Pourquoi le limogeage de Delphine Batho n’est pas une surprise

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Delphine Batho n’a pas eu droit à une seconde chance. Quand d’autres, comme Arnaud Montebourg, multiplient les incartades, la ministre de l’Ecologie, est priée, dès sa première faute, de rendre son tablier. C’est la loi de la politique. Alors, que le ministre du Redressement Productif peut s’appuyer sur ses 17% réalisés à la primaire socialiste et sur un réseau bien structuré, l’ex-proche de Ségolène Royal ne peut se prévaloir d’aucun soutien. Isolée au sein du gouvernement, elle l’était aussi à l’extérieur. Sa méthode concernant le débat sur la transition énergétique avec ses interminables colloques était vivement critiquée. Notamment des patrons du CAC 40 qui lui reprochaient ses postures anti-nucléaires, et la considéraient davantage comme une militante écologiste que socialiste.

Le mois dernier, lors d’un voyage aux Etats-Unis, le président du directoire de Vallourec, Philippe Crouzet, avait dit devant l’état-major américain de son groupe, qu’elle était “un vrai désastre”. Philippe Crouzet, qui est aussi l’époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande, avait ajouté que le problème Batho était en passé d’être réglé, car son influence au gouvernement allait désormais décroître. Un propos prémonitoire qui montre que cela faisait belle lurette que la ministre de l’Ecologie n’était plus en odeur de sainteté auprès des proches du président.

Le soutien des écologistes

Les seuls soutiens de Delphine Batho auront finalement été les écologistes. Le sénateur EELV, Ronan Dantec, nous disait la semaine dernière lors du colloque Enerpresse sur l’énergie, que grâce aux débats sur la transition énergétique, “l’idée du tout nucléaire est désormais révolue”. A ce même colloque, l’économiste Laurence Tubiana qui pilote le débat sur la transition énergétique, louait les vertus de ces rencontres aux quatre coins de la France entre syndicalistes et patrons, entre ceux qui croient au nucléaire et ceux qui n’y croient pas. “Une méthode de débat nouvelle chez nous qui ressemble plus à celle des démocraties du nord de l’Europe”, avait dit Laurence Tubiana.

A l’opposé de cette méthode, EDF avance ses pions, et constat très paradoxal, le jour où Delphine Batho est limogée, l’entreprise dirigée par Henri Proglio reçoit son 1er feu vert pour la prolongation de la durée à 60 ans de ses centrales nucléaires !


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