Wall Street recule après l’annonce de la Fed

Les futures sur le Dow évoluaient entre 15 290 et 15 340 points pendant toute la nuit et toute la matinée et ce jusqu’à l’ouverture du marché américain. Les indices, eux, fluctuaient dans un trading range encore plus serré dès le début de cotation et ce jusqu’à la publication du communiqué du FOMC. Au moment de sa publication, les indices ont fortement chuté. Lors de la conférence de presse du Président de la Fed ils continuaient leur plongeon. Pendant la dernière heure de cotation les indices ont essayé de rebondir, mais les trente dernières minutes de la séance se sont avérées baissières. Au final, le Dow Jones a terminé en baisse de 206,04 points ou 1,35% à 15 112,19 points. Les plus grands perdants ont été Verizon (-2,91%), AT&T (-2,54%) et United Technologies (-2,91%). Il n’y avait aucune hausse au sein de l’indice. 

Le S&P500 a reculé de 22,88 points ou 1,39% à 1 628,93 points. Le Nasdaq s’est replié de 38,98 points ou 1,12% à 3 443,20 points. Le Russell 2 000 a abandonné 1,19%.

Ce mercredi les indices ont fortement reculé au moment de la publication du communiqué du FOMC. Pourtant, le message des membres du comité de la politique monétaire a été positif pour les marchés : la Réserve Fédérale poursuivra les rachats d’actifs au même rythme qu’auparavant ($ 85 milliards par mois). Par ailleurs, les membres du FOMC ont souligné que les risques baissiers à l’économie américaine ont diminué et ils ont donc revu à la baisse leurs prévisions du taux de chômage en 2013 et 2014. Lors de sa conférence de presse, le Président de la Fed, Ben Bernanke a déclaré que le marché immobilier soutient la croissance économique aux Etats-Unis. La hausse des taux hypothécaires récemment est due selon lui à l’optimisme accrue des agents économiques et aux prix immobiliers croissants. Ben Bernanke a remarqué que la Fed reste préoccupée par un taux d’inflation aussi peu élevée, mais il juge que ceci est essentiellement du aux facteurs transitoires, tels que la baisse des prix médicaux. Concernant la stratégie de sortie de la Réserve Fédérale, Bernanke a déclaré que le FOMC ne vendra pas les actifs adossés aux créances hypothécaires lors du processus de la normalisation de la politique monétaire. La vente de ces actifs aura lieu au fur et à mesure après la normalisation. Les membres du FOMC trouvent qu’à plus long terme le FOMC ne devra pas détenir les MBS, mais les bons du Trésor. Finalement, quant au timing du ralentissement de QE, Ben Bernanke a déclaré que le FOMC pourrait terminer ce programme dès la fin de l’année en fonction des conditions économiques. Si les prévisions des membres du FOMC sont correctes, le QE se terminera mi-2014 lorsque le taux de chômage descend à 7%.

Malgré tout, les indices ont fortement reculé ce mercredi. Tous les secteurs ont terminé dans le rouge, menés par les secteurs défensifs, tels que les télécoms et celui des services aux collectivités. Les obligations d’état américain, considérées comme les valeurs refuges, ont également cédé du terrain. Les matières premières ont terminé dans le territoire négatif, à l’instar du pétrole WTI, or, argent, platine, palladium et cuivre. Le dollar s’est étrangement renforcé par rapport à l’euro alors même que la Fed a affirmé qu’elle poursuivra sa politique monétaire ultra-accommodante et notamment le programme de rachat d’actifs.

Il semble qu’un vieux adage boursier «Achetez la rumeur, vendez la nouvelle» s’applique également aux annonces de la Fed. En effet, lundi et mardi les indices ont bien progressé. A l’annonce de la nouvelle encourageante, ils ont, en revanche, chuté.

Extraits du communique du FOMC

L’information reçue depuis la dernière réunion de Federal Open Market Commitee en mai suggère que l’activité économique continue à progresser au rythme modéré. Les conditions sur le marché du travail ont montré l’amélioration continue depuis quelques mois, mais le taux de chômage reste élevé. Les dépenses de ménages et les investissement d’entreprises ont avancé et le secteur immobilier s’est davantage renforcé, mais la politique budgétaire freine la croissance économique. Le taux d’inflation se situe au-dessous de l’objectif à long terme du FOMC, mais les anticipations d’inflation à long terme sont restées stables.

Le Comité anticipe qu’avec un degré approprié d’assouplissement la croissance économique continuera au rythme modéré et que le taux de chômage reculera graduellement. Le comité trouve que les risques baissiers à l’économie américaine et au marché du travail ont diminué depuis l’automne.

Le Comité a décidé de continuer les rachats d’actifs adossés aux créances hypothécaires au rythme de $ 40 milliards par mois et de bons du Trésor à plus long terme au rythme de $ 45 milliards par mois.

Le Comité poursuivra le rachat d’actifs tant que les perspectives du marché du travail ne s’améliorent d’une manière substantielle dans le contexte de la stabilité de prix. Le Comité est prêt à augmenter ou à baisser le rythme de rachats d’actifs pour maintenir la politique monétaire accommodante appropriée si les perspectives du marché du travail ou du taux d’inflation changent. En déterminant la taille, le rythme et la composition de ses rachats, le Comité prendra en compte l’efficacité probable et les coûts de ses rachats.

