Production conjointe US Mitsubishi/Nissan face aux taxes de Trump ?

Production conjointe US Mitsubishi/Nissan face aux taxes de Trump ?

La menace concernant la hausse des taxes douanières US ne pourrait pas arriver à un pire moment pour Mitsubishi, alors que le constructeur se remet des sérieuses difficultés rencontrées en 2016, et qu’il vient de débuter une reprise tant attendue aux États-Unis.

Mais face à la tempête commerciale qui pourrait souffler, le directeur opérationnel du constructeur, Trevor Mann, l’affirme : Mitsubishi demeure bien placé. Estimant même qu’à court terme, de telles menaces ne représenteraient qu’un nid de poule sur la route pour la société. Car elle disposerait selon lui de sérieux atouts commerciaux.  Sans compter sur une production conjointe avec Nissan pour contourner le problème ? 

Les Etats-Unis : un rôle clé dans les plans de Mitsubishi

Reste que la croissance du marché américain joue un rôle clé dans les projets de Mitsubishi. Et ce, même si la société a fermé en 2016 sa seule usine automobile implantée sur le territoire US. Une situation qui rend le constructeur plus que jamais exposé à la concurrence tarifaire, en tant que véritable importateur désormais.

Mitsubishi s’estime fort de plusieurs atouts

Mais malgré un tel contexte qui pourrait voir l’émergence d’une taxe supplémentaire de 25 % sur les importations des Etats-Unis, Mitsubishi demeure optimiste et même confiant.

Car, selon Trevor Mann, le constructeur dispose de plusieurs atouts. Avec en tout premier lieu, une nouvelle vague de produits et modèles prévus aux environs 2020.

Les améliorations incluront la prochaine génération du SUV Outlander, modèle phare de Mistubishi ainsi que d’autres véhicules intégrant des plates-formes et des moteurs des partenaires de l’alliance de Mitsubishi, Renault et Nissan. Selon Trevor Mann, les remaniements opérés devraient stimuler l’attractivité de la marque et aider à protéger les ventes de l’impact négatif d’une éventuelle hausse des tarifs douaniers.

Impact tarifaire atténué … à court terme

Au final, pour Mitsubishi, sa faible présence sur le marché US serait presque une chance … Le constructeur estime ainsi qu’à court terme – jusqu’en 2020 – de nouvelles hausses tarifaires ne devraient avoir que des conséquences atténuées, puisque les États-Unis ne représentent que 10% des ventes mondiales de Mitsubishi, et encore moins en ce qui concerne les bénéfices.

“Cela ne va pas être un désastre pour nous”, a ainsi affirmé le Directeur opérationnel à propos des tarifs douaniers. Il estime même que l’impact sur Mitsubishi devrait être moindre que pour beaucoup d’autres marques. Pour lui, il ne s’agit que “d’un nid de poule sur la route qu’il va devoir réparer.”

Mais Mitsubishi a privilégié l’Amérique du Nord en tant que marché «ciblé» dans son business plan à moyen terme. Le constructeur espère ainsi augmenter ses ventes en Amérique du Nord de 23% à 190 000 véhicules au cours de l’exercice 2019-2020 (clos le 31 mars 2020). Un objectif supérieur à l’objectif global de croissance de 18%, à 1,3 million d’unités vendues.

Une production aux Etats-Unis envisageable après 2020

Autre facteur d’optimisme : Mitsubishi pourrait également commencer à réfléchir à localiser une partie de sa production aux Etats-Unis après 2020. Une fabrication locale devrait ainsi permettre à la marque de se prémunir des dommages tarifaires à long terme.

Mitsubishi a besoin d’un volume annuel de 70 000 à 80 000 unités assemblées à partir d’une même plate-forme pour justifier une production aux Etats-Unis, selon Trevor Mann. Il estime même qu’un véhicule tel que l’Outlander, l’un des best-sellers de Mitsubishi dans le monde entier, pourrait nécessiter un seuil moindre, surtout s’il partage des fondements avec Nissan.

Le dirigeant a par ailleurs indiqué que Mitsubishi réexaminerait la production localisée sur le territoire américain indépendamment des tarifs. Le constructeur rappelant que son retour en force aux Etats-Unis avait été initié bien avant les menaces  proférées par Donald Trump.

Si Mitsubishi devait reprendre l’assemblage de véhicules aux USA, il serait toutefois probable que le constructeur soit associée à Nissan. L’agrandissement d’un site de montage de Nissan pourrait être envisagé. “Il serait probablement improbable que nous construisions notre propre usine”, a en effet déclaré Trevor Mann.

La Corée du Sud : une alternative pour la production ?

Selon le Directeur opérationnel, d’autres solutions sont également possibles, telles que l’utilisation d’un site de production Renault-Samsung en Corée du Sud. Le pays a en effet conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis. Non remis en cause pour le moment, précise  Trevor Mann.

Sources : Automotive News, Mitsubishi

Elisabeth Studer, le 24 août 2018 – www.leblogfinance.com


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