Visite du Medef en Iran : les USA se rebiffent

Les Etats-Unis accepteraient-ils mal l’idée que la France puisse à nouveau signer de juteux contrats en Iran … au plus grand dam des firmes américaines ? Et notamment automobiles ?
Qui sait …

En tout état de cause, le secrétaire d’État américain, John Kerry a tenu à appeler directement mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius pour lui signifier ouvertement son désaccord, suite au déplacement sur le sol iranien de plus d’une centaine de patrons d’entreprises du CAC40, effectué à l’initiative du Medef. Alstom, GDF Suez et Total y figurant en bonne place. John Kerry estime en effet que cette visite de trois jours est « malvenue ».

Téhéran « ne peut être considéré comme un marché ouvert, parce que l’allégement des sanctions est tout à fait provisoire, tout à fait limité et tout à fait ciblé », a indiqué pour sa part , mercredi, Wendy Sherman, la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques.

L’argument – officiel – est clair : un tel empressement de la France à se rendre en Iran laisserait sous entendre que Téhéran a bel et bien redoré son blason sur le plan international. Et qu’il est donc désormais politiquement correct de commercer avec le régime iranien.

« Nous avons respecté la convention de Genève, signée en novembre dernier. Il y a d’autres délégations de pays européens qui se sont rendus en Iran », avait souligné préalablement Pierre Gattaz, le patron des patrons.

Mais l’accès au marché iranien pourrait être le véritable enjeu. Rappelons en effet que depuis le 20 janvier dernier, une partie des sanctions internationales qui pesaient jusqu’à lors sur l’Iran ont été temporairement levées. Les allègements concernent les secteurs de l’or et des métaux précieux, les produits pétrochimiques (en dehors du pétrole, du gaz et des carburants), l’industrie aéronautique et l’automobile.

Histoire de relativiser l’importance de la visite, le Quai d’Orsay avait toutefois tenu à préciser que la visite du Medef à Téhéran avait lieu « à titre exploratoire », mais l’argument a semble-t-il été considéré quelque peu léger aux yeux des Etats-Unis.

D’autant plus que le patronat français a frappé au cœur même des ambitions US les plus tenaces, la délégation de chefs d’entreprise à Téhéran étant conduite par Thierry Courtaigne, vice-président, directeur général de Medef international mais également Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français d’automobiles.

Et ce, alors même que GM tente par tout les moyens – ou presque – de bouter Renault et PSA hors d’Iran. Physiquement et commercialement parlant. En juillet 2013, le lobby United Against Nuclear Iran a ainsi à adresser à Renault, une sommation de se retirer d’Iran sous peine de sanctions américaines.

A noter également qu’en octobre dernier, un industriel français, avait indiqué pour sa part au Figaro, que « la plupart des secteurs de l’économie américaine, y compris des sociétés cotées au Nasdaq » avaient «envoyé ces derniers mois des émissaires en Iran».

Le journal ajoutant alors que la filière automobile iranienne était particulièrement courtisée par General Motors. Les « émissaires » de la firme US allant bien au delà du « simple repérage du marché», leurs missions étant beaucoup plus proches d’une « ébauche du contrat de reprise des activités de GM» selon les termes mêmes de l’industriel, bien au fait du dossier.

Sources : France 24, AFP, Le Figaro, La Tribune

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 05 février 2014

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