Airbus n’abandonne pas l’A380 … pour l’instant, selon Tom Enders

Propos inquiétants à lire entre les lignes que ceux de Tom Enders, patron d’Airbus, concernant l’avenir de l’A380. S’affichant de prime abord optimiste sur ce sujet, il a toutefois déclaré que le groupe aéronautique n’avait pas vocation à construire des appareils qui ne se vendent pas. Pour un peu, cela glacerait le dos de nombre de Toulousains, malgré la chaleur quasi-estivale qui prévaut depuis quelques jours dans la Ville Rose, siège mondial de l’avionneur.

« À ce jour, je suis toujours optimiste sur le fait que nous allons trouver de nouveaux clients » pour l’A380, a-t-il ainsi déclaré dans un entretien accordé à l’AFP en marge de l’assemblée générale des actionnaires d’Airbus à Amsterdam. Ajoutant : « je peux seulement vous dire que nous n’avons pas abandonné » l’A380. Rien de bien rassurant…

Surtout quand il laisse entendre que dans le cas où le carnet de commandes se réduirait comme une peau de chagrin, tel ne serait plus le cas, le but du groupe étant bien évidemment de construire des avions « pour des gens qui en veulent, des compagnies aériennes qui en veulent« . « Nous ne sommes pas dans un business où l’on dessine ou construit des avions dont personne ne veut » pour « les parquer sur le tarmac de Toulouse ou ailleurs » a-t-il martelé.

Tentant de rassurer, Tom Enders a toutefois indiqué qu’on n’en était pas là …. mais il n’y a pas de fumée sans feu, et si la question se pose c’est que le risque est bel et bien réel.

Le patron d’Airbus a tenu à rappeler que son groupe tentait de trouver des solutions pour rendre l’A380 plus attractif auprès des compagnies aériennes. Parmi les scenarii possibles, l’ajout de 80 sièges supplémentaires permettant de passer de 490 places en moyenne aujourd’hui à 580.

Airbus a également créé une application pour permettre aux passagers de privilégier un vol en A380 parmi les compagnies desservant une même destination, service qui a « beaucoup de succès », selon Tom Enders … mais qui ne devrait pas révolutionner le secteur.

Cette déclaration intervient alors que depuis son lancement en 2007, 319 exemplaires de l’A380 ont été commandés par 18 compagnies distinctes, Airbus disposant de 126 unités dans son carnet de commandes.
Emirates, compagnie aérienne de taille médiocre à l’époque de la préparation du projet dans les années 90 aura grandement permis de sauver la mise en achetant 142 exemplaires. En dehors des appareils commandés par la compagnie du Golfe, seuls 75 A380 environ ont été commandés en 12 ans, dont une partie a été vendu à prix bradés, en guise de compensation après le dérapage du programme survenu à partir de 2006.

Si l’avionneur tablait initialement sur 1.200 commandes pour les 20 ans à venir, l’appareil n’a pas réussi à s’affirmer au niveau commercial. En juillet 2016, le constructeur a annoncé une réduction de la cadence de production de l’appareil. Ce dernier sera produit à un exemplaire par mois à partir de 2018, contre 2,5 à l’heure actuelle et 27 au total en 2015. Une manière de se donner du temps avant de trancher sur son avenir selon de nombreux analystes. Certains experts estimaient même alors que cette nouvelle cadence qui aura pour effet d’accroître les coûts de production est synonyme d’un arrêt du programme.

Compte-tenu du carnet de commande et de la diminution des cadences, Airbus a donc désormais devant lui entre 8 et 10 ans de production. En l’absence d’une telle décision et sans nouvelle commande, la production aurait pris fin dans un délai de quatre ans environ.

Sources : AFP, La Tribune , Airbus

Elisabeth Studer – 16 avril 2017 – www.leblogfinance.com

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