L’Etat veut reprendre la main sur le nucléaire

Depuis sa nomination au ministère de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot enchaîne les désillusions. L’annonce, début novembre, du renoncement à l’objectif des 50% de nucléaire dans la production d’électricité à horizon 2025 fut l’acmé de sa jeune vie de ministre. L’ancien présentateur d’Ushuaïa se devait donc de reprendre la main. Il l’a fait dans le Financial Times en s’attaquant à Jean-Bernard Lévy. Le PDG d’EDF n’est pas nommément cité, mais c’est bien lui qui est visé. Nicolas Hulot veut qu’EDF accélère sa transition vers les renouvelables, faute de quoi un changement de gouvernance chez l’électricien n’est pas à exclure. ” C’est compliqué quand l’opérateur EDF ne fournit pas son propre scénario pour remplir les objectifs “, a déclaré le ministre.

Dispositif à amender

L’électricien, dont l’Etat est actionnaire à 83,4%, traîne les pieds sur le nucléaire. Jean-Bernard Lévy a ainsi déclaré qu’à l’horizon 2050, il prévoyait de construire « 30, 35, ou 40 EPR nouveau modèle ». Quant à la centrale de Fessenheim (Haut- Rhin), que François Hollande avait promis de fermer fin 2016, elle tourne toujours. La faute à Jean- Bernard Lévy? Pas vraiment. Certes, le PDG joue la montre mais la loi le lui permet. En France, c’est EDF et non l’Etat qui demande l’abrogation d’exploitation d’une centrale. C’est ce dispositif que Nicolas Hulot souhaite amender. « Maintenant, il y a une différence, c’est que je demande un plan précis à EDF, affirme-t-il. EDF a deux priorités : gérer les centrales nucléaires et développer les renouvelables. Est-ce que la structure actuelle d’EDF est la bonne pour relever ces défis au XXIe siècle? Une réflexion est à mener. »

Il reste à EDF à accélérer dans les renouvelables. Dans son plan Cap 2030, l’électricien prévoit un doublement des capacités dans les énergies nouvelles, à 50 gigawatts. Mais le développement a lieu surtout hors de l’Hexagone : seulement 200 mégawatts ont été rajoutés l’an dernier en France. L’entourage de Jean-Bernard Lévy souligne que « c’est notre pays qui est retard (en raison des lourdeurs administratives et des recours des opposants, NDLR) et non EDF. » Mi-novembre, Edouard Philippe a déclaré à l’Assemblée nationale que le groupe investirait 2 milliards d’euros par an d’ici à 2020 dans les énergies renouvelables. Mais le Premier ministre n’a pas précisé la part qui serait dévolue à la France.

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