North Stream 2 : le russe Gazprom renvoie l’UE dans ses buts

La bataille des pipelines reprendrait-elle de la vigueur ? Cela y ressemble … A moins qu’au final, elle ne se soit réellement jamais arrêtée. Quoiqu’il en soit, le géant gazier russe Gazprom a remis la Commission européenne dans ses buts, alors que cette dernière avait émis le souhait que des négociations soient mis en œuvre avec elle au sujet du gazoduc North Stream 2 (ou Nord Stream).

Lors d’une conférence de presse suivant l’assemblée générale des actionnaires du groupe pétrolier et gazier russe, son directeur général, Alexeï Miller a martelé qu »‘aucun régime particulier » n’était nécessaire pour le projet.

Ces propos interviennent alors que début juin, la Commission européenne a formellement demandé au Conseil de l’UE de lui accorder un mandat pour discuter avec les autorités russes afin que ce projet « soit exploité de façon transparente et non discriminatoire ». L’exécutif avait préalablement ouvertement montré son opposition à la construction de ce gazoduc à travers la mer Baltique.

Pour rappel, le projet North Stream 2 a pour objectif de doubler d’ici fin 2019 les capacités du gazoduc North Stream 1. Il doit en particulier permettre d’acheminer du gaz russe directement en Allemagne sans passer par l’Ukraine. Son tracé sous la mer devrait lui permettre en théorie de s’affranchir de la juridiction de Bruxelles. Sa capacité totale sera de 55 milliards de mètres cubes par an.

Alexeï Miller a également fait valoir que les deux pipelines étaient identiques d’un point de vue technique, suivant le même trajet. Il s’est dit par ailleurs convaincu que North Stream 2 serait construit dans les délais prévu. Laissant ainsi entendre que les tentatives de Bruxelles pour ralentir voire bloquer le projet n’auraient aucun effet sur la partie russe et la tenue des objectifs fixés par Gazprom.

Défendu par l’Allemagne, le projet du dédoublement du pipeline est vivement critiqué par plusieurs pays de l’est de l’Europe, et tout particulièrement par la Pologne. Les vives tensions entre l’Union Européenne et la Russie liées au conflit en Ukraine n’arrangeant rien à l’affaire.

A noter également que le projet d’un montant de 9,5 milliards d’euros a été retardé par l’opposition de pays européens tels que la Pologne, qui ont contraint les sociétés intéressées à revoir leur montage financier.

En avril 2017, les entreprises énergétiques Engie (France), OMV (Autriche), Shell (Royaume-Uni/ PaysBas) , Uniper (ex-EON/ Allemagne ) et Wintershall (BASF / Allemagne) ont conclu un accord avec le géant gazier russe Gazprom sur le financement de North Stream 2. Aux termes de l’accord, les partenaires européens investiront 50% du coût total du projet. La contribution de chacune des sociétés s’élèvera ainsi à 950 millions d’euros et prendra la forme de crédits.

Lors d’une récente entrevue avec le PDG de Shell, Ben van Beurden, le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’il fallait « expliquer calmement que ce projet n’était dirigé contre personne » et qu’il était « strictement commercial ».

En début de semaine dernière, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine avait avancé le même argument dans le cadre d’un entretien accordé au journal russe Sputnik. « Si la Russie veut se faire entendre en Europe, elle n’utilisera pas pour sûr le robinet de gaz » comme moyen de pression avait-il ainsi indiqué. Ajoutant : « les ventes de l’or bleu c’est du pur commerce ».

Dmitri Rogozine avait également émis des commentaires concernant les tentatives des États-Unis de mettre des bâtons dans les roues de la construction du gazoduc North Stream 2. Selon lui, les tentatives de Washington de pousser les pays de l’UE à renoncer au projet sont semblables «à la démarche de l’ogre qui veut devenir végétarien ». Selon lui, l’UE considère qu’en achetant du gaz russe, elle se met à genoux. Mais il l’affirme, il ne s’agit que « de pur commerce».

Selon lui, craindre que la Russie «coupe d’un coup le gaz» est absurde. «Nous gagnons de l’argent! Nous avons toute une série de moyens pour nous faire entendre et nous faire écouter. Le gaz n’y est pour rien», avait ajouté le vice-Premier ministre.

Lequel réagissait notamment aux déclarations faites à Sputnik par une source diplomatique à Bruxelles, indiquant que Washington exerçait des pressions sur les pays membres de l’UE afin d’empêcher la mise en place du projet Nord Stream 2 en vue d’éliminer un concurrent sur le marché énergétique européen qu’est l’Allemagne.

Reste que malgré la volonté européenne de réduire sa dépendance au gaz russe, les exportations de Gazprom à destination de l’Europe ont atteint un record en 2016. Elles s’affichent également en hausse pour les six premiers mois de l’année 2017. Vendredi dernier, le DG de Gazprom a estimé qu’elles représentaient plus de 33% de la consommation du continent européen.

Sources : AFP, Sputnik

Elisabeth Studer – 2 juillet 2017 – www.leblogfinance.com

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