Le Sénégal se félicite de l’arrivée de Total dans le pétrole sénégalais

Rapprochement entre France et Sénégal sous forte odeurs de pétrole. Alors que François Hollande s’est engagé mardi à faciliter l’octroi de la nationalité française aux tirailleurs sénégalais, ces soldats d’Afrique subsaharienne qui ont combattu dans les rangs de l’armée française, le président de la République sénégalais, Macky Sall, en visite d’Etat en France, a indiqué en parallèle que la perspective d’une intervention du géant pétrolier français Total dans l’exploitation du pétrole off-shore sénégalais était un point « positif » pour le Sénégal.

Macky Sall a ainsi déclaré que le fait que Total veuille exploiter l’off-shore sénégalais constituait un point positif pour le Sénégal. Ajoutant toutefois que les conditions de cette intervention restaient à définir selon les dispositions du Code pétrolier sénégalais. Pour Macky Sall, l’intervention de Total sera « un plus » pour le Sénégal.

Le chef de l’Etat sénégalais s’exprimait ainsi dans le cadre de la signature d’un accord de coopération entre le Sénégal et Total pour le pétrole off-shore profond, accord signé par Momar Nguer de Total et Thierno Alassane Sall, ministre de l’Energie. A noter que depuis avril 2016,Momar Nguer, sénégalais a été promu du poste de directeur Afrique – Moyen-Orient  Marketing & Services au poste de directeur général de la branche Marketing & Services et membre du Comité exécutif du Groupe Total.

Macky Sall a tenu à préciser à ce sujet que l’entrée de Total dans l’exploration du pétrole sénégalais ne remettait pas encore en cause les accords signés précédemment avec les autres firmes pétrolières.

Outre l’accord avec Total, le Sénégal et la France ont signé mardi à un protocole de 193 millions d’euros destinés à accompagner la réalisation du projet du Train express régional (TER), devant rallier Dakar  au nouvel Aéroport International Blaise Diagne  (50 km) qui devrait ouvrir ses portes dans les mois qui viennent.

La cérémonie de signature a eu lieu à l’Elysée à l’occasion de la visite d’Etat qu’effectue le chef de l’Etat sénégalais depuis dimanche en France. Au total, le Sénégal et la France ont signé 7 protocoles ou accords dans différents secteurs.

– Le pétrole découvert au Sénégal intéresse la France 

Fin septembre, Manuel Valls, alors premier ministre, avait d’ores et déjà affirmé sans ambages dans le cadre d’une émission de la TV sénégalaise «Questions directes» que « le pétrole découvert au Sénégal intéresse la France». Une déclaration prononcée à l’issue d’une visite officielle au Sénégal et l’annonce faite en janvier dernier par le chef de l’Etat sénégalais de la découverte d’un important gisement de gaz naturel, dans une zone de prospection située dans la partie nord du permis de Saint-Louis offshore profond.

Cette découverte jugée significative est considéré comme le plus important gisement en Afrique de l’Ouest, car étant constitué d’une large structure répartie de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, avec des réserves estimées à 450 milliards de m3. Elle fait suite à une découverte de la société Cairn Energy, datant de 2014 et consistant en un gisement de pétrole dans la zone de prospection de Sangomar offshore profond, à 1.427 mètres de profondeur, au large de Foundiougne, dans le centre-ouest du Sénégal.
Cairn Energy avait estimé ces réserves entre 250 millions et 2,5 milliards de barils, mais en août 2016, Cairn Energy a revu à la hausse les réserves du champ SNE, situé sur le bloc Sangomar Offshore Profond. Selon le groupe écossais, elles pourraient dépasser 2,7 milliards de barils.

Cairn Energy exploite trois blocs d’exploration pétrolière au Sénégal (Sangomar profond, Sangomar et Rufisque), dont il détient 40% des parts, aux côtés de l’australien FAR (15%) et de la compagnie nationale pétrolière sénégalaise Petrosen (10%) et de l’australien Woodside qui a récemment acquis les parts de l’Américain Conoco Philips (3%) au grand dam de FAR qui se prévaut d’un droit de préemption sur ces actifs.

