Pierre Fabre : l’emploi victime de « la forte pression réglementaire exercée sur l’industrie du médicament »

Inquiétant … alors que l’information est très peu reprise dans les médias nationaux, elle n’en demeure pas moins préoccupante, bien au delà de l’impact régional : lors d’un comité central d’entreprise tenu mardi 9 décembre à Castres, les Laboratoires Pierre Fabre ont annoncé un plan de développement baptisé « Trajectoire 2018». Ce plan intègre la réorganisation de la branche pharmaceutique et comprend notamment un plan social concernant les réseaux de visite et promotion médicale d’une part et la recherche d’autre part.

Une annonce qui pourrait sonner le glas de la politique menée jusqu’à son mort par feu Pierre Fabre, décédé il y a peu … La population de Lavaur, Castres et plus largement de Midi-Pyrénées savait qu’elle perdait un grand homme, elle ne savait pas jusqu’à quel point. Car les successeurs du fondateur du groupe Fabre pourraient être nettement plus sensible  aux sirènes de la finance, à moins qu’ils ne soient tout simplement victimes de la politique menée par l’Etat français ces dernières années, situation que Fabre évoque lui-même sur son site, arguant du fait que sa décision soit consécutive en grande partie à « la forte pression réglementaire exercée sur l’industrie du médicament « . Et ce, au grand dam de l’emploi et de joyaux industriels français …

« Trajectoire 2018  confirme le positionnement du Groupe sur son continuum d’activités de « la santé à la beauté » et son ancrage territorial en Midi-Pyrénées » indique désormais le groupe sur son site internet. Objectifs affichés : « le projet vise à rééquilibrer économiquement les deux branches d’activités du groupe et à accélérer le développement à l’international de la branche Dermo-Cosmétique.  Il comprend un important projet de transformation des activités de R&D et de commercialisation de la branche Pharmaceutique. »

Au total, selon la Dépêche du Midi, plus de 550 emplois seront supprimés, dont la moitié pourrait être reclassée. A l’heure actuel, nul licenciement sec n’est annoncé.
Toulouse7.com parle quant à lui de la suppression de près de trois cents postes, laissant toutefois entendre que les syndicats redoutent un plan plus vaste.   Les sites de Toulouse (Canceropole), Castres et Gaillac seraient concernés.

« Confirmant avec force le positionnement stratégique du Groupe sur le continuum d’activités « de la santé à la beauté » qui le différencie depuis l’origine, Trajectoire 2018 prend acte des résultats contrastés de ses deux branches d’activités » précise le groupe sur son site. « Alors que la branche Dermo-Cosmétique qui représente 55% du chiffre d’affaires, évolue dans une dynamique de croissance soutenue et contribue à l’essentiel des résultats du Groupe, la branche Pharmaceutique est aujourd’hui très fragilisée sous le double effet d’une R&D (Recherche et Développement) insuffisamment productive et d’une perte importante d’activité en France consécutive à la forte pression réglementaire exercée sur l’industrie du médicament (déremboursement de médicaments matures, baisses de prix, montée en puissance rapide des génériques, etc.). «

Argument qui a le mérite d’être on ne peut plus clair et qu’il laisse une grande part de responsabilité de la suppression d’emplois à l’Etat lui-même. Eléments qui ne sont que très rarement mis en avant par la presse locale autant que la presse régionale. Pourtant les arguments – à mon avis, fort pertinents – sont servis sur un plateau aux journalistes … lesquels préfèrent très certainement se montrer comme fervents adeptes du politiquement correct.
Fabre, quant à lui, ne fait pas dans la langue de bois : « depuis 2009, le chiffre d’affaires réalisé par la branche Pharmaceutique en France dans le médicament éthique (hors oncologie) a diminué de 100 millions d’euros » précise le site.

Pire encore, les entreprises de recherche et développement du groupe Pierre Fabre seraient d’abord concernés par ces suppressions de poste. Ce qui ne présage rien de bon, car la recherche permet de garantir le chiffre d’affaires de demain, l’innovation étant un levier important pour pouvoir contrer la concurrence. Une opération presque suicidaire en quelque sorte si l’on prend une approche long terme.

«Aujourd’hui, il faut investir tous les ans cinq milliards de dollars pour espérer sortir chaque année un médicament qui soit un succès commercial», soulignait en 2011 l’économiste Jean-Jacques Zambrowski. Ce dernier ajoutant que « les laboratoires moyens sont donc contraints à des choix plus radicaux encore que leurs grands concurrents, entre diversification et concentration sur leur métier de base ».

En juillet 2014, le site internet du groupe Fabre lançait un vibrant hommage à Pierre Fabre, disparu le 20 juillet 2013. Ajoutant que fondateur et président des Laboratoires éponymes « laissait derrière lui un héritage exceptionnel qu’il appartient désormais aux 10 000 collaborateurs du Groupe de faire fructifier dans la continuité de ses valeurs entrepreneuriales, humanistes et citoyennes. » Vaste défi !!!

Quant à moi, je me souviendrais toujours des affiches honorant la mémoire de Pierre Fabre  dans toutes les rues et même églises de Lavaur, lors de son décès en juillet 2013. Une émotion qui transpirait à chaque carrefour et coin de rue dans un immense « Merci, Monsieur » …. 

Sources : DDM, Les Echos, Toulouse7.com, Le Figaro

http://www.leblogfinance.com/2014/12/pierre-fabre-lemploi-victime-de-la-forte-pression-reglementaire-exercee-sur-lindustrie-du-medicament.html

Elisabeth Studer – 9 décembre 2014 – www.leblogfinance.com

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