Livret A : exit la réforme pour orienter l’épargne vers les entreprises ?

François Hollande ne tiendrait-il pas ses promesses de campagne concernant le livret A ? C’est en tout cas ce que laisse entendre le Journal du Dimanche en ce jour d’élections européennes. Rien n’est jamais fortuit ici-bas ….

Selon le journal, le gouvernement devrait en effet enterrer la réforme, et ne pas relever – comme promis lors des présidentielles – son plafond à 30.600 euros.

Rappelons que si François Hollande s’était engagé à doubler le plafond du livret A, ce dernier a certes été augmenté à deux reprises, mais selon des taux de progression nettement moins importants : 25% au 1er octobre 2012 puis encore 25% au 1er janvier 2013.
Désormais, sa valeur est fixée à 22.950 euros contre 15.300 euros fin septembre 2012.

Raisons invoquées pour le gouvernement pour justifier cette petite « adaptation » des promesses électorales : selon une source du ministère des Finances, citée par le journal, les besoins de financement des HLM sont largement couverts par le livret A ». Mais surtout, le gouvernement souhaiterait « plutôt orienter l’épargne vers les entreprises ». Cela a au moins le mérite d’être clair …

Il est vrai que le journal du Dimanche rappelle lui aussi que les banques, la Caisse des dépôts qui gère les fonds et les HLM s’accordent d’ailleurs sur l’absence de nécessité d’un tel relèvement.

Précisons enfin que le ministre des Finances Michel Sapin doit réunir dans quinze jours un « comité pour la place financière de Paris à horizon 2020″, lequel devrait plancher sur les questions d’épargne et de leur utilisation.

En juin 2012, la perspective d’une augmentation du plafond du Livret A – le produit d’épargne le plus répandu en France –  de 15.300 à 30.600 euros avait entraîné de vives inquiétudes du côté des assureurs. Le directeur général de Groupama, Thierry Martel, avait alors estimé que le doublement du plafond pourrait détourner 30 à 40 milliards d’euros de l’assurance-vie. Reconnaissant toutefois que, sur un encours d’assurance-vie de 1.300-1.400 milliards d’euros, il s’agissait de « sommes raisonnables ».

Ses inquiétudes concernaient alors en priorité la destination de ces 30 ou 40 milliards d’euros. Selon lui, alors que le financement des PME et plus largement des entreprises est primordial, les dépôts de sommes supplémentaires sur le Livret A détournerait une partie de l’épargne de l’investissement productif.

Le Premier ministre alors en poste, Jean-Marc Ayrault, avait indiqué parallèlement que les sommes ainsi dégagées devraient permettre la construction de davantage de logements sociaux, tout en aidant le financement des PME.

Des représentants du secteur bancaire avaient d’ores et déjà pointé du doigt des risques liés au financement de l’économie en cas de réalisation de cette promesse de campagne de François Hollande.

Le cabinet Roland Berger estimait ainsi quant à lui que le doublement du plafond du Livret A et du Livret de développement durable conduirait à un transfert d’épargne de 50 milliards d’euros environ. «Ce qui reviendrait à annuler les efforts des banques françaises sur 2011 pour renforcer leurs encours de dépôts et d’épargne non réglementée dans le cadre de Bâle III », selon les analystes du cabinet.

Selon eux , les banques devront faire face à un surcoût de 480 à 730 millions d’euros pour compenser le manque de ressources.

Alors entre les promesses électorales et les banques, le gouvernement aurait vite choisi …

Sources : Le Journal du Dimanche, AFP

Elisabeth Studer – 25 mai 2014 – www.leblogfinance.com


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