Le PS souhaite mettre un terme au « débat fiscal »

A la veille de la présentation du budget, la fiscalité s’est imposée comme le sujet phare des journées parlementaires PS, avec une volonté commune des principaux responsables de calmer les troupes sur ce « satané » débat, Jean-Marc Ayrault affirmant avoir été « obligé » d’augmenter les impôts.

Si devant micros et caméras une série d’élus socialistes réunis à Bordeaux ont clamé qu’aucun Français de leur circonscription ne leur parlait feuille d’impôt et ont insisté sur la pédagogie des mesures engagées, en coulisses le discours était tout autre. Fiscalité et pouvoir d’achat sont des thèmes omniprésents à six mois des municipales.

« J’assume d’avoir été obligé d’augmenter les impôts », a lancé à la tribune le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, martelant que la politique « cohérente » du gouvernement est « toute entière au service des Français » et ne combine pas « un zeste de politique de gauche et le reste qui serait une politique classique et libérale ». « Nous revendiquons que l’impôt, c’est pour financer des priorités », a-t-il insisté, peu après avoir écarté dans la presse tout recours à une CSG progressive dans le budget 2014, demandée par certains élus.

Et d’avertir les troupes socialistes contre le risque d’aller « sur le terrain de la droite et de l’extrême droite » ainsi que contre les « ambitions personnelles et jeux d’ego ». Pour le ministre délégué à l’Economie sociale, Benoît Hamon, la gauche au pouvoir sera « jugée sur l’inversion de la courbe du chômage, le reste c’est du bla bla ».

Dans un discours offensif, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a appelé à en « finir avec ce satané débat » sur la fiscalité, possible « boulet » alors que le parti entre « en campagne électorale » pour les municipales et européennes.

« On ne solde pas un débat en l’éludant » mais « encore moins en l’embrouillant », a lancé Claude Bartolone, qui a fustigé « le sentiment de zigzag que nous donnons en cette rentrée, et qui accrédite la thèse du matraquage fiscal énoncée par la droite ».

Jouer plus collectif pour « valoriser les réformes »

Le président du groupe PS à l’Assemblée, Bruno Le Roux, a lui sommé ses troupes de ne plus mener les débats « par les bordures » et de jouer plus collectif pour « valoriser » les réformes.

Inlassablement, l’un des animateurs de la Gauche Populaire, le député Laurent Baumel, a martelé à Bordeaux que « le gouvernement doit mieux entendre les demandes des classes populaires et moyennes sur le pouvoir d’achat », sous peine de voir le FN accéder au second tour de la présidentielle de 2017. « On peut voter le budget sans être des godillots », a-t-il lancé.

Si la baisse annoncée à 5% de la TVA sur la rénovation thermique a été saluée par divers élus persuadés qu' »elle va bénéficier au pouvoir d’achat et aux artisans », les niches fiscales pour les parents d’enfants scolarisés dans le secondaire ou le supérieur ou pour les veuves et veufs sont dans le viseur de députés.

Le ministre des Finances Pierre Moscovici a d’ailleurs ouvert la porte à un maintien de la niche fiscale pour les parents d’enfants scolarisés, affirmant que le gouvernement est « à la disposition » des groupes parlementaires socialistes sur ce sujet, à la faveur du « dialogue » sur le budget.

« La suppression de la niche fiscale pour les parents d’enfants scolarisés va être très difficile à faire passer pour le gouvernement », a pronostiqué lundi soir en privé un membre important de la commission des Finances.

Le CICE, cible de critiques

Autre cible de critiques, le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), que certains élus voudraient cibler sur les entreprises les plus exposées à la concurrence internationale. « Ces milliards profitent à La Poste, à la grande distribution, ou à l’hôtellerie, nous manquent et nous obligent à faire des choix encore plus contraints », a notamment lancé Pascal Cherki, un membre de l’aile gauche, décidé, comme d’autres tels que Razzy Hammadi, à remettre le sujet sur le tapis lors du débat budgétaire.

Le numéro un de la CFDT Laurent Berger a lui appelé dans un message vidéo à « une réelle réforme fiscale de grande ampleur » et à « sortir d’une vision punitive de l’impôt » alimentée par « l’instabilité des règles et les atermoiements politiques ».


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