Le Comité a décidé de laisser inchangé l’objectif de fed funds à 0% – 0,25% et anticipe actuellement que le niveau exceptionnellement bas du taux de fed funds sera approprié tant que le taux de chômage se situe au-dessous de 6,5%. 

10 membres du FOMC se sont prononcés pour cette politique monétaire. James Bullard s’est prononcé contre cette décision du FOMC, trouvant que le Comité doit signaler plus fortement sa volonté de défendre l’objectif du taux d’inflation à la lumière de l’inflation basse actuellement. Esther L. George s’est également prononcée contre car elle est inquiète que la politique monétaire hautement accommodante augmentera les risques de futures déséquilibres économiques et financiers et qu’au fil du temps elle pourra entraîner une hausse des anticipations d’inflation à long terme.

Les prévisions des membres du FOMC

Les membres du FOMC ont revu à la baisse leurs prévisions du taux de croissance du PIB américain pour 2013, anticipant désormais qu’il se situera entre 2,3% et 2,6% contre la fourchette annoncée en mars de 2,3% – 2,8%. Pour 2014 ils anticipent que le taux de croissance sera compris entre 3% et 3,5% contre l’estimation antérieure allant de 2,9% à 3,4%.

En ce qui concerne les prévisions du taux de chômage, elles ont été revues à la baisse pour cette année. Désormais les membres du FOMC s’attendent au taux de chômage compris entre 7,2% et 7,3% contre la fourchette annoncée en mars de 7,3% – 7,5%. Pour 2014 ils estiment que le taux de chômage se situera entre 6,5% et 6,8% contre l’anticipation antérieure allant de 6,7% à 7%. Pour 2015 ils tablent sur le taux de chômage compris entre 5,8% et 6,2% contre la prévision précédente de 6% – 6,5%.

Quant au taux d’inflation, il est prévu dans la fourchette de 0,8% à 1,2% cette année contre l’anticipation antérieure de 1,3% – 1,7%. Pour 2014 les membres du FOMC estiment qu’il sera compris entre 1,4% et 2% contre la prévision de 1,5% – 2% annoncée en mars.

Les statistiques du jour

Les stocks de pétrole brut ont progressé la semaine dernière aux États-Unis, selon le département américain de l’Énergie. Les réserves de brut ont augmenté de 300 000 barils, à 394,1 millions de barils lors de la semaine achevée le 14 juin alors que les analystes anticipaient une baisse de 400 000 barils. Les réserves d’essence ont augmenté de 200 000 barils, à 221,7 millions de barils tandis que les analystes misaient sur une hausse de 1 million de barils. Les raffineries américaines ont fonctionné à 89,3% de leurs capacités contre 87,5% la semaine précédente.

L’indice de la Mortgage Bankers Association a reculé de 3,3% lors de la semaine achevée le 14 juin. Le sous-indice de refinancement a décliné de 3,4%. Le taux fixe hypothécaire à trente ans a été en moyenne de 4,17%, en hausse de 0,02% par rapport à la semaine précédente.

L’actualité des entreprises

Adobe Systems s’est envolé de 5,58% ce mercredi suite à l’annonce de ses résultats trimestriels. Le bénéfice par action hors éléments exceptionnels de l’éditeur des logiciels est ressorti à $ 0,36 contre le consensus de $ 0,33. Son BPA net a été de $ 0,15 après $ 0,45 il y a un an. Son chiffre d’affaires a reculé de 10% en glissement annuel à $ 1 milliard, en ligne avec les attentes.

Sprint Nextel s’est replié de 4,37% aujourd’hui. Dish Network (+0,46%) a déclaré qu’il n’allait pas faire une nouvelle proposition de prix pour acquérir le spécialiste des télécoms, se focalisant sur l’OPA sur Clearwire (+3,07%). C’est une bonne nouvelle pour le groupe japonais SoftBank qui propose $ 21,6 milliards pour acheter Sprint.

FedEx a progressé de 1,07% ce mercredi suite à la publication de ses résultats trimestriels. Le bénéfice par action du géant des livraisons s’est établi à $ 2,13 contre les attentes de $ 1,96 après $ 1,99 il y a un an. Son chiffre d’affaires a atteint $ 11,4 milliards, proche des prévisions des analystes de $ 11,44 milliards. Pour l’exercice 2014, FedEx anticipe que la croissance du BPA ajusté sera comprise entre 7% et 13%.

Boeing (-1,76%) a terminé dans le rouge aujourd’hui. Pourtant, le géant aéronautique a enregistré une commande de CIT Group pour 30 appareils 737 MAX. Cette commande est évaluée à $ 3 milliards aux prix de catalogue. Par ailleurs, Ryanair a finalisé la commande de 175 appareils 737-800 de nouvelle génération, évaluée à $ 15,6 milliards aux prix de catalogue.

Dell a cédé 0,52% ce mercredi. L’investisseur activiste Carl Icahn a promis aux actionnaires du groupe texan de racheter jusqu’à $ 16 milliards en actions s’ils se joignent à son effort d’arrêter Michael Dell et Silver Lake Partners de retirer le groupe de la cote.

Demain

14h30 : Inscriptions hebdomadaires au chômage

16h : Indice «Philly» de la Fed de Philadelphie

16h : Ventes de logements existants

16h : Indice des indicateurs avancés


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