Rachat de TNK-BP par Rosneft : Bruxelles donne son aval

Evènement qui ne fait certes pas la une des journaux mais qui pourrait avoir d’importantes conséquences sur l’échiquier énergétique actuel : la Commission européenne a autorisé vendredi l’acquisition de TNK-BP – le troisième groupe pétrolier russe – par Rosneft, le géant russe du pétrole.

A l’heure actuelle, la société TNK-BP, créée en 2003, est détenue à 50% par BP et à 50% par le consortium russe d’oligarques AAR Alfa Access Renova (formé par Alfa-group de Mikhaïl Fridman et de Guerman Khan, Access Industries de Leonard Blavatnik et Renova de Viktor Vekselberg).
Un conflit d’actionnaires minait TNK-BP depuis la signature en janvier 2011 d’une alliance entre BP et Rosneft en vue d’explorer l’Arctique, laquelle a finalement échoué en raison de l’opposition d’AAR.

« La Commission a analysé soigneusement les effets du projet de transaction. En ce qui concerne les entreprises d’Etat, la Commission a également pris en compte si Rosneft agit indépendamment de l’État russe ou s’il y a une potentielle coordination des comportements de différentes entreprises appartenant à l’Etat russe dans ce secteur », est-il précisé dans le communiqué.

Selon les conclusions de l’enquête de la Commission, le projet d’acquisition ne soulève pas de problème de concurrence dans la mesure où l’entité résultant de la concentration devra faire face à un certain nombre de concurrents forts.
La Commission indique ainsi avoir conclu que la transaction « n’aurait pas pour conséquence une entrave significative à une concurrence effective dans l’Espace Economique Européen (EEE) ou dans une partie substantielle de celui-ci ».

Une décision qui intervient alors que l’opération avait été annoncée en octobre dernier, valorisant alors TNK-BP, numéro trois du pétrole en Russie, à 55 milliards de dollars.

En novembre dernier, le groupe pétrolier britannique BP a annoncé avoir signé un accord définitif sur la vente de sa participation de 50% dans le groupe TNK-BP à Rosneftegaz, l’actionnaire principal de la société publique Rosneft, pour 17,1 milliards de dollars et 12,84% des actions de Rosneft.
Grâce à l’actionnaire stratégique que représente BP, Rosneft acquiert ainsi une stature internationale, alors même qu’il envisage d’acquérir des gisements en Afrique et en Amérique Latine.

Au final, Rosneft, détenu à 75 % par l’Etat russe, devient désormais le plus grand producteur de brut mondial coté en Bourse, devant l’américain ExxonMobil (2,3 mln b/j) ou le chinois Petrochina (2,4 mln b/j).

Sa production qui s’élève à plus de 4 millions de barils par jour, représente environ 40 % de la production quotidienne de la Russie. Désormais, il détiendra près de la moitié des volumes de pétrole brut produits sur le territoire russe.
Tout en gagnant – intérêt loin d’être négligeable – un accès au savoir-faire de BP en matière d’exploration et d’exploitation offshore.

Certains analystes estiment quant à eux que l’opération renforce l’emprise du Kremlin sur le secteur énergétique russe, et ce, d’autant plus que le président russe, Dimitri Medvedev, s’est personnellement impliqué dans les négociations.

Sources : AFP, Reuters, Ria Novosti, Le Monde, La Tribune

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 10 mars 2013


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