Adidas ne dopera plus l’agence anti-dopage allemande

Dégât collatéral du scandale du dopage en Russie ? Débat sur le financement des agences anti-dopages ? Coupes sombres dans les budgets ? Adidas, célèbre équipementier sportif ne va pas renouveler son contrat avec l’agence allemande antidopage (NADA), qui se termine à la fin de l’année. Ce dernier représentait un financement annuel de 300.000 euros.

« Nous avons déjà informé au printemps l’agence nationale antidopage que nous ne renouvellerions pas notre soutien financier au-delà de notre contrat actuel, qui court jusqu’à la fin 2016″, a ainsi déclaré mardi Oliver Brüggen, porte-parole d’Adidas, à l’agence sportive SID. « Nous aimerions rester liés à la NADA et nous sommes donc actuellement en négociations avec eux pour trouver d’autres formes de coopération », a-t-il toutefois ajouté, sans évoquer la raison du non-renouvellement du contrat.

« Adidas restera bien sûr engagé dans la lutte contre le dopage », a assuré le porte-parole de l’équipementier. « Dans tous nos contrats avec nos athlètes, il est très clairement indiqué que la relation contractuelle prend immédiatement fin en cas de dopage avéré. »

S’exprimant en retour de cette annonce, auprès du quotidien allemand Bild, le directeur général de la NADA, Lars Mortsiefer a affiché sa grande déception de perdre, « selon toute probabilité », l’un de ses principaux partenaires et son seul sponsor issu de l’industrie allemande.

Ce retrait a également suscité de vives critiques outre Rhin. « De toute évidence, le monde du sport et celui des affaires sont d’avis que le financement de la NADA doit être assuré par l’État », a ainsi déclaré Dagmar Freitag, président de la commission des Sports du parlement.

« Le monde des affaires n’est pas convaincu par le concept de contrôle antidopage », a affirmé pour sa part Sylvia Schenk, ex-présidente de la Fédération allemande de cyclisme, actuellement à la tête du groupe de travail sur les sports chez Transparency International. Selon elle, « les événements de cet été ont montré que les systèmes de dépistage ne marchent pas », se référant au scandale du dopage d’Etat en Russie. Rappelons qu’à la suite de ces évenments, la Fédération russe d’athlétisme a été suspendue tandis qu’une vaste tentative de refonte de l’antidopage russe a été menée.

Début janvier, déjà, Adidas avait annoncé qu’il allait mettre un terme à son partenariat avec la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), éclaboussée par les scandales de dopage et de corruption, et ce, quatre ans avant le terme du contrat. Selon la BBC, le géant allemand aurait averti la fédération internationale qu’il songeait à mettre un terme à son contrat, après la publication d’un rapport de l’Agence mondiale antidopage (AMA) en novembre 2015, détaillant «une culture profondément enracinée de la tricherie» dans l’athlétisme russe. Dans le second volet du rapport publié début janvier, le président de la commission d’enquête indépendante de l’AMA Dick Pound avait dénoncé une corruption faisant «partie intégrante de l’IAAF», dont les dirigeants «ne pouvaient ignorer l’ampleur du dopage».

L’accord de sponsoring, d’une durée de 11 ans et d’un montant de 33 millions de dollars (environ 31 millions d’euros), a été signé en 2008 et devait courir jusqu’en 2019. Mais selon des informations obtenues par la BBC, le montant de ce partenariat était bien plus élevé, atteignant pour la seule année 2015 une somme proche de 8 millions de dollars (environ 7,4 millions d’euros). Se basant sur ces éléments, le média britannique estime ainsi que les pertes pour l’IAAF seront de 30 millions de dollars (environ 27,8 millions d’euros) pour les quatre prochaines années.

Sources : AFP, Bild, SID

Elisabeth Studer – 25 octobre 2016 – www.leblogfinance.com

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