Où en est Orange Bank trois ans après ?

Trois ans après son lancement, Orange Bank revendique plus d’un million de clients en France, continue à élargir son offre et attire de plus en plus de clients prêts à payer. Mais elle est encore très loin de la rentabilité.

Ce fut un des événements des années 2010 dans le domaine de la banque de détail : début novembre 2017, Orange Bank devenait la première banque, au monde, lancée par un opérateur télécom. Une création, donc, qui avait valeur de test : les consommateurs étaient-ils prêts à confier les clés de leur compte et de leurs moyens de paiement à un acteur dont ce n’est pas la spécialité première ?

Trois ans plus tard, la réponse est plutôt positive. Orange Bank revendique en effet 1,1 million de clients, au rythme de 40 000 supplémentaires par mois en moyenne, et émarge donc dans le club des néobanques millionnaires, avec Boursorama, Nickel, N26 ou encore Revolut. Le chiffre, toutefois, est en trompe-l’œil. Sur ce total, un tiers au moins sont des clients apportés par Orange Courtage, un spécialiste de l’assurance des smartphones récemment racheté à sa maison-mère Orange. Les clients venus pour la banque au quotidien et le crédit ne représentent donc que 65% environ du total, soit environ 715 000 personnes. Dont un certain nombre, d’ailleurs, n’y détiennent qu’un petit crédit pour financer leur smartphone.

Orange Bank a donc encore beaucoup de chemin à parcourir avant de rattraper le leader du marché des banques challengers, Boursorama Banque (plus de 2,5 millions de clients) ou même des néobanques étrangères comme Revolut ou N26. Son objectif reste le même : atteindre les 4 millions de clients en 2023.

Une montée en gamme réussie

La stratégie d’Orange Bank est toutefois assez différente de ces concurrents. La marque, en effet, est en passe de réussir sa « premiumisation », c’est-à-dire sa capacité à convaincre ses clients de monter en gamme et donc de payer pour ses services. Actuellement, 75% des clients Orange Bank, tous métiers confondus, ont souscrit une offre payante, a expliqué Paul de Leusse, le patron de l’enseigne, à l’occasion de la présentation d’une nouvelle offre bancaire destinée aux familles. Parmi eux, des clients assurances et crédits, évidemment, mais aussi certains clients banque – un tiers environ des nouveaux arrivés – qui ont opté pour un compte premium, facturé 7,99 euros par mois.

Jusqu’à 80 euros offerts pour l’ouverture d’un compte Orange Bank

Encore loin de la rentabilité

549 millions d’euros ! C’est le total des pertes accumulées par Orange Bank en 3 ans, selon Les Echos. Impressionnant, mais pas étonnant : lancer une nouvelle marque bancaire, capter des clients, faire les développements informatiques nécessaires pour accompagner la montée en charge et améliorer l’expérience : tout cela coûte très cher : 140 millions d’euros sur les deux dernières années, selon Paul de Leusse. Résultat : Orange va à nouveau devoir renflouer sa filiale bancaire, sans doute en début d’année prochaine.

Orange Bank semble toutefois en train de mettre en place les conditions de sa future rentabilité, attendue pour 2023 ou 2024. Outre sa capacité à fidéliser des clients prêts à payer, elle a réduit d’un tiers en deux ans le coût de gestion d’un compte. Dans le même temps, le coût d’acquisition, c’est-à-dire l’argent dépensé en publicité et en primes pour attirer un nouveau client, est en baisse de 22% en deux ans, a expliqué Paul de Leusse. Selon lui, Orange Bank se situe dans la « fourchette basse des néobanques », plus près des 200 que des 300 euros par client.

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