Les hôteliers franciliens vent debout contre une nouvelle taxe de séjour

L’adoption jeudi 26 juin par l’Assemblée nationale d’une nouvelle taxe de séjour spécifique à l’Ile-de-France de deux euros par nuitée destinée à financer les transports en commun a été saluée par la Région et vilipendée par les hôteliers.

Le président PS du Conseil régional, Jean-Paul Huchon, s’est « réjoui » de ce vote, qui a obtenu notamment des voix de députés UMP, et a bénéficié du soutien clair de Claude Bartolone, président de l’Assemblée.

« En s’en remettant à la sagesse de l’Assemblée, le gouvernement confirme ainsi son engagement dans l’amélioration des transports des 12 millions de Franciliens », a fait valoir Jean-Paul Huchon dans un communiqué.

Cette taxe devrait rapporter 140 millions d’euros, et correspond ainsi quasiment au montant de ressources nouvelles (150 millions d’euros) que le gouvernement s’était engagé à trouver en signant en juillet 2013 un protocole de financement des transports en Ile-de-France.

« c’est une mesure cohérente, car les 40 millions de touristes annuels en Ile-de-France sont nombreux à utiliser les transports: l’activité touristique francilienne contribuera ainsi à l’amélioration de sa propre compétitivité », a assuré Jean-Paul Huchon.

A l’inverse, les professionnels du secteur, qui avaient d’ailleurs reçu le soutien de Fleur Pellerin, ministre du Tourisme, sont montés au créneau contre cette taxe.

Un « point de rupture dans le dialogue »

« Nulle part ailleurs dans le monde, les transports sont financés par une quelconque taxe sur le tourisme », a réagi Roland Héguy, président l’Umih, principale organisation patronale de l’hôtellerie, dans un communiqué.

« Pour l’Umih, ce vote est un point de rupture dans le dialogue entre les professionnels et les pouvoirs publics. (…) Nous saurons en tirer les conséquences et nous envisagerons des actions susceptibles de manifester notre colère », a promis Roland Héguy, qui se dit « scandalisé et en colère ». Il rappelle qu’une autre taxe de séjour concernant la France entière a été créé mercredi soir soit « deux taxes en moins de 24 heures, sans concertation, pour un secteur créateur de richesses, c’est une première et c’est totalement irresponsable ».

Pour « Alliance 46.2 », structure qui regroupe 19 entreprises intervenant dans le tourisme, « en instaurant une surtaxe uniforme (dans) la première région touristique française, c’est d’abord à l’hôtellerie économique que l’on s’en prend, (qui) accueille une part importante des touristes chinois qui constituent précisément une cible stratégique ».

Une taxe qui « écorne l’attractivité »

« La seule annonce de cette surtaxe a déjà fait réagir plusieurs de nos partenaires voyagistes étrangers et écorne l’attractivité de notre pays. (…) C’est un signal extrêmement négatif que la France envoie à ses clients étrangers et nous savons d’expérience que ses effets seront durables », a regretté Alliance 46.2 dans un communiqué.

« C’est de la folie pure et simple », a déploré Didier Chenet, co-président du GNI, qui regroupe trois organisations de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés (Synhorcat, la CPIH et la Fagiht).

« A l’heure où le tourisme est une cause nationale, où Laurent Fabius clôture les Assises du tourisme en disant que rien ne sera fait sans la concertation avec les professionnels, on vote cette taxe de séjour (…) Comment voulez-vous que la France soit compétitive? », s’est interrogé Didier Chenet qui promet « une levée de boucliers ».

(Avec AFP)


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