Marchés américains : Wall St craint la récession avec l'inversion de la courbe

par Wilfrid Exbrayat

PARIS, 27 mars (Reuters) – Wall Street a terminé en baisse mercredi, une inversion de la courbe des rendements obligataires américains faisant craindre une récession si elle se prolongeait.

Cette courbe s’est inversée vendredi pour la première fois depuis 2007 mais le rendement de l’emprunt à 10 ans a un peu remonté après avoir touché un plus bas de 15 mois, les investisseurs n’oubliant pas que les banques centrales de la planète sont plutôt portées à être accommodantes en ce moment.

L’indice Dow Jones a cédé 32,14 points, soit 0,13%, à 25.625,59 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 13,09 points (0,46%) à 2.805,37 points. Le Nasdaq Composite a laissé 48,15 points, soit 0,63%, à 7.643,38 points.

« La courbe inversée c’est ce qui inquiète les investisseurs et c’est pourquoi ça vend », a dit Alan Lancz (Alan B. Lancz & Associates). « C’est tout à fait un indicateur d’une économie qui ralentit et personne ne sait si ça ira jusqu’à la récession; mais ça obligera le marché à faire une pause ».

Le ralentissement de la croissance économique est devenu une donnée évidente à prendre en compte pour les investisseurs depuis la volte-face de la Réserve fédérale sur les taux et les médiocres statistiques manufacturières de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon.

La Banque centrale européenne (BCE) est elle-même disposée à repousser encore un premier relèvement de ses taux d’intérêt si nécessaire et elle peut envisager des mesures permettant d’atténuer les effets secondaires indésirables des taux négatifs, a déclaré ce mercredi son président Mario Draghi.

Le volume a été de 6,97 milliards de titres échangés contre 7,64 milliards en moyenne sur les 20 séances précédentes.

VALEURS

Tous les indices sectoriels S&P, sauf un, ont terminé dans le rouge. L’indice des industrielles est parvenu à grappiller un gain de 0,11%.

Le constructeur de résidences de luxe Lennar a gagné près de 4%, le marché ayant salué le fait qu’il pressent une amélioration du marché immobilier. Il a permis à l’indice immobilier de prendre 1,63%.

L’indice des semi-conducteurs de Philadelphie a perdu 1,5%, réagissant à l’avertissement lancé par l’allemand Infineon sur son chiffre d’affaires annuel.

L’action Boeing, qui dérivait à la baisse, s’est retournée et finit sur un gain de 1,03%; l’avionneur ayant dévoilé ce mercredi une mise à jour logicielle destinée à ses 737 MAX après la catastrophe d’Ethiopian Airlines.

Centene a laissé 5%, l’assureur maladie ayant annoncé le rachat de son concurrent WellCare Health Plan (+12,3%) pour plus de 15 milliards de dollars.

LES INDICATEURS DU JOUR

La bonne nouvelle économique du jour pour les Etats-Unis est que le déficit commercial des Etats-Unis s’est réduit plus fortement qu’attendu en janvier, à la faveur notamment d’une hausse des achats de soja par la Chine, ce qui a permis un rebond des exportations après trois mois consécutifs de baisse.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé stables ou en légère baisse mercredi, la progression du secteur bancaire ne suffisant pas à soutenir les actions dans un environnement macroéconomique marqué par les craintes sur la croissance mondiale et la baisse des taux longs.

À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,12% à 5.301,24 points, après être monté auparavant jusqu’à 5.340. Le Footsie britannique a abandonné 0,03% et le Dax allemand a fini à l’équilibre. L’indice EuroStoxx 50 a grappillé 0,08%, le FTSEurofirst 300 0,12% et le Stoxx 600 0,02%.

Le secteur bancaire a enregistré une progression de 0,8% en réaction à la réflexion en cours à la BCE pour compenser les effets secondaires des taux négatifs pour les banques.

TAUX

Les déclarations de la BCE mais aussi de la banque centrale de Nouvelle-Zélande, qui a annoncé contre toute attente que sa prochaine décision sur les taux serait sans doute de les réduire, ont pesé sur les rendement.

En Europe, l’Allemagne a ainsi placé de la dette avec un taux de rendement négatif pour la première fois depuis 2016.

Les Treasuries ont monté sensiblement depuis le changement de cap de la Fed et les traders des futures de taux évaluent à 64% la probabilité d’une baisse des taux d’ici décembre, selon le baromètre FedWatch de CME Group.

Le rendement à 10 ans ressortait à 2,382%, en baisse de trois points de base, après être tombé à 2,352%, au plus bas depuis décembre 2017.

Le spread inversé entre le bon à trois mois et l’obligation à 10 ans s’est accru à 10 points de base avant de revenir à six points.

Le Trésor américain a placé pour 41 milliards de dollars de papier à cinq ans, suscitant une forte demande, après le succès la veille d’une adjudication de 40 milliards de dollars d’obligations à deux ans. Il vendra pour 32 milliards de papier à sept ans jeudi.

CHANGES

Les déclarations de la Banque de Réserve de Nouvelle-Zélande ont logiquement pesé sur la monnaie locale qui a touché un plancher de sept semaines face à son homologue américaine.

Le ralentissement économique mondiale et le nouveau langage de la Fed font qu’une détente monétaire n’est plus considérée comme possible en Asie mais dorénavant probable.

Le « kiwi » (dollar NZ) perdait 1,58% et son équivalent australien 0,67%.

PETROLE

Les cours du pétrole ont terminé en baisse mercredi sur le Nymex, le brut texan ayant mal réagi à une hausse inattendue des stocks de brut américains la semaine dernière.

Ces stocks ont augmenté de 2,8 millions de barils à 442,28 millions alors que les économistes les attendaient en moyenne en baisse de 1,2 million de barils.

De nouvelles perturbations dans les exportations vénézuéliennes ont toutefois permis de réduire les pertes, en particulier celles du Brent.

A SUIVRE JEUDI 28 MARS :

Première estimation de l’inflation de mars en Allemagne, à 14h00, et chiffres définitifs du PIB américain du quatrième trimestre 2018 à 13h30. (Avec Shreyashi Sanyal et Amy Caren Daniel, Caroline Valetkevitch, Karen Brettell, Kate Duguid et Saqib Iqbal Ahmed)


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