l’or pourrait retrouver quelques intérêts aux yeux des investisseurs. Ils estiment en effet que tant que les taux d’intérêt réels (corrigés du taux d’inflation) restent bas, l’or demeurera intéressant. Ils rappellent qu’à la fin des années 1970, dans un contexte de forte inflation avec des taux d’intérêts supérieurs à 8%, l’or avait connu l’une de ses plus fortes hausses historiques.

Les marchés s’interrogent également sur le niveau de la demande physique. Alors que durant les dernières semaines écoulées, les cours avaient souffert d’une potentielle limitation de la vente d’or en Inde, la Chine pourrait à son tour prendre de semblables mesures. Des rumeurs concernant le durcissement de la politique indienne en matière d’importation d’or suscitent l’inquiétude de certains observateurs depuis quelques semaines, ces derniers redoutant qu’une telle annonce entraîne une prochaine chute des cours.

Désormais, des analystes de Natixis observent que des banques exerçant en Chine ont eu des difficultés à obtenir les autorisations pour importer de l’or dans le pays. Ils avertissent d’ores et déjà que si la Chine et l’Inde – deux pays qui représentent la moitié de la demande mondiale d’or – restreignent leurs importations, le prix de l’once d’or devrait en pâtir. L’Inde achète en effet jusqu’à 1000 tonnes d’or chaque année, au deuxième rang mondial juste après la Chine.

Afin de lutter contre l’économie souterraine estimée à au moins un quart de l’économie globale du pays et qui pénalise grandement ses recettes fiscales, le gouvernement indien a décidé d’interdire l’utilisation des billets de 500 et 1000 roupies, deux coupures les plus prisées par les Indiens qui représentent 80% de la monnaie en circulation. Rappelons qu’en Inde, les transactions s’opèrent encore très largement en cash, y compris pour des achats aussi importants que des biens immobiliers. Or, ces sommes acquittées sans aucune trace écrite sont ensuite le plus souvent « blanchies » en étant peu à peu converties en or, phénomène à l’origine d’une importante demande de métal jaune durant ces dernières décennies.  La mise au rebut de ces billets devrait donc de facto grandement diminuer la demande physique d’or.

Au final, sur le London Bullion Market, l’once d’or a terminé à 1.173,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.187,70 dollars en fin de semaine dernière.

Sources : AFP, LBM, Economiematin

Elisabeth Studer – 4 décembre 2016 – www.leblogfinance.com

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