– Le Sénégal au coeur du projet gazoduc transafricain   Nigeria/Maroc

Début décembre, dans une vidéo publiée sur le compte Twitter de la présidence nigériane, le ministre des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, a confirmé qu’un projet d’extension d’un gazoduc transafricain qui ira du Nigeria au Maroc, pour se poursuivre jusqu’en Europe, était en discussion entre les deux pays. Confirmant ainsi l’information publiée par le site marocain spécialisé Economie-entreprises. Ce projet pourrait ainsi damer le pion à la Russie, principal fournisseur de gaz de l’Union européenne. Le chef de la diplomatie nigériane a par ailleurs indiqué qu’il s’agissait d’ un pipeline destiné au transport de gaz qui allait « traverser toute la côte ouest africaine jusqu’au Maroc et éventuellement l’Europe ».

Pour rappel, les autorités nigérianes ont déjà mis en place une pipeline gérée par la West African Gas Pipeline Company Limited (WAPCo), dont la vocation principale est  d’assurer le transport du gaz naturel depuis le Nigéria vers les marchés du Bénin, du Togo et du Ghana ». Le coût de ce gazoduc, opérationnel depuis 2010, et dont la construction avait débuté en 2005, est estimé à 974 millions de dollars.

L’objectif du projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigeria serait donc d’étendre ce pipeline – lequel ne traverse actuellement que quatre pays ( Nigéria, Bénin, Togo et Ghana) – vers le Maroc en passant par Dakar, la capitale sénégalaise. Le projet d’extension du pipeline vers le Sénégal a  été validé par la CEDEAO ( Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest).

En août 2016, à l’occasion de l’atelier sur la validation du rapport final provisoire relatif à l’étude de faisabilité pour l’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO) qui s’est tenu à Dakar, Mor Ndiaye Mbaye, Directeur de Cabinet du Ministre de l’Energie et du Développement des Energies Renouvelables du Sénégal, a indiqué que « la diversification des sources d’énergies et le recours aux énergies propres répondant aux enjeux environnementaux constituaient un défi important » pour la région et pour le Sénégal en particulier.

Il a ajouté que « les efforts déployés par le Sénégal pour améliorer sa situation énergétique ont permis entre autres de faire des découvertes importantes de gaz naturel, dont l’exploitation pourra permettre au pays de renforcer sa production d’électricité et d’exporter le gaz naturel vers les autres Etats de la région. » Face à une telle opportunité pour le Sénégal, il a salué cette initiative de la CEDEAO qui permettra selon lui de renforcer le développement du secteur énergétique dans la région.

A noter qu’étaient présents à cet atelier de validation, des experts venus des pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sierra Léon, Togo et Sénégal. Tout le monde souhaitant profiter du gâteau …

Ce projet est d’ «autant plus justifié que notre région regorge d’importantes quantités de gaz naturel dont le Nigéria à lui seul détient 90% des recettes et 30% des réserves d’Afrique, sans oublier le Ghana et la Côte d’Ivoire qui sont déjà des producteurs-consommateurs de gaz naturel», a plaidé à cette occasion Morlaye Bangoura commissaire en charge de l’énergie et des mines de la commission de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).
En vue de conforter ses propos, il a par ailleurs invoqué «les récentes découvertes d’importants gisements de gaz naturel au Sénégal, au Niger, de même que l’exploitation prochaine de nouvelles découvertes en Côte d’Ivoire et au Ghana laissent augurer d’un avenir prometteur pour cette source d’énergie dans notre région».

Selon Economie-entreprises, le Maroc a déjà pu obtenir l’adhésion de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest pour ce projet estimé à plusieurs milliards de dollars. Le média marocain affirme également que Rabat et Abuja devaient signer prochainement un mémorandum d’entente pour la construction du gazoduc.

Mohammed VI semble ainsi devancer l’Algérie, pays qui a entamé en 2002 des négociations avec le gouvernement nigérian en vue d’un projet similaire à travers le Sahel. Mais le projet est toutefois demeuré lettre morte pour des raisons de financement et de sécurité.

Sources : APS, Seneweb, Presse marocaine

Elisabeth Studer – 20 décembre 2016 – www.leblogfinance.com

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