Portugal : privatisation de la poste

Etonnant comme la presse français relaye peu l’information … et pourtant,  c’est tout de même une dépêche de l’agence France presse  qui nous apprend que le Portugal va privatiser sa poste. La presse française aurait-elle peur d’effrayer les citoyens en préfigurant de ce qui pourrait advenir de la Poste française, si l’on n’y prenait garde ?  Allez savoir ?

Quoi qu’il en soit, le gouvernement portugais a lancé jeudi le processus de privatisation de la poste (CTT). Opération mise en œuvre dans le cadre du plan de sauvetage négocié il y a deux ans avec ses créanciers internationaux.  A l’issue du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Luis Marques Guedes, a ainsi indiqué que le « gouvernement a formellement approuvé la privatisation du groupe CTT ».Ajoutant que cette opération se ferait via le biais de négociations directes « avec un ou plusieurs investisseurs de référence ».

Manuel Rodrigues, secrétaire d’Etat aux Finances a indiqué pour sa part que jusqu’à 100% du capital de la poste pourrait être cédé, garantissant toutefois « une participation de 5% aux salariés du groupe ».

Autre disposition particulière : les s investisseurs qui auront acquis des actions de CTT devront les garder au moins cinq ans, ceci « afin d’assurer la stabilité du groupe » nous dit-on.

Rappelons que le Portugal a d’ores et déjà procédé à plusieurs privatisations depuis l’octroi – sous conditions – d’une aide financière de l’Union européenne et du Fonds monétaire international de 78 milliards d’euros en mai 2011.

Ainsi, en 2012, l’Etat portugais a cédé le gestionnaire d’aéroports ANA au groupe de BTP français Vinci pour 3,08 milliards d’euros, après avoir vendu des participations dans les groupes électriciens EDP et REN à des investisseurs de Chine et d’Oman.

En mai dernier, le gouvernement portugais a annoncé la privatisation d’ici la fin 2013 de la branche assurance de la banque publique Caixa Geral de Depositos (CGD).

La privatisation de l’audiovisuel public et de la compagnie aérienne TAP Portugal ne sont plus quant à elles à l’ordre du jour.
Au final, la vente de ces actifs a pour but de réduire une dette publique qui dépasse tout de même les 127% du PIB.

Au début du mois de juin,si le Fonds monétaire international avait certes congratulé à sa manière le Portugal pour ses efforts réalisés dans la la mise en oeuvre de son plan de sauvetage, il n’en demeurait pas moins inquiet quant à l’état des finances du pays. Considérant que Lisbonne est confrontée à des risques élevés de ne pas atteindre les objectifs qui lui ont été assignés par la troïka.  Cette alerte du FMI intervenait quelques heures à peine après l’approbation du versement d’une nouvelle tranche de 657,47 millions d’euros.

Les risques que le Portugal ne respecte pas « les objectifs de base du programme restent élevés », avait ainsi estimé le FMI dans son rapport sur la septième évaluation des comptes du pays. Une manière d’indiquer au gouvernement portugais que les mesures d’austérité planifiées lui paraissaient insuffisantes, même si le pays semble être sur la « bonne » voie.

Notant « des progrès importants dans la réduction des déséquilibres économiques », le FMI estimait alors toutefois que les perspectives de croissance du pays « demeurent sombres ».

Rappelons que les prévisions officielles du gouvernement portugais tablent sur un recul de la croissance de 2,3% en 2013, un taux de chômage avoisinant 18,2% étant parallèlement attendu.

Autre élément défavorable aux yeux du FMI : la baisse des exportations enregistrée depuis quelques temps, et ce, alors même que ces dernières constituent selon lui « le principal moteur de l’économie portugaise ». Une situation certes due en grande partie à la faiblesse de la demande des autres pays de la zone euro et non à des problèmes structurels nationaux mais qui n’en demeure pas moins préoccupante.
Précisons par ailleurs qu’en avril dernier, la Cour constitutionnelle a rejeté plusieurs mesures d’austérité, considérant que ces dernières étaient dotées d’éléments discriminatoires. « Obligeant » ainsi le gouvernement portugais à proposer de nouvelles solutions en vue de satisfaire aux objectifs qui lui ont été assignés. Les propos du FMI accentuant ainsi la pression qui pèse sur Lisbonne pour mettre en oeuvre au plus tôt des mesures d’austérité lui permettant de respecter ses engagements.

Le nouveau plan de rigueur validé par le Parlement prévoit désormais une réduction des budgets de fonctionnement de tous les ministères, un allongement des horaires de travail des fonctionnaires de 35 à 40 heures par semaine, ainsi qu’une hausse de leurs contributions sociales.
Parallèlement, le gouvernement portugais entend supprimer près de 30.000 postes de fonctionnaires sur les 700.000 actuellement mis en place.

Sources : AFP, Reuters

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 25 juillet 2013